Another Episode Ultra Despair Girls est un spin-off de la série Danganronpa, une parenthèse lue comme un trait d'union entre les deux premiers épisodes et placée non pas sous le signe du visual novel, mais bien du TPS. Parce qu'après tout : pourquoi pas ?


Sous la houlette du club des cinq torturés "Warriors of Hope", les enfants de Towa city se sont révoltés. Armés de Monokumas divers et variés ceux-là sont bien décidés à faire payer ceux qui les opprimaient : les adultes. Un cadre qui n'aurait rien à envier au film de Shûji Terayama : l'Empereur Tomato-Ketchup (adapté de sa propre pièce radiophonique La chasse aux adultes), pas même ses magiciennes-geishas ici supplantées par une galerie de personnages toujours plus barrés. Parmi ceux-là vous incarnez Komaru Naegi, porteuse d'un nom, ainsi que d'un ahoge bien connu des amateurs de Danganronpa. La demoiselle est on ne peut plus normale, du moins si on omet le fait qu'elle soit enfermée dans un appartement de Towa city depuis un an et demi. Enfin ça c'était avant que Byakuya Togami -nouveau son de cloche pour les fans- ne débarque. Déjà bien occupé par les trop nombreux Monokumas qui l'entourent, celui-ci profitera de cette brève rencontre pour vous remettre un mégaphone baptisé "Hacking gun".


C'est ainsi qu'après avoir converti vos mots en "truth bullets" lors des "class trials" des deux premiers Danganronpa, vous voilà cette fois parti pour court-circuiter toute une armée de Monokumas à l'aide de votre seul vocabulaire changé en "word bullets" par le "Hacking gun". Votre lexique sera composé de huit mots aux pouvoirs bien différents : les balles "Break", par exemple, seront vos munitions de base et vous permettront essentiellement de casser de l'ours-mécanique en visant, si possible, l’œil rouge de ceux-là afin de leur infliger un coup critique. On a aussi le mot "Move" qui permet d'activer diverses machines du distributeur de gashapon qui distribue munitions et autres cœurs pour l'occasion aux voitures électriques qui peuplent les rues dévastées de Towa city. Couplé au mot-balle "Detect", qui fait sortir de votre "Hacking gun" une sorte de rayon révélateur, ces balles laissent souvent place, entre deux trois vagues de Monokumas à dézinguer, à des phases de puzzle et autre résolution d'énigme bienvenues.


Précédées d'une pièce similaire à la "red room" de Twin Peaks, vous serez aidé lors de ces puzzles, non pas d'un nain, mais d'une borne d'arcade "Monoku-man". Flanquez-lui un "Move" dans le buffet et celle-ci vous révélera la position des ennemis de la salle suivante, ainsi que le type de munition que vous serez contraint d'utiliser afin de les éliminer. Tout ça en un coup et sans vous faire repérer. Notez que si cela vous ennuie vous pourrez, la plupart du temps, vous contenter de foncer dans le tas, mais ce n'est certainement pas ainsi que vous gonflerez votre score et puis ce serait dommage de gaspiller ainsi vos précieuses balles-paroles.


En parlant de foncer dans le tas, le "Hacking gun" ne sera pas votre unique allié puisque vous serez accompagné par Toko Fukawa -énième son de cloche pour les "Danganronpiens"- qui, à l'instar de Lunch dans Dragon Ball, change de personnalité à chaque fois qu'elle éternue et devient alors Genocide Jack, serial killeuse adepte des ciseaux et spécialisée dans le découpage de beaux garçons. Découpée des Monokumas elle en sera aussi capable et s'acquittera même de cette tâche bien plus facilement que ne l'aurait fait Komaru et son "Hacking gun". Le hic c'est qu'incarner Genocide Jack requiert des batteries et que celles-ci s'épuisent à mesure que vous déchiquetez de l'ours noir et blanc avec la serial killeuse. Pendant ce laps de temps, vous quitterez la peau de Komaru et le TPS pour flirter du côté des beat'em all défouloir, ceux-là même qui loin de briller par leur système de combat savent se rendre amusant, au moins sur une courte durée.


Toutefois, ce genre de passage tout comme le reste du jeu d'ailleurs, n'est pas exempt de quelques ralentissements, murs invisibles et autres problèmes de caméra. Défauts qui couplés à un gameplay plus que simpliste et au "backtracking" font que l'on préférera très largement la part de visual novel à la part d'action que contient ce Danganronpa. D'autant qu'une fois encore la narration est maîtrisée à la perfection et que celle-ci sert la révélation de nombreuses questions laissées en suspens à la fin des deux premiers épisodes, ce tout en apportant son propre lot de mystères, ainsi que, ahoge sur la coupe au bol, de nouvelles compositions musicales déjantées signées Masafumi Takada. Ces morceaux revêtent, pour aller danser, des sonorités jazzy taillées pour rythmer une fois de plus les délires de Kazutaka Kodaka et votre déhanché, un peu comme l'effet que produit l'écho de votre "word bullet" "Dance" sur le circuit imprimé d'un Siren Monokuma.


Beau parleur, cet Another Episode peine à convaincre lorsque vient le moment de se jeter dans la gueule de l'ours. Monokuma Ball qui roule n'amasse pas mousse, comme on dit. Dommage, bien que cela n'empêchera certainement pas les fans des deux premiers opus d'y trouver beaucoup de plaisir, ne serait-ce que pour les nombreux clins d’œil qui leurs sont faits.

CorentinPtrs
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le 30 sept. 2015

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