Cloudpunk
6.5
Cloudpunk

Jeu de Ion Lands (2020PlayStation 4)

Vous rêviez de jouer un chauffeur de camionnette dans un univers cyberpunk ? Non ? C’est bien dommage car pour vous nos petits amis de Ion Lands nous ont concocté un jeu au style unique que l’on pourrait qualifier de croisement entre Minecraft pour sa plastique, Death Stranding pour les livraisons et X œuvre issue du cyberpunk pour son monde pluvieux baigné dans les néons.


Pour Cloudpunk Ion Lands n’a pas promis monts et merveilles, des promesses que les développeurs ne pourraient pas tenir, mais bien un simple projet indépendant qui vise à simplement vivre la vie d’un chauffeur de taxi/livreur dans un monde dystopique.
Certains d’entre nous ont un jour rêvé de parcourir au commande d’un taxi volant une mégalopole futuriste emplis de milliers de voitures, grattes ciels, échoppes et autres usines, Ion Lands y répond presque avec la manière malheureusement si le succès a été éraflé du doigt, il manque une petite touche de réussite pour réellement parler d’œuvre indispensable. Indispensable peut-être pas, à recommander pour les amateurs du genre, sûrement.


Tout d’abord, Cloudpunk se présente visuellement sous la forme d’un Minecraft futuriste, composant avec des modélisations très cubiques et un éclairage moderne. Cet aspect relativement “simpliste” pourra peut-être en repousser certains, surtout à la vue de la modélisation des personnages qui est extrêmement sommaire et ne renforce pas tellement l’immersion lors des discussions. Cependant, l'entièreté du jeu repose aussi sur un système de dialogues appuyés par des illustrations de chaque visage des protagonistes, y compris nous. Cela apporte un léger plus et permet de réellement identifier chaque personnage.


Mais avant de continuer sur la technique, je souhaiterais aborder dès maintenant, car cela influence énormément notre ressenti, d’une fonctionnalité ajoutée par les développeurs.
À l’origine, le jeu ne proposait pas de vue à la première personne lors de son lancement et ce n’est qu’uniquement via une mise à jour que le jeu à reçu la possibilité de naviguer entre une vue aérienne, à la troisième personne et à la première.
Cette “non” intégration au lancement a été, à mon avis, une grave erreur de la part des développeurs, car si la vue aérienne permet d'apprécier sur un plus large spectre les visuels du jeu, celle-ci en devient presque injouable et surtout non immersive au vue du positionnement bien trop éloigné de la caméra pour réellement suivre notre héroïne et apprécier l’exploration des villes, car oui, on est à pied aussi par moment, mais on y reviendra.
Bien sûr comme abordé plus haut passer en vue à la troisième ou première personne met le joueur en confrontation directe face à des modélisations simples, mais le plaisir d’immersion en est tellement décuplé qu’après plus de 8 heures de jeu, je n’étais pas loin d’avoir oublié l'existence de la fonction “changer la vue”...
Il est aussi à noter que la même fonction est disponible pour les phases de conduite malheureusement au moment où j'écris ces lignes celle-ci n'est présente que sur PC.


Prenant ce point en considération, Cloudpunk reste très agréable à parcourir et s'il n’aura peut-être pas la richesse visuelle de production AAA, il faut bien avouer que le monde est suffisamment varié pour garder son plaisir de vol. Divisé en plusieurs minis secteurs séparés par un court temps de chargement, j’ai ressenti une légère “vibe” de jeu PS1 proche de ce que les mondes “ouverts” de G Police ou autre jeu de cette génération pouvaient proposer. En étant indulgent, le monde s'apprécie certainement plus par son ambiance sonore et son travail visuel que réellement par sa richesse de lieux et objets à découvrir au volant de notre
taxi. Oui, on aurait souhaité des milliers de voitures en vols, encore plus de gratte-ciel et de liberté de mouvement malheureusement Cloudpunk reste assez limité et on peut ressentir un léger moment de lassitude sur la fin de l’aventure après avoir parcouru plusieurs heures les mêmes zones de la même manière. Sur ce point c’est surtout l’effet d’originalité qui fonctionne car on à eu peu ou pas vu de jeu de ce genre et chacun aura son niveau d’attente et d’exigence personnel.


Concernant les phases à pied, c’est peu ou prou la même, car on ressent une sorte de syndrome génération aléatoire qui voit se répéter de nombreuses échoppes et bâtiments dans plusieurs sections de la ville. En plus d’un manque clair d'intérêt à explorer, hormis pour ramasser des consommables ou objets de collection pour accomplir des quêtes, les zones à pied sont bizarrement éclairées, la faute à une technique d'éclairage assez sommaire qui ne prend pas en charge les lumières ambiantes ce qui fait que par moment on n'y voit pas tellement bien. Et le popping récurrent et un léger aliasing présent et ce même sur la version PS4 PRO n’arrange rien.
Encore une fois, la taille du projet explique ces limitations, mais en prenant un exemple récent et aussi conçu par une petite équipe, The Ascent réussi lui son pari d'immersion et de technicité au sein d’une ville cyberpunk et j’aurai aimé retrouver un sentiment similaire dans Cloudpunk me sentir réellement écrasé par la ville.
Mais ne faisons pas la fine bouche Cloudpunk reste un jeu surprenant dans sa démarche et assez rafraîchissant par son identité forte et malgré ce que j’ai expliqué, l’exploration reste assez fluide et agréable pour au moins tenir le joueur en haleine jusqu'à la conclusion, après cela, vous rangerez sûrement la galette sans réellement avoir une forte envie de retourner la carte.


Mais comment fonctionne réellement la découverte du monde ? C’est simple, vous devez livrer des colis.
Par ce biais, le jeu vous emmènera aux quatre coins de la ville via des quêtes secondaires ou principales vous demandant de livrer les colis ou personnes au rythme que vous le souhaitez, mais dans un schéma toujours similaire.
Sur le papier, il faut bien avouer que ça ne fait pas rêver, mais cela fonctionne plutôt bien et en grande partie grâce aux dialogues qui s'ensuivent au cours de chaque livraison que cela soit avec les passagers ou avec votre IA.
Bon il est vrai que sur la fin et si on a fouillé la ville en long en large en travers les trajets peuvent s'avérer monotones, mais Cloudpunk possède un grain de sel qui active la curiosité du joueur suffisamment pour le garder éveillé tout du long.
À certains moments du jeu des choix s'offrent à vous, et même s'ils n’auront pas de grandes conséquences cela apporte une certaine variété effaçant le sentiment de répétitivité et de couloir qu’on pourrait ressentir.
Quant au gameplay à proprement parler celui-ci se résume à une simple mécanique de vol et marche donc ici point d'intérêt à réellement développer cette partie sachez simplement que le personnage comme le taxi se manient très facilement et avec fluidité, le vol incorporant une mécanique de dégâts et de consommations concernant votre véhicule qui force à ne pas faire n’importe quoi non plus.
Reposant assez majoritairement sur son scénario pour apporter de l'intérêt au jeu, Cloudpunk ne se démarque pas tellement d’autres œuvres du genre si cela reste assez efficace, on est quand même proche des clichés du genre, mais en l'occurrence ici cela fonctionne bien mais ne vous renversera pas de votre chaise.
L’histoire a su attiser ma curiosité jusqu’au bout et la conclusion plutôt touchante fonctionne sans que celle-ci ne vous retourne la tête à y réfléchir pendant des jours, c’est efficace et je n’en attendais pas réellement plus au vue de l’ambition du projet.


Comme à l’accoutumé un dernier mot sur la musique, qui tout comme le scénario est l’autre point essentiel au bien-fondé de Cloudpunk, sans une bonne BO les heures de vols auraient pu paraître interminables heureusement ici on est encore une fois (cf mon test de the Ascent) face à une œuvre cyberpunk indépendante boosté par une BO qui trouve le ton parfaitement juste et surtout très varié.


En conclusion, Cloudpunk n’est pas nécessairement une claque ou un jeu à faire absolument, mais reste suffisamment attachant par son concept original et son rythme maîtrisé pour être une œuvre que je pourrai allègrement recommander d’essayer malgré ses nombreux petits défauts. Le jeu n’en ait pas moins légèrement limité dans les possibilités d'exploration accordées au joueur, mais Ion Lands à su identifier exactement ce qu’ils souhaitaient et ont délivré ce qu’ils étaient capables d’accomplir, et s'il ne procure pas de grandes sensations Cloudpunk est pour les joueurs sensibles aux jeux atmosphériques et lents, un jeu ou ils pourront certainement y trouver leur compte comme une œuvre singulière et attachante.
J’ai personnellement aimé Cloudpunk, et même si ma note s'arrête sur un 6, ce qui est bien à mon sens, c’est aussi pour souligner que tout n’est pas parfait mais aussi bien loin d’être raté, une œuvre originale et recommandable là est l'essentiel.
Ah et on n’a son propre appartement customisable, rien que pour cela vous êtes obligé d’essayer.

Sajuuk
6
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Collection de jeux PS4, Les meilleurs jeux vidéo de 2020, Journal JV Edition 2021 et Les meilleurs jeux cyberpunk

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le 26 sept. 2021

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