Un Quantic Dream comme je les aime. Detroit : Become Human est probablement le jeu le plus ambitieux que le studio ait fait. Ses choix sont multiples et ont une réelle conséquence sur l'histoire.


Graphiquement, le jeu est très propre, rien à redire. Il y a de nombreux modèles 3D d'une qualité constante. Seul le rendu des poils est à déplorer, notamment sur les animaux, où il ne s'agit que d'une simple texture. Les décors sont variés, beaux, dans un style mi-contemporain/ mi-futuriste.


Le gameplay est simple, presque inexistant, mais ce n'est clairement pas le principe même du jeu d'apporter un gameplay fourni.


Passons à la narration.


Detroit pose la thématique d'un monde où la technologie pourrait développer une conscience, et le jeu le fait bien, mais juste "bien".
Effectivement, même si la thématique est fort intéressante, elle peut-être complexe, et le jeu manque un peu de cette complexité, de détails qui auraient pu être développés davantage. Ce manque vient de la rapidité de la narration. Le jeu n'est pas excessivement long, mais il aurait pu l'être, voir peut-être rogné pour développer une suite qui aurait pu conclure l'histoire. Le 9/10 du jeu se déroule sur un peu moins d'une semaine in-game. Et les protagonistes, vivent énormément de choses dans ce laps de temps trop court. Le développement est intéressant, mais expéditif, parfois illogique.


** Spoils **


Nous contrôlons trois personnages. Connor, Markus & Kara.


Connor est sûrement le personnage le plus intéressant et le mieux développé de tous. Son rôle y fait beaucoup. Il s'agit d'un Androïd chargé d'enquêter sur les déviances d'autres Androïds. C'est le seul personnage qui se trouve réellement confronté en permanence entre les humains et les siens. Le joueur devra réellement prendre la décision de choisir son camp. On peut rester une machine tout du long, accomplir notre mission, ou bien devenir déviant. C'est le réel personnage qui développe une relation forte avec un humain sur le long du jeu, qui peut d'ailleurs sauver la vie de ce dernier. C'est le seul personnage qui peut devenir déviant autrement que par un "choc" émotionnel. Je n'ai rien à dire sur le personnage de Connor, vraiment.


Kara est le seul personnage féminin du jeu que nous contrôlons. C'est d'ailleurs le personnage présenté sur la démo technique qui a donné naissance au jeu. Son histoire est touchante. Elle devient déviante suite aux violences faites par son maître à sa fille, et à Kara elle même. Ce choc émotionnel la libère de son programme et lui permet de fuir avec la gamine. On suit l'histoire d'une Androïd qui devient une mère aux yeux d'une petite fille. Cependant, je trouve le tout bien trop expéditif. C'est le scénario qui m'a donné le plus de sensations, oui, mais l'OST y a fait beaucoup je pense. Sinon, le développement est trop expéditif. Il faut savoir que Kara a été ré-initialisée le jour même de sa fuite. Elle a été ré-initialisée car cassée par son maître. Elle n'a donc plus de mémoire, donc il est bizarre que le choc émotionnel apparaisse si peu de temps après sa remise à zéro.
Sa relation avec Alice est également assez expéditive. Le côté mère / fille peut se ressentir trèèèèès vite selon nos choix.


On rencontre un personnage plus tard, Luther, qui nous sauvera de son maître. Il peut devenir limite comme le "père" de la "famille" en une soirée. C'est too much. Je trouve ça même forcé. Certaines scènes sont malaisantes, notamment celle dans le parc d'attraction abandonné. Les "Jerry's" qui détruisent littéralement des fenêtres, pour après nous dire calmement "on ne vous veut aucun mal" et ensuite emmener la petite sur un carrousel.
La scène était belle, le message y était, mais le contexte moins. Il y a dire les choses, les montrer, et la manière. Voir une gamine sourire, être heureuse, ça fait fondre le cœur, mais savoir que 35 Androïds, dont 33 qu'elle ne connaît pas la fixe... c'est gênant en fait.


Après on pourrait me dire que ça peut s'excuser par la révélation finale qui ne fût pas trop une surprise. La fille est un Androïd. Raison pour laquelle elle ne mange pas, ne dort pas, et surtout ne se pose pas trop de questions quand son "père" se fait tuer (s'il se fait tuer par Kara). Mais pour moi ça ne passe pas, et ça ne s'excuse pas. C'est un peu facile. Autant la révélation était intéressante, et bien amenée, mais certaines scènes précédentes ne passent toujours pas.


Après la partie de Kara peut se finir dans 3 endroits différents. Celle dans le camp, j'ai pas aimé, je dirai pourquoi après. Celle qui consiste à passer la rivière, bof. Le côté on retrouve un personnage pour nous sauver ça gâche un peu. Ceci dit on nous fait rapidement oublier avec la suite où on se sent comme un immigré dans la méditerranée, la survie de la petite avant tout, réussir à passer la rivière (de 150m de large laul). La fin qui consiste à prendre le bus et à finir à un contrôle est sûrement la meilleure. Encore plus si nous avons prit une approche pacifique avec Markus. Malgré le statut d'Androïd, on sera amené à passer la frontière grâce à la compassion d'un humain envers un Androïd. C'est, je pense, la vraie bonne fin pour Kara.


Passons à Markus. Alors lui... Autant j'ai aimé le début, avec Carl. Contexte différent de la plupart des Androïds. La plupart sont des esclaves, mais Markus lui, en plus d'être un modèle unique, a le lux d'être considéré comme un fils par son maître. C'est l'androïd qui au départ est le plus humain, mais qui malheureusement finit par ne plus l'être.
Ce qui me gêne avec lui, ce sont certains de ses discours. Quand il parle de lui en disant "j'étais un esclave", alors qu'il n'a rien vécu par rapport aux autres Androïds, notamment ceux de Jericho. Absolument rien de ce qui ne s'est passé avec Markus ne justifie ce développement. Devenir le leader d'une révolution. Littéralement des Androïds squattaient Jericho depuis des semaines sans rien toucher, mais Markus arrive et c'est le dieu vénéré. Sur 2-3 jours in-game il peut devenir le leader de Jericho (et c'est ce que la grosse majorité des joueurs feront sans trop le vouloir, car se faire virer est possible, mais faut vraiment le vouloir), et mener une révolution qui mènera carrément à des camps de concentration pour androïds. Il développera également une relation, non pas familiale, mais amoureuse avec une autre Androïd, mais encore une fois, c'est trop expéditif. Tout le jeu va trop vite. Le pire avec Markus c'est qu'il est sur la jaquette du jeu alors que c'est sûrement le moins bien écrit, alors que ses deux premiers chapitres commencent hyper bien. Vraiment déçu...


La narration n'aurait pas dû hésiter à tirer en longueur, à expliquer les choses, à les développer correctement. Ne serait-ce que Kamski, ce personnage est intéressant, très. Malheureusement on ne le voit que une fois dans le jeu avec Connor. Il contribue au développement du personnage, mais il aurait été bien d'en apprendre plus sur lui même, sur ce qu'il a fait...
Il peut éventuellement nous apprendre la source du problème avec les déviants, si on perd nos 3 personnages, mais ça ne relève que d'une supposition au final. Le rôle même de CyberLife n'a lieu d'être également qu'avec Connor, il est un outil, déviant ou non. CyberLife a même prévu ce genre de chose, du moins Amanda. Mais ça reste trop secondaire.


J'aurai préféré que le jeu soit plus long, ou alors qu'il soit mieux développé, quitte à faire un deuxième jeu. Il a tout les outils pour, l'univers a un potentiel monstre, mais pas exploité à son maximum, et c'est dommage.


Dernière reproche que j'ai à faire au jeu, c'est un peu l'abus de certaines choses, certains contextes.
Le jeu se veut "progressiste". Autant dans son casting que dans ses idées. Un couple lesbien (dont une aux cheveux bleus, ce cliché), des personnages de couleurs en veux-tu en voilà. Le cas le plus marquant, je pense, c'est celui de Rose et son fils. Au départ les personnages étaient imaginés blancs pour au final finir noirs. En vrai, je m'en fou de la couleur de peau des personnages.
Mais clairement, leur rôle et leur couleur c'est vraiment passer un message sur l'immigration actuellement. Ce côté "progressiste" est bien trop marqué. Un jeu peut être politique, mais à un certain niveau. Ça manque de subtilité, vraiment.
C'est d'ailleurs renforcé dans la fin de Kara où l'on traverse la rivière en bateau... Grâce à Rose & son fils justement...


Un autre aspect abusé, mais dans l'autre sens, ce sont les camps des Androïds. Ça rappelle un peu mes cours d'histoire sur la seconde guerre. On arrive entassés dans des containers, en files et en rangs, on se "déshabille". On nous enferme dans des enclos et j'ai littéralement cru que c'étaient des fours à la fin du parcours. Bon c'étaient des stations de démontage mais quand même, j'étais pas le seul à penser "mal". C'était évidemment fait exprès, mais ça me gêne un peu ce manque de subtilité qui ne correspond pas du tout au jeu en fait.


Malgré tout ça, ce fût une expérience fort plaisante, comme les autres jeux, il ne m'a pas laissé indifférent. Mettre Chloé sur le menu fut une bonne idée.


Bref, si vous avez tout lu, bravo :)

Taytoutay
7
Écrit par

Créée

le 10 juin 2019

Critique lue 393 fois

Taytoutay

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