Control par val990

Après de longues recherches, Jesse Faiden trouve enfin le bureau fédéral de contrôle, alors dans une situation délicate puis-qu’attaqué par le Hiss, entité capable de prendre le contrôle du tout venant mal équipé, pratique pour créer une armée de larbins à peu de frais allant joyeusement se faire massacrer par la protagoniste. À vous donc les joies de la télékinésie, du flingue couteau-suisse et des maps ouvertes du FBC.

Je ne sais pas si la structure semi-ouverte de Control lui convienne parfaitement. De mon point de vue, cette forme ne fait que diluer une expérience qui aurait mérité d'être plus condensée, et tout ce que réalise le jeu grâce à cette structure aurait pu être fait dans une forme plus restreinte (comme l'exploration ou les missions secondaires), sans avoir à visiter et revisiter les même espaces. Alors peut être que l'aspect Metroid-Vania a pris du plomb dans l'aile au cours du développement (il est réduit ici à peau de chagrin), en tout cas, parcourir et reparcourir les hubs leur retire leur aspect mystérieux et surtout étire un peu trop le temps de jeu entre les moments les plus marquants, surtout quand l'objet de votre ballade est une quête secondaire à la con. En revanche, je ne conseillerais pas de passer outre l'exploration, celle-ci étant dûment récompensée par des quêtes secondaires vraiment chouettes (il y en a des nulles, mais on le voit généralement du premier coup d’œil) dont certaines n'ont rien à envier à la mise en scène des missions principales, et des objets à collecter plutôt cool qui participent pas mal à l'ambiance du jeu (y a que Remedy pour mettre des FMV en 2019).

En parlant d'ambiance, l'atmosphère du jeu est sans doute son plus gros point fort (le travail sur la lumière est assez dingo). Comme dit plus haut, on enchaîne pas non plus les séquences qui décrochent la mâchoire, à cause du rythme particulier du jeu, mais ces dernières existent bels et biens, et sont d'autant plus marquantes lorsqu'on les enchaîne sur la fin. Quelques scènes me viennent à l'esprit, dont deux brillamment accompagnées par la musique (qui, en dehors de ça, restent assez discrètes). Par ailleurs, le travail sur le son est lui aussi assez exceptionnel, notamment lors des combats dont la technique en général est irréprochable.

Le système de combat est en soit assez classique (voir un peu simpliste), mais reste solide et bien pensé. Et puis, les pouvoirs combinés à la technique générale du titre donne un résultat dont il n'est pas si facile de se lasser. J'ai cependant un problème avec le combat et le gameplay en général, c'est qu'il ne parvient qu'assez rarement à traduire le mystère et l'étrangeté de cet univers en séquences de gameplay; la plupart du temps, vous saurez parfaitement à quoi vous attendre, le bestiaire un tantinet limité et des combats aléatoires non scriptés un peu trop nombreux venant accentuer cette sensation. Mais quand il y parvient (pas forcément en combat d'ailleurs), c'est là que Control atteint son plein potentiel. Et rien que pour ces moments, pas si nombreux mais pas si rares, le jeu vaut le détour. Une séquence en particulier restera, à mon avis, un bon moment dans la mémoire de ceux qui y auront joué.

L'intrigue est en elle même relativement simpliste, son intérêt dépendant beaucoup de l'univers créé pour l'occasion. Si tout ce qui tourne autour des objets altérés a un côté un peu trop "gimmick" (c'est sympa pour découvrir les petites histoires qui gravitent autour, cela dit), les lisières et entités sont bien plus intrigantes et intéressantes à découvrir. C'est d'ailleurs dans les lisières que se trouveront beaucoup des idées de mise en scène du titre. Jesse est une protagoniste sympathique mais un peu trop lisse, surtout quand on la compare au torturé Max Payne, et le reste du casting fait plutôt bonne figure même s'il reste assez peu développé (Ahti étant sans doute le plus charismatique). Pensez à mettre le jeu en VO d'ailleurs.

Control est un jeu à moments. Pas mal de bons et une petite poignée de grands, quand tous les éléments se mettent en place. Il y a parfois un peu trop d'espace entre chacun d'eux, rempli par de la chasse aux améliorations, aux collectibles et des combats aléatoires plus ou moins intéressants. Si le jeu teste parfois votre patience, il reste un shooter solide, une expérience visuelle et sonore assez épatante, et quelquefois bien plus que ça.