Un jeu vidéo TAIWANNAIS, proposant une ALLÉGORIE horrifique d'un ÉVÉNEMENT POLITIQUE marquant de l'HISTOIRE contemporaine du pays, on ne fait pas plus socialement vendeur que ça. Difficile de faire mieux pour étaler sa sophistication culturelle. Rien de mieux aussi pour camoufler ce qui n'est finalement qu'un jeu d'aventure horrifique d'une remarquable banalité.
Je n'ai pas fini Detention. Je suis probablement tout proche de la fin, il ne me reste peut-être qu'un quart d'heure, mais je ne l'ai pas fini. Franchement, à quoi bon ? La seule motivation pouvant me pousser à relancer le jeu, c'est cette critique ; et, au fond, c'est inutile : quelles sont les chances que je réévalue drastiquement l'essentiel du jeu en le terminant ? Elles sont faibles. Alors, voici ma critique. Si l'un de mes trois lecteurs considère que la fin change tout, qu'il me le dise et je regarderais un walkthrough sur YouTube.
Le gameplay est sans intérêt. Il ne fait pas réfléchir. Il ne participe pas à l'ambiance. Sa seule fonction est d'empêcher que le joueur ne devienne trop passif. Mais, au moins, il n'est pas trop pénible. Les énigmes sont faciles, mais je ne crois pas que les développeurs auraient été capables d'en faire de difficiles ayant de l'intérêt. De plus, le jeu n'est pas trop désagréable à manier : l'univers est raisonnablement petit, les différemment éléments de puzzles ne sont jamais trop éloigné, le personnage réagi bien et se déplace suffisamment rapidement... Somme toute, je me dis que c'est déjà pas mal.
J'ai rarement joué à un jeu où les ennemis, bien flippant à la base, devenaient aussi peu effrayants aussi rapidement. À la fin (je veux dire, au bout de 10 minutes), on les connait tellement bien les fantômes (car les ennemis sont des fantômes), on est tellement accoutumé à leur présence, on sait tellement bien les gérer qu'ils en deviennent presque sympathiques, ils font juste un peu chier. La chose qui m'a fait le plus peur dans Detention, c'est de cliquer sur new game plutôt que sur continue.
Le jeu est un peu fade en fait. L'écriture est banale, sans originalité, sans vision personnelle. Les personnages sont creux. C'est plein de poncifs horrifiques : des jump scares, des couloirs sombres, de la matière glauque... ce n'est vraiment pas une esthétique originale ni effectuée avec un génie particulier. Ça ressemble à n'importe quel autre jeu d'horreur se voulant un tantinet métaphorique.
Faut arrêter avec les jeux d'horreur allégoriques d'ailleurs. C'était bien pour Silent Hill, maintenant ça commence à bien faire. C'est un peu trop commode l'allégorie dans le jeu vidéo : ça permet de faire un jeu basique ressemblant à n'importe quel jeu du même genre et de se créer un peu de profondeur a peu de frais en chargeant la barque en fioritures symboliques hurlant à plein poumon leur nature profondément symbolique. Pas besoin d'adapter les mécanismes du jeu, suffit de faire des salles bizarres, de placer par-ci par-là quelques messages cryptiques appropriés et c'est bon, tu as fait un jeu sur la révolution des pumas dansants ou sur les troubles psychologiques et vaginaux d'une quelconque écrivaillonne new-yorkaise. Les symboles utilisés seront d'ailleurs très largement les mêmes dans un cas comme dans l'autre.
C'est pas bien.