Après avoir lu de nombreuses critiques dithyrambiques dans la presse spécialisée et parmi les joueurs, j’ai abordé Clair Obscur : Expédition 33 avec de très hautes attentes. J’ai terminé l’histoire principale en un peu plus de 25 heures, et mon avis final est contrasté : le jeu possède de grandes qualités, mais qui méritent presque toutes d’être nuancée.
L’histoire principale est un de ces plus grands atouts, et démarre d'ailleurs très fort : l’introduction est brillante, elle pose rapidement les enjeux et nous implique émotionnellement. Les deux premiers actes m'ont beaucoup fait pensé à La Horde du Contrevent, que je relisais en parallèle. La révélation sur l’univers est très intéressante, mais elle arrive un peu tard, à peine le temps de le digérer qu'on se retrouve devant le boss final. A ce propos, l’acte 3 m’a paru raté : on est poussé à foncer vers le dénouement, le reste n’est constitué que de contenu annexe trop difficile pour notre niveau. C'est frustrant car c'est le moment où on débloque le plafond des dégâts, et il ne sera exploitable que dans des quêtes secondaires moins intéressantes que la trame principale. D'ailleurs en parlant du contenu annexe, la carte du monde est un gros point noir : aucune indication claire sur les zones et pas d’aide pour savoir quel lieu correspond à notre niveau, ce qui complique inutilement l’exploration.
Le système de combat est sans doute une des plus belles réussites du jeu. Dynamique, nerveux et exigeant, il renouvelle le genre du RPG tour par tour en nous gardant constamment actifs. Les affrontements contre les boss sont particulièrement réussis, stratégiques et spectaculaires. Dommage que les combats contre les ennemis classiques soient trop répétitifs : on se contente souvent de spammer les mêmes techniques pour farmer de l’expérience, un peu comme dans un Pokémon.
Visuellement, le jeu est superbe. La direction artistique est forte et offre de vrais moments de grâce (le niveau des masques, la sirène…). Pourtant, certains décors restent un peu fades, et on a parfois le sentiment de traverser de longs couloirs vides parsemés de quelques monstres.
Le système de progression et de personnalisation est riche, mais trop fouillis. Entre les pictos, les luminars et les compétences à débloquer, on passe son temps dans les menus à réorganiser son équipe après chaque item ramassé. Les pictos se multiplient et rendent la gestion fastidieuse. Ce système, pensé pour être profond, manque en réalité de lisibilité.
S'il y a bien un point fort à retenir, ce serait pour moi la bande-son qui est est un véritable chef-d’œuvre. La musique mélancolique et symphonique sublime l’ambiance, et les thèmes de combat donnent aux affrontements contre les boss une intensité incroyable et rendent certaines batailles inoubliables. Certains pistes sont restés dans ma tête longtemps après mes sessions de jeu.
Au final, Clair Obscur : Expédition 33 est une expérience marquante, imparfaite mais impressionnante. Je pense que le jeu a sans doute été surnoté, probablement parce qu’il vient d’un studio indépendant dont personne n’attendait un tel niveau de livraison, et parce que son univers fantasy à la française doit bien séduire à l'étranger. Je partage d'ailleurs ce postulat, le jeu mérite d’être salué pour son ambition et l'originalité de l'expérience, ce qui m'incite à relever ma note d'un point par rapport à mon ressenti pur durant le jeu.