Après 50 heures sur Cyberpunk 2077, je vous délivre mon avis sans spoil, à tête reposée, sur ce titre à sujet polémique qui a fait couler beaucoup d’encre sur la toile vidéoludique. Avec ce jeu, CD Projekt décide de prendre une approche différente de sa trilogie de jeux The Witcher en partant sur un FPS sauce RPG dans un monde ouvert. Les ambitions sont grandes, et le pari est risqué. Alors qu’en est-il de ce Cyberpunk 2077 tant attendu par les joueurs après 7 ans d’attente ?


Mon nom est V
Point scénario, c’est là où j’en attendais beaucoup de CD Projekt et ils ne m’ont pas déçu. Toute la trame principale est agréable à suivre. Les habitudes, le jargon futuriste utilisé m’ont permis de m'immerger complètement dans cet univers vaste et complexe où la technologie avancée est le centre des préoccupations, le tout ficelé à travers une dystopie. En effet, le genre cyberpunk est totalement respecté. L’écriture de chaque personnage est d’une qualité remarquable. Les dialogues ont été très bien travaillés et fonctionnent bien. Les choix de dialogues sont sympas et change en fonction de vos choix, mais ne change pas réellement la direction de l’histoire principale qui reste 80% du temps un script. Seuls le début et la fin ont un impact sur vos choix dans la quête principale. Néanmoins, j’ai vraiment apprécié faire les quêtes secondaires scénarisées, car elles offrent beaucoup plus de possibilités et d’intérêts au niveau du choix qui ont un réel impact. J’ai aimé cette sensation de contrôle. Ces quêtes secondaires scénarisées sont nombreuses et bourrées de qualité, certaines sont même parfois nécessaires de mon point de vue à la quête principale ce qui peut se tourner comme étant un défaut si le joueur décide principalement de se concentrer uniquement sur la quête principale. En ce qui concerne les romances dans le jeu, j’ai trouvé celles-ci limitées, évidentes et peu travaillées pour certaines.


Bienvenue à Night City
Les graphismes transpirent de qualité, la promesse est tenue, Night City nous plonge dans une ambiance futuriste marquée par l’architecture de la ville, les voitures et ses intérieurs, les armes, les vêtements. Tout y est, spécialement de nuit, le jeu est somptueux. Chaque lieu aura sa propre ambiance graphique en fonction de la lumière adoptée rappelant énormément Balde Runner 2049. La modélisation des personnages est ce qui est le plus réussi dans le jeu à mon sens. Que ça soit pour les PNJ principaux, secondaire ou même ceux qui se balade dans la rue ont un détail de modélisation hallucinant. Malgré tout, certaines textures de bâtiments au loin ne chargent pas, car j’imagine que celles-ci n’ont jamais été faites et c’est regrettable. Parfois, le jeu manque un peu de détails comme par exemple le fait que les personnages ne se reflètent pas dans les vitres.


Never Fade Away
Niveau son, la VF est un pur plaisir, celle-ci nous offre une dimension et une ambiance hors du commun, mention spéciale pour Johnny Silverhand interprété par Jean-Pierre Michaël qui est tout bonnement excellant dans son rôle. L’original soundtrack est une bombe et est en équation avec le monde cyberpunk, chaque musique se glisse parfaitement dans les différentes séquences de jeux qui contribue à l’ambiance globale du titre. Les musiques des radios sont remarquablement bien choisies. J’apprécie aussi le travail qui a été fait pour le sound design. Que ça soit pour les armes, le monde qui nous entoure ; chaque son est riche et détaillé et cela ajoute une couche de réalisme bluffant.


Le futur n’améliore pas l’IA
Côté gameplay, les gunfight sont nerveux et se marient bien avec l’ambiance musicale et graphique du jeu. J’ai trouvé l’intégration des danses sensorielles agréable à utiliser. La partie RPG est un peu de côté, mais présente. V, notre personnage principal évolue selon nos préférences, on peut lui attribuer 4 points d’attributs différents et chaque point d’attributs dispose de moult points d’avantages à upgrade progressivement au cours de l’aventure. Cela permet de se spécialiser dans un genre de gameplay particulier si l’on préfère la technique bourrin ou l’infiltration. C’est assez bien géré sauf vers la fin ou j’ai trouvé V bien trop fort par rapport aux ennemis et ça n’avait plus vraiment de sens. J’ai trouvé aussi la spécialisation intelligente un peu trop haut dessus par rapport à ce qu’offrent les autres. Ce qui rend donc l’équilibrage du jeu pas dingue. En ce qui concerne l’infiltration, celle-ci est assez basique ; on a la plupart du temps le choix de faire les quêtes en infiltration, mais parfois le level design de certaines zones ou certains scripts ne permettent pas de jouer furtivement. Néanmoins, le level design reste très propre et est souvent agréable à parcourir. Dans Cyberpunk 2077, on loot énormément d’objets en tout genre, soyez préparé. Je trouve ça bien pour la variété et la quantité d’armes, d’objets et de vêtements, mais c’est peut-être un peu trop ? D’autant plus que, souvent, il m’arrive de loot 3 fois la même arme sur le même combat. En parlant des armes, le jeu dispose d’un système de customisation, de crafting et de démontage assez sympa, mais un peu redondant vers la fin. Les combats aux corps à corps avec leurs quêtes correspondantes ne sont pas intéressants et à oublier. Un des deux plus gros défauts du jeu pour moi est l’intelligence artificielle qui est inexistante. La plupart des ennemis se retrouvent à ne plus bouger et rester debout, perdus, sans réactions durant un gunfight. Certains ne cherchent même pas à s’abriter ou se retrouvent coincés dans un mur. L’autre défaut est la conduite, la sensation de vitesse n’est pas présente, les virages sont horribles et dès que l’on conduit un véhicule assez rapide, la route devient une savonnette. C’est dommage, car la ville de Night City est sympa à découvrir, mais la physique du jeu est mauvaise. C’est là qu’on sent que le côté finitions et détails du jeu laisse à désirer. D’ailleurs, certaines mécaniques de jeu ne sont pas expliquées.


L’art de l’interface ratée
Le jeu peut être fini en moins de 25 heures, mais je vous conseille fortement de réaliser les quêtes secondaires scénarisées qui apportent un vrai plus et vous propulsera à 40-50 heures de jeu. Encore faut-il savoir faire la différence entre les quêtes secondaires scénarisées et les quêtes secondaires de remplissage, car l’interface du journal est un vrai bordel, rien n’est classé pour savoir faire la différence. L’information donnée sur les quêtes dans l’interface est parfois très limitée et ne se contente parfois que d’indiquer où il faut aller sans savoir le but. La map du jeu est totalement illisible et est un foutoir pas possible, il n’y a même pas de distinction entre les quêtes principales et secondaires scénarisées/de remplissages ; tout dispose de la même icône et de la même couleur. Je ne parle même pas de la map construite avec les bâtiments 3D qui rend les choses encore moins lisibles. Le loot est stocké dans un sac et rien n’est séparé par classe d’objets, tout est regroupé ensemble et on doit se débrouiller. Le téléphone dans le jeu n’est pas du tout ergonomique, on se retrouve très vite avec énormément de contacts inutiles et l’interface des messages ne redirige pas vers le contact sélectionné, c’est très frustrant. La mini-map a constamment des problèmes à afficher correctement les trajets ainsi que les points d’intérêts. De plus, une commande en jouant sur clavier/souris est très désagréable : le jeu permet d’esquiver à l’aide d’un dash dans toutes les directions, le choix d’avoir attribué le dash en faisant un double tap ZQSD est gênant, je me suis retrouvé souvent à dash alors que je voulais simplement faire 2 pas de côté.


Erreur système
Enfin, les missions secondaires de remplissage n’apportent pas grand-chose de plus et ne sont pas intéressantes, elles sont là juste pour gonfler la durée de vie à 100 heures si l’on cherche à finir le jeu à 100%. L’absence d’activités secondaires manque un peu et renforce cette idée d’un monde ouvert pas assez exploité. Prendre le métro n’est pas possible, il n’y a que des points de téléportation. Les véhicules volants ne peuvent pas être conduits (c’est peut-être mieux vu la qualité de la conduite au sol ?). Bref, j’ai ressenti la sensation d’un monde ouvert ou je n’ai que mes yeux pour rêver. La ville est vivante quand elle a envie de l’être, elle l’est par paquet, parfois l’écran est rempli, parfois vide à courte distance. De plus, le jeu a essayé de donner une illusion d’un open world encore plus vivant avec des voitures fantômes en carton. En effet, à une longue distance, des voitures sont sur la circulation, mais sont à peine modélisées, dispose d’une texture dégueulasse, n’ont pas de physique et le script fait en sorte que quand on s’approche de ces voitures fantômes, elles disparaissent de l’écran, c’est censé être discret, mais c’est tout sauf discret et aberrant. D’autres points qui plombent un peu l’ambiance sont les appels et messages parasites qu’on reçoit pour les missions secondaires de remplissages. Il y en a tellement que ça en devient irritant, pas de mode avion disponible et je vous assure que je préfère quand Roman m’appelle pour aller au Bowling dans GTA IV à ça !


De nombreux bugs et problème d’optimisation sont encore présents pour le moment : que ça soit des bugs de collision, des radios qui ne diffuse rien, des bugs ou notre personnage reste bloquer durant une liaison et qui force à recharger une sauvegarde plus ancienne. Heureusement, le jeu sauvegarde régulièrement de manière automatique. Des bugs de PNJ invisible, qui se retrouve non animé, d’ombre de son personnage, de stuff inlootable, quand on appel sa voiture, des scripts qui ne se déclenche pas… Bref, les bugs sont présents, mais n’empêche pas de jouer et d’apprécier tout de même Cyberpunk 2077 à sa juste valeur de l’expérience que j’ai pu en tirer sur PC.


Pour conclure, le jeu offre une expérience unique grâce à sa qualité scénaristique, des personnages qu’il met en avant ainsi que les graphismes qui sont la plupart du temps à couper le souffle avec une OST d’une grande qualité. Cependant, CD Projekt a encore beaucoup de travail à faire sur le jeu que ça soit sur l’ergonomie ou l’optimisation. L’IA et la conduite sont complètement à revoir. Est-ce que le studio avait trop d’ambition pour Cyberpunk 2077 ?


PS : Expérience réalisée sur PC en 3440x1440 avec R2700X/GTX1080Ti sous la version 1.04 de Cyberpunk 2077

Kopth
7
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le 20 déc. 2020

Critique lue 381 fois

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Kopth

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