Ça mêle grosse partie narrative pleine de choix et combat tactique avec decks de cartes.
L’univers est foisonnant, très inspiré de Game of Thrones par la richesse des intrigues et enjeux de pouvoirs, mâtiné de folklore breton (armes magiques/Excalibur, tout ça), et magnifiquement rendu par une DA super inspirée, notamment dans le charadesign des différents paladins dont on croisera la route ; et puis avec des musiques vraiment cool (même si celle des combats vont tourner un peu en boucle...).
- La partie narrative offre de nombreux choix (de dialogue ou de lieux) qui vont profondément changer la teneur des évènements ; même si cela se jouera surtout sur les allégeances qu’on nouera et quels « factions » constitueront en réponse nos ennemis ; et qu’au fond la fin sera assez peu impactée. J’ai adoré l’ouverture qui fait office de tutoriel (super maitrisé d’ailleurs car les péripéties rondement menées font naturellement comprendre tous les rouages centraux du jeu), mais la suite devient plus mécanique avec des embranchements et choix très visibles et prenant des atours nettement plus artificiels. Pour autant l’univers dans lequel on évolue est super riche et fouillé, peut-être un peu trop par certains aspects avec une nécessité de consulter régulièrement le « wiki » intégré pour savoir à qui on parle et quelles implications cela peut avoir (et il aurait *vraiment* fallu des arbres généalogiques !) ; mais les enjeux restent prenant et assez profond, et ça c’est cool.
- La partie combat possède des bases super solides. C’est du combat tactique tour par tour où chacun de nos paladin possède son deck de carte parmi lequel sera pioché à chaque tour un nombre restreint d’attaques ou actions. Chaque est super bien pensées, pouvant accorder des bonus ou des effets qui permettent des enchainements et synergies vraiment variées, avec en plus des situations offrant elles-mêmes des enjeux tactiques spécifiques (surnombre d’ennemis faibles, appels de renforts, terrains de jeux larges ou exigus, nombreux « boss » aux capacités très particulières, etc.). Le truc un peu dommage c’est que l’enrichissement du deck se fait via des arbres de compétences qui débloquent de nouvelles cartes pré-établies au fur et à mesure de la progression de chaque paladin, et s’il y a 3 axes laissant le choix quant à quelle carte débloquer ensuite, l’ensemble manque à mon sens d’équilibrage et clairement si je refais une partie je n’irai pas choisir de nouvelles cartes car j’ai déjà lors de ma première partie pris celles qui me semblaient clairement les plus puissantes, et donc je ne me vois pas me forcer à en prendre des qui me semblent peu voire non utile juste pour dire que je ne jouerai pas pareil … Petite nuance bienvenue : les boss laissent derrière eux leurs armes magiques, qui correspondent donc à une carte aux effets souvent extrêmement puissant et originaux, qui va pour le coup pouvoir enrichir le deck de n’importe lequel de nos paladins. Seul truc : en fait la majorité sont pas si puissantes que ça, et si 3 ou 4 que j’ai récupéré ont enrichis de façon ultra-puissantes mes possibilités, la majorité sont restés dans la défausse, et là encore j’ai du mal à voir comment une nouvelle partie viendrait changer les choix que j’ai fait. On peut noter aussi des idées de synergies super originales et intéressantes dans certains deck, mais finalement pas si puissant et utile que ça et que j’ai trouvé plus efficace d’ignorer, vraiment dommage.
- Le truc super stylé c’est la possibilité d’utiliser une carte de façon sur-boostée, offrant un effet dévastateur à même de renverser les situations, au prix d’une disparition de la carte le temps du combat et au prix d’une augmentation d’une jauge de folie (influence de la puissance magique des armes sur la psyché du personnage), laquelle pourra provoquer des réactions incontrôlables durant les phases narratives qui feront partir l’histoire dans des directions non souhaitées. En mode normal je n’ai cependant jamais eu à souffrir de telles conséquences (à part dans la partie tuto où cela semble inévitable à visée d’apprentissage (super bien intégré)), mais cette pression m’a aussi poussé à utiliser le super-pouvoir de mes cartes avec beaucoup de parcimonie, donc la mécanique est loin d’avoir été non plus sans conséquence bien palpables. En mode « difficile » il est probable que l’équilibre se déplace vers une inéluctabilité de se laisser peu à peu corrompre, pour un vécu qui sera sans doute passablement différent ; avec risque de perte de contrôle sur sa partie qui pourrait être un peu frustrant, aussi. En tout cas cette mécanique assure une superbe interaction entre aspect combats et aspect narratif.
Au final ma partie a été très cool. Ç’a été un plaisir de naviguer dans les sombres sphères de cet univers aux intrigues mêlant enjeux de pouvoir et corruption des esprits par de puissants artefacts qui paradoxalement assurent l’équilibre des forces en présence. Et l’aventure donc est émaillé d’affrontement toujours stimulants et régulièrement épiques, même si le couloir final fait s’enchainer les combats contre tous les paladins des factions adverses de façon qui devient un peu trop mécanique et narrativement artificielle ; chapeau en revanche pour leur nombre et leur diversité ; et je n’en ai vu forcément qu’une fraction puisque uniquement ceux liés aux factions dont je m’étais attitré les foudres au fur et à mesure de mes choix. Les choix à faire font que nécessairement on ne pourra pas tout voir des intrigues en une partie, et c’est tentant de relancer une partie pour en voir plus, MAIS je suis refroidi par le peu de renouveau à attendre des combats vu le caractère très figé (et pas très équilibré dans leurs différents axes) des decks ; et par une histoire au canevas qui reste trop visible et artificiel pour être bien motivant à relancer je trouve : beaucoup de choses sont prévisibles quand aux alternatives qu’elles vont m’offrir, et le point final je le connais déjà et ne sera clairement jamais bouleversé (même s’il offre un ultime dilemme super intéressant ; mais je le connais déjà maintenant).
Ça reste une expérience très sympa et rafraichissante, aux superbes ambitions quand même majoritairement concrétisées, même si quelques écueils et limites assez dommageables sont indéniables. Un studio assurément à suivre en tout cas !