2013, c’est cette année-là que nous voyons pour la première fois des images de ce à quoi devrait ressembler le nouveau jeu de CD Projekt, à travers un superbe et intriguant trailer qui se finissait par la mention – ironique aujourd’hui – « Coming : when it's ready ».
2013, prenons juste quelques instants pour se rendre compte de ce que cela représente, en 2013, en janvier précisément, j’avais 15 ans et je jouais très certainement à Uncharted 3 sur PS3, sur PS3 oui, parce que la « new gen » n’était même pas encore sur le marché, à cette époque je devais attendre avec intérêt The Last of Us sans vraiment me préoccuper de cet étrange studio nordique qu’est CD Projekt « cidi proyekt ». Les années passent et Cyberpunk 2077 prend de l’ampleur dans l’attente, grâce au succès indéniable de The Witcher 3 et surtout grâce aux ambitions folles du studio pour son nouveau titre, pour la promesse d’une expérience unique, autant dire qu'il en ait devenu la nouvelle licence le plus attention de la génération.


Nous voilà alors en décembre 2020, et après presque 8 longues années d’attentes il est là, encore dans son blister avec une seule question en tête : « je le lance, ou je le renvoie ? ». Et heureusement que j’aime me faire confiance.


Critique sans gros spoiler sauf à fin, signalé.
Cyberpunk 2077 est un grand jeu, vraiment, je n’ai jamais ressenti une aussi grande sensation de démesure, la ville, sans être immense en superficie, regorge pourtant de tonnes de recoins et de détails, tout dans la verticalité à tel point que l’on finit par s’y perdre (sans l’excellent système de navigation). Les buildings regorgent de vie, on sent le travail de réflexion qu’il y a derrière chaque quartier, chaque style architectural, chaque décoration.


Mais là où le jeu prend toute son ampleur c’est bien dans sa mise en scène spectaculaire, les claques arrivent très vite, d’abord par l’action vécu en pleine immersion, puis par la narration avec une écriture particulièrement soignée qui renforce l’impression de réel. Une narration dans laquelle nous aurons droit à quelques choix important, c’était la promesse de Cyberpunk 2077, influencer notre partie, là rendre unique.


Bien évidemment on reste dans un jeux-vidéo, et il faut avouer que cet aspect-là peut décevoir au premier abord, car si certains choix nous proposent bien de choisir notre « plan », on retrouve assez vite l’erreur de ce genre d’option, c’est-à-dire savoir à l’avance quel est le bon choix, vous pouvez bien tuer quelqu’un, ou mal lui parler, mais ce serait mettre un trait sur les missions secondaires que ces PNJ proposent.
Cependant, le choix des dialogues influence les relations, et si cela n'impacte pas de manière localisé (les choix de fins restent assez similaires par exemple, ou ne changeront pas directement l'approche des missions), ils ont un impact plus grand sur l'ambiance générale ou sur les récompenses notamment, mais pour s'en rendre compte, il faut que les "critiques" prennent au moins le temps de voir plus grand...
S’il est vrai qu’il y a de quoi faire en termes de missions, on se retrouve assez vite submergé par celles-ci, heureusement, les « histoires secondaires », celles qui impliquent des personnages avec plus de consistances (Panam par exemple) se retrouvent être particulièrement intéressante, et il aurait été plus juste de réduire les missions de « fixer » (contrat, assassinat, transport…) pour mettre un peu plus de ces trames plus abouties.


Le gameplay est particulièrement jouissif et notamment grâce à sa mise en scène, certaines missions sont complètement dingues, je pense au début de l’histoire avec le vol de la puce, le défilé avec les poissons et dragons en hologramme dans une ville magnifique rempli de monde, ou encore le premier passage avec Silverhand dans laquelle la musique vient rendre le tout hyper badass, comme la sensation d’être dans un film. C’est nerveux, efficace, je ne pense pas que ça révolutionne le genre, mais tout ce qui est fait, est bien fait. Par exemple c’est la première fois que je prends du plaisir en infiltration dans un jeu tourné action (là où habituellement je finis toujours par faire un bain de sang…), je n’avais pas pris autant de plaisir en infiltration depuis MGS 5.
Le jeu aime jouer avec un côté « cool » à l’ancienne, avec Johnny qui boit son whisky à la bouteille tout en parlant de faire exploser des crânes en écoutant du rock, ça manque souvent de subtilité, mais ça fait tellement du bien.


Cyberpunk 2077 ne cherche pas forcément à offrir une réflexion nouvelle sur le futur, toutefois je trouve que certains dialogues sont suffisamment intelligents pour être intéressant sans pour autant devenir cliché, je pense à ceux avec Takemura qui gagnent en grande profondeur selon nos choix, ou même ceux avec Delamain et la classique réflexion sur la conscience des machines. J’ai vu du monde parler d’un manque de revendication dans le jeu, mais soyons honnête, il ne reste plus grand-chose à dire de nouveau sur les futurs dystopiques, Cyberpunk 2077 propose de nous mettre dans la peau d’un habitant lambda qui a déjà accepté le sort de son quotidien. Quoi que le jeu aurait choisi, cela aurait été critiquable par « du déjà vu » ou comme ici « ne va pas assez loin » . Et malgré tout, on en extraira des discours simples, mais efficaces, sur le lien entre âme et personnalité, sur la perception des souvenirs, sur le fantasme de sauvegarder sa mémoire, sa conscience dans un ordinateur, devenir immortel, mais aussi des passages plus terre à terre sur la mort, sur la perte d’êtres proches ou sur la notion de sacrifice.


Et plus on avance dans l'histoire, plus on sent toute la gravité de la situation et surtout la tension des personnages, on ressent ce danger grandissant comme si nous étions avec eux, encore une grande force de l'immersion. Et petit à petit, on vivra de véritables moments de vertige, lorsque notre âme quittera littéralement notre monde physique pour visiter celui du numérique.


J'ai fait le jeu sur PS4 fat, oui, l'état dans lequel le jeu est sorti est honteux, oui, pourtant le plaisir a été présent jusqu'au bout, c'est un 9 ici sur PS4 à cause des bugs, des visuels et de l'optimisation (bien que les crashs me donneraient presque envie de baisser d'un point), nul doute que ce sera 10 sur PS5.


Et pour les curieux qui veulent connaître mes choix de fins :


J'ai choisi d'attaquer avec Johnny qui contrôle V, et au choix final, après longues minutes d'hésitation, j'ai décidé de marcher sur le pont pour rendre son corps à V, jusqu'à ce que celle-ci s'interpose, j'ai alors fait demi-tour pour continuer dans la vraie vie avec Johnny en repensant à sa réponse sur le sacrifice pendant la guerre : il se serait sacrifié pour moi, alors je me suis sacrifié pour lui.

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le 20 déc. 2020

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Nicolas_S

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