Sortie en 2018 sur Ps4, malgré la tourmente juridique et médiatique que traversait Quantic Dream ainsi que son PDG David De Gruttola. Il faut dire que les accusations, plus ou moins confirmées par décision de justice n’étaient pas des moindres: Contrats de travails et clauses de licenciements à la limite de la légalité, harcèlement moral au sein de l’entreprise impliquant des photomontages dégradants de ses employés qui circulaient à sa connaissance, sans que rien ne soit mis en oeuvre contre ça. Des remarques du type “dans mes jeux vidéos, toutes les femmes sont des salopes” ou encore la revendication de ne pas faire de jeux pour les PD. Ce qui nous donne matière à réfléchir sur la présence de modèle d’Elliot Page (avant transition) entièrement nu dans les fichiers du jeu Beyond two souls, et le traitement de certains personnages féminins dans le jeu qui nous intéresse.


D’aucun serait alors tenté de dissmiss ma critique O combien négative à venir de ce titre parce que je mets ces éléments en exergue, que je ne séparerait pas l’homme de l’artiste bla bla bla.


  • Premièrement, je pourrai me contenter de dire que l’Homme et l’Artiste ont le même compte en banque, et le même avocat. D’autant plus que ces accusations ne concernent pas sa vie privée mais bel et bien sa manière de faire dans le cadre d’une création artistique qu’il pilote.
  • Deuxièmement, il est impossible d’évaluer ou comprendre une œuvre, ses raisons d'être, son discours, ses partis pris, ses caractéristiques techniques sans remettre celle-ci en perspective avec sa production. Lorsque Cyberpunk 2077 sortit dans un état absolument catastrophique, personne ne s’est posé la question de la pertinence de pointer du doigt les conditions de travail déplorables des développeurs, et les raisons de celle-ci. Lorsqu’on salue (et à raison) la profondeur narrative des deux derniers God Of War, il n’est pas absurde de se pencher sur le parcours perso/pro de Cory Barlog afin de capter pourquoi il a décidé de donner telle orientation à son reboot.
  • Troisièmement, il est tout à fait possible d’apprécier une œuvre pour ses qualités, en étant lucide sur son discours et/ou celui de son auteur qui peut ne pas nous plaire. J’ai par exemple pu passer un “bon” moment en jouant à The Last Of Us Part II, il n’en est pas moins que je suis en franc désaccord avec son discours nihiliste autour du cycle de violence dans lequel il est fort aisé pour quelqu’un comme Neil Druckmann de se réfugier pour expliquer la violence dans une société sans remettre en cause la position de privilégié dont il jouit en son sein. If you know, you know.

J’insiste sur ces points, parce qu’on ne peut pas d’un côté revendiquer la légitimité du médium “jeu-vidéo” à être qualifié d’art au même titre que le cinéma, le théâtre ou la musique, et dans le même temps, refuser la légitimité pour ses oeuvres, d’être vectrices de discours et d’opinions, parfois politique avec lesquels nous pouvons être en accord ou non.

Cette introduction n’aurait pas été aussi longue, si le fameux De Gruttola n’avait pas la prétention d’exploiter pleinement le potentiel du jeu vidéo, en nous faisant vivre à travers lui des émotions dignes de ce que l’on trouve du côté du septième art. Une prétention qui en dit très long sur comment De Gruttola perçoit le jeu vidéo, comme pas vraiment digne du cinéma dans un premier temps, mais qui, après sa quête, son tribut de génie à ce médium, saura l’élever à quelque chose de légitime.

Comment qualifier cette démarche, autrement que comme du mépris à l’égard du jeu vidéo, et ces acteurs, aussi bien joueurs, que développeurs?


Y a t il un game-designer dans la salle?

Outre le mépris, cette démarche aura pour seul effet de rendre quiconque prend au sérieux le David bien plus intransigeant concernant sa grammaire vidéoludique, et comment dire… Il n'y a rien qui va.


Detroit Become Human se trouve être un très mauvais jeu en termes de prise en main, d’interactivité, d’interfaces avec le joueur. Le point que tout le monde a relevé: Pourquoi assigner le début d'une action contextuelle au joystick droit? Le même joystick qui sert à déplacer la caméra?! Si je devais parier je dirais que ce serait pour s’éloigner d’une convention (appuyer sur “x” par exemple) mais petit con De Gruttola, avant de péter les conventions, faudrait pas d’abord comprendre pourquoi elles existent? Et quitte à construire un système alternatif, veiller à ce que ce dernier n’entre pas en contradiction avec le reste de ton game-design, non?

Autre mécanique particulièrement pénible, aussi bien dans son existence que dans son exécution: Le scanner qui fait office de vision d’aigle.

Dans son existence car, sérieux, ça sert à quoi d’avoir un nombre de polygone affiché très élevé si les possibilités d’interactions avec l’environnement ne sont pas lisibles sans cette mécanique? (Ce reproche est d’ailleurs toujours valable sur bon nombre de jeux sortit jusqu'à aujourd'hui.)

Dans l'exécution, Quantic Dream a réussi à rendre cette mécanique à l’époque déjà poncée jusqu’à la moelle encore plus chiante, applaudissez bien fort ces gogols qui ont décidé de figer le temps et le déplacement des personnages lorsqu’on passe la zone au scanner. Pour l’appropriation de l’environnement on repassera.

À la limite, on peut dire que c’est un parti pris pour permettre au joueur de prendre mesure de la vitesse de traitement des infos et de prises de décisions des androïdes?

Ok. Mais alors pourquoi certains choix de dialogues sont chronométrés? L’androïde ne pourrait pas aussi “figer le temps” à la manière du scan pour réfléchir à la meilleure réponse à donner?

Ou alors, là c’est la convention du jeu narratif à imposer des choix chronométrés qui prend le dessus sur la cohérence entre diégèse et gameplay?


Pire encore, ce scanner a la bonne idée d’afficher en gros l’objectif du joueur pendant 3 longues secondes, couvrant ainsi jusqu’à la moitié du champ de vision du joueur.

David, me prendre pour un débile, en me rappelant de façon aussi forcée ce que je dois faire à un endroit, alors que ça a été dit dans un premier temps ou je n’avais rien d’autre à faire que de regarder des personnages uncanny discuter, pourquoi pas, hein. Mais fais le de façon un peu plus efficace, et sans saboter un outil que tu admets toi même être nécessaire, non?

A moins que justement, il arrive des séquences où rien ne nous est expliqué en jeu, mais où l’histoire doit avancer malgré tout, alors flemme. Le joueur qui aura tenu + de 6 heures à interagir avec cette bouse prétentieuse se contentera bien de la solution facile qu’on lui proposera.


Et enfin, les fameux QTE! Qui sont déjà une plaie en soit, mais que Quantic Dream a décidé d’épouser pleinement. Je ne vais pas me plaindre de leur existence, je savais dans quoi je me lançais, par contre je ne m’attendais pas à un ratage complet sur ces derniers.

Pourquoi dans une même séquence de course poursuite avec des obstacles à sauter, un coup c’est croix, un coup c’est triangle? C’est juste pour le plaisir de me voir me vautrer ou créer artificiellement de la tension? Ce genre de micro contradictions, y en a tout du long, on souffle.

A quelques exceptions près, manette en main, je ne me suis jamais senti investi dans l’action. je faisais juste avancer l’histoire. Point.

Mais pire encore, tout le long du jeu, lorsqu’on est amené à marteler une touche pour réaliser une action, une jauge se remplit jusqu’à ce que cette action soit réalisée avec succès. Tout le long du jeu, jusqu’à un moment précis, où malgré avoir réussi à remplir la jauge, il se trouve qu’il fallait continuer à marteler. Je reviendrai sur ce moment crucial de l’histoire plus tard mais retenez bien que Detroit Become Human, dans son gameplay, et comme nous le verrons plus tard dans sa narration ne se gêne jamais pour contrevenir aux règles qu’il avait précédemment établies.


Et la vérité, je veux bien me contenter de peu en termes de gameplay et d'interaction avec l’environnement. Y a “pas de soucis”. Juste, si y a pas beaucoup de profondeur à ton gameplay, tu n’as pas le droit de le rater. Et pourtant, David De Gruttola réussit là encore à creuser le fond, malgré une promesse déjà bien maigrichonne à tenir.

Si le but était avant tout de nous faire vivre une aventure narrative qui nous mettrait face aux conséquences de nos choix, autant signer un deal avec Netflix pour un film interactif de con et épargner le PTSD à des devs.


Bienvenue à Android City.


Detroit Become Human nous propose un univers dans un futur proche où des androïdes remplaçant les humains pour les tâches les plus ingrates est devenu la norme. Avec pour conséquence sociale que l’on ne peut qu’aisément prévoir: l’augmentation du taux de chômage.

Et de but en blanc, le jeu n’a zero subtilité sur la place des androids, et sur où il souhaite nous emmener avec:

Ils arborent des uniformes avec des signes distinctifs, et pas des moindre, brassard de couleur bleu, bien visible, bien allumé ainsi qu’un triangle sur le poitrail, positionné de la meme facon que ceux porté par les populations déportés durant la shoah. Subtil, n’est ce pas?

Les androids ont des restrictions, seul le fond des bus leur sont accessibles, certains établissements leurs sont formellement interdit, et ce à la simple discrétion des propriétaire du lieu.

Du coup, les androids, ce sont les juifs ou les noirs (ou mêmes italiens au début du XXème en France, je veux dire, on peut voir en début d’une séquence, une porte ou il est formellement écrit “interdit aux chiens et aux androids.”)?

Et du coup, moi, dès la première heure de jeu, je souffle. Les thématiques de l’IA, c’est idéal pour parler existentialisme, réfléchir sur ce qu’est la conscience, et même notre rapport à l’altérité. On peut aussi s’en servir lorsque celle-ci est connexe aux robots pour réfléchir à la question du travail, son organisation, sa nature plus ou moins aliénante selon les conditions. (Rappel que la première occurrence du mot “robot” provient d’une pièce tchèque, et n’est autre qu’un mot dérivé du terme “travail”)

Là, on comprend d’emblée qu’on sera dans rien de tout ça, ou seulement de façon éparse, superficielle. Dans ce jeu, la proposition sera un mix-bag des lois Jim Crow et le 3eme Reich, avec les robots dans le rôle des juifs, noirs, homosexuels et autres marginaux. Ou devrais-je dire, déviant, puisque c’est ainsi que sont qualifiés les androids qui outrepassent leur programme initial et développent un “libre arbitre”.


D’aucuns, parmis les gentils, seraient tentés de voir par là une opportunité de traiter des sujets durs sans pour autant heurter directement la sensibilité des populations victimes de diverses oppressions, après tout, il est déjà courant de se servir de différentes especes inteligentes dans la fantasy pour traiter de discrimination, pourquoi s’en priver dans la SF avec ici des robot?

Et bien, dans un premier temps, j'émets déjà des doutes sur la pertinence de ce procédé bien souvent casse gueule. Les orcs, les elfes, les nains et autres dragons intelligents sont distincts par des caractéristiques biologiques suffisamment fortes pour les classer dans des espèces différentes. L’argument O combien raciste “Ils sont pas comme nous” est ici d’un point de vue strictement scientifique, vrai. On peut évidemment en dire autant des androids.

Mais au-delà de ça, la sentience, -capacité de ressentir des émotions, de faire vivre une culture, un langage, tous ces attributs qu’on associe quasi exclusivement à l’Humanité. Dans le postulat de base des univers de fantasy tout ceci est présent chez ces dites espèces. C’est ce qui fait que dans The Witcher 3, je comprends les états d'âmes de Geralt lorsqu’il est confronté à une créature intelligente que les paysans du coin lui ont demandé de tuer. Le dilemme est réel, la résolution de celui-ci est donc engageante pour le joueur.

Ce n’est pas le cas dans Detroit, où il n’y a rien, absolument rien qui te permet de croire que ces androids sont véritablement sentients. Tous les comportements de ces androids déviants sont explicables par des dysfonctionnements, et le jeu joue constamment sur cette ambiguïté sans jamais nous donner véritablement matière pour trancher dans un sens ou un autre. Manque de couilles, ou de décence quand il s’agit ensuite de nous mettre dans des situations immondes, référençant les moments les plus sombres de notre Histoires et même du quotidien comme un ado edgy en manque d’inspiration pour sa dystopie.


Parce que le David aura beau être contradictoire sur le propos de son jeu en interview, c’est son propre jeu, de façon plus ou moins extradiégétique à travers l’android qui nous accueille dans le menu principal qui nous rappelle que la ville de Detroit était un pivot du railroad, (réseau de passage d’esclave en fuite vers le Canada) entre deux citation de Martin Luther King.

C’est dans son propre jeu, que la coordinatrice afro-américaine de l’équivalent robotique de ce réseau nous dit: “C’est grâce à des gens qui voyaient l’Humanité en nous, nous aidant à fuir l’oppression, qu’aujourd’hui mon peuple est libre”. Dans un jeu sorti en 2018, à une époque où les meurtres d’afro américains par la police étaient quotidiens, le boug nous a pondu ce dialogue. Putain de merde, j’y crois pas.

La vierge, l’enragé, et le bon soldat.


A travers ses trois personnages, le jeu nous propose de vivre cette “lutte d’émancipation” sous trois perspective:

Le leader politique, à la limite du chef religieux.

L'oppressé activement complice de l’oppression.

La victime qui n’a absolument rien demandé, essayant de survivre malgré la montée des tensions politiques entre humains et androids.


La vierge.


Et je vais commencer par l’arc qui m’a le plus révolté tellement, au-delà de l’indécence est juste abjecte: Kara et la petite qu’elle prend sous son aile.

David, petit fils de chien de Gruttola, c’est quoi ton problème avec les femmes?

A quel moment ce détraqué s’est dit “Je vais mettre en scène une violence conjugale, sauf qu’en fait le joueur doit faire des QTE dont dépendent la survit de la femme et de l’enfant victime de ces violences?” sans personne pour lui dire que c’était une idée de merde?

C’est juste immonde, aussi bien l’idée que l'exécution. Parce qu’à la limite, press x pour prendre la petite, pousse le joystick pour courir vers la sortie, ça aurait été bizarre, mais au moins on aurait été épargné de ce déchaînement de violence gratuit. Oui les deux sont des robots, (Et encore, à ce stade du jeu, beaucoup sont passés à côté de cette info concernant la petite) mais de l’extérieur, qu’est ce qui les différencie des humains à part la diode et l’uniforme de Kara? Le pire, c’est que même en réussissant tous les qte, on peut voir todd frapper la gosse en 4k 60 FPS, plan fixe et rapprochée sur le visage choquée de la gamine.

C’est limite si on le voit pas baver en retirant sa ceinture.


Outre le fait que cette séquence est sans doute l’une des, si ce n’est la pire représentation de VSS qui n’ait jamais eu lieu dans l’histoire de tous médiums confondus, ne serait ce que dans le portrait du père violent. C’est absolument dégueulasse de laisser le joueur ou la joueuse décider de où ça va, et a fortiori de le rendre responsable, par ses choix ou son exécution de l’issue de cette dernière.

Imaginez deux secondes, une personne victime passée de violence domestique, qui foire pour une raison où une autre ces QTE et se retrouve alors spectatrice d’un féminicide et enfanticide?

Ou sans même le foirer, se retrouve à nouveau confrontée à ces scènes de violences non skippable, ou la caméra filme les cris, les pleurs, les râles, de façon pornographique.

Quid de toutes ces victimes encore à ce jour, particulièrement des enfants qui sont absolument sans recours et ignorés par toutes les institutions, de ces femmes sous emprise financière de leur bourreau. C’est quoi le message? Soyez forte et courageuse, en vrai c’est pas compliqué, juste barrez vous? Va te faire foutre David.


La suite, c’est un enchaînement de situations particulièrement malaisantes, des séance de torture porn, des séquences de jeu où là encore, le destin d’une gamine martyre est entre nos mains. Des personnages marginaux caricaturaux à souhait, qui en disent très long sur les représentations mentales de David De Gruttola, le compagnon de route qui reprend point par point l’écriture raciste de John Coffey, sauf que lui il s’appelle Luther et n’a pas de pouvoir magique. Le tout culminant évidemment à ce QTE fait pour que le joueur le foire, parce que ce serait vraiment dommage de rater la petite virée en camp de concentration.

Et que dire de plus à part que c’est indécent. Vraiment.

Kara, la petite et moult de leurs congénères androids arrivent, on les déshabille, retire leur peau, encerclés par des barbelés et mirador, il fait nuit, il neige. Le tout rend une imagerie très proche de ces images qui nous viennent en tête; des corps décharnés des déportés lorsqu’on se représente mentalement la shoah. Manque plus que le numéro de déporté sur le bras.

Et évidemment il y a des QTE pour s’évader. Si tu les rattes, au four.

Faites jouer cette séquence à un survivant de la Shoah pour voir. Je ne devrais même pas avoir à dire ça tant c’est criant de mauvais goût et d’indécence vis-à-vis de toutes les victimes du troisième Reich.

Premier degré, j’ai pas d’autre façons de qualifier ça que d’ignoble. Durant cette séquence, j’ai juste déréalisé.

Va te faire foutre David.

L’enragé.


Markus est un androïd d’aide à la personne qui vit sa meilleure vie de Sugar-Baby au service de l'équivalent Kunst de ce monde. Il dévie en s’interposant entre son daddy et le fils de celui-ci lorsqu'il vient racketter le vieux. Suite à ça, la police intervient, et tire après indication du fils sur lui. La scène est grossière, j’ai rit. On comprend bien l’intention, juste c’est pas subtil, et comment dire… Va te faire foutre David.

Suite à ça, Markus vit une renaissance dans la décharge, chargée d’imagerie christiques avant de se rendre à Jéricho, lieu de refuge pour les androids déviants. Là bas, il prendra le lead de la révolte des machines et sera amenée à décider de son orientation, qu’elles soient idéologiques, mais aussi, avec plus de poids dans la narration, ses modes d’actions, pacifiques, ou violents.

Et là encore, c’est grossier. Les modes d’actions sont incarnées par deux personnage, l’un encourageant Markus à la violence, avec des phrases type “les humains ne comprennent que ça” et l’autre au pacifisme avec des poncifs tels que “nous ne devons pas nous abaisser à leur niveau” pas de considération pour l’efficacité politique de telle ou telle actions, en fonction du contexte de la lutte, les critères sont ici purement moraux et intangibles.

Une manifestation totalement pacifique se voit tirer dessus à balles réelles par des CRS, charger pour se défendre, c’est VIOLENT et donc PAS BIEN.


Tu peux démonter un magasin cyberlife dans le but de libérer les androids qui sont à l’intérieur, tu ne tombes pas dans la violence. Par contre, tu déboulonnes une statue en face à la gloire du Colbert des robots, là t’es violent, c’est chaud.


Tous les autres androids ne forment d’ailleurs qu’une masse informe et homogène qui ne discutent jamais les décisions de Markus. Au mieux vont-ils le remercier de les avoir libéré, avant de lui demander de faire que leur mort ne soit pas vaine.

Markus est d’ailleurs un android un peu particulier, on s’en doute, puisqu’il est capable de “libérer” les androids qui n’ont pas encore dévié. Dans un premier temps, il le fait par contact physique, puis plus tard juste en leur faisant signe. Mécaniquement t’as juste à appuyer sur une touche, et ça y est, ils sont convaincus du bien fondé de la cause. N’ont pas peur. Ne repensent pas à ce qu’ils pourraient perdre en poursuivant cette voie. C’est très très la réaction d’une population dont la conscience et le libre arbitre n’est pas à remettre en cause.


Concernant les revendications, c’est copié collé sur les luttes pour les droits civiques des afro-américains, supplément sionisme. Je ne déforme rien. Lors du discours de Markus à l’Humanité, l’une des revendications que l’on peut avoir est celle d’un territoire pour les androids, reconnu comme un pays à part entière. Rappel ici que leur refuge s’appelle Jericho. Allez pas me faire croire qu'il y a zéro sous texte.


Parmis les slogans que l’on peut utiliser pour promouvoir la lutte des androids “nous avons un rêve.” Voilà.

Des machines sans une once de vie conçues pour assister l’humanité dans ses tâches les plus ingrates, qui suite à un dysfonctionnement émulent des émotions humaines = Des descendants d’êtres humains volés à leur terre natale, esclavagisé par la violence, qui cherchent alors à obtenir une reconnaissance pleine et entière de leurs droits humains.

Va te faire foutre David.


Au delà de ça, toutes les phases de jeu avec Markus nous donnent des éléments qui légitimement l’hostilité des humains à l’égard des androids:


  • Leur capacité de process un nombre phénoménale d'information en une fraction de seconde.
  • Leur force physique qui ne connaît pas d’égal dans l’Humanité. (Markus déboulonne la statue à lui tout seul)
  • Leur capacité à s’infiltrer et hacker à peu près n’importe quel dispositif ou réseau informatique.
  • Leur capacité à communiquer instantanément sans que personne autour ne puisse le savoir.

Tout ça, avec le fait qu’ils sont indiscernables des humains lorsqu’ils retirent leur diode sur la tempes, et que la plupart des déviants s’en sont pris physiquement à des personnes, déso hein, mais on aurait aucune raison de les laisser en libre circulation ces déviants.


Je reviens à l’analogie avec les histoires se déroulant dans un univers de fantasy, parce que dans la pluparts de ces histoire, lorsqu’elles sont bien écrites, si les différentes especes ont des capacités différentes plus ou moins acccrues, aucunes d'elles n'étant dans une situation d'apex, ces dernières coexistent dans un équilibre des forces, laissant la place pour trouver des intérêts commun à la coexistences, parfois frictionnelle, certes, mais toujours préférable à une situation de conflit permanent.


Pour ma part, la fin de cet arc que j’ai joué de façon pacifique, m’a hébété. Il suffisait juste de faire un gospel, et ça y est, Hillary Clinton elle-même ordonne le cessez le feu en dépit de tous les flics et civils tués par des machines au cours des derniers jours.

En dépit des pertes absoluments colossales pour une économie reposant sur le travail gratuit de ces machines, et la vente de ces dernières à des particuliers.

Putain, si seulement les militants des droits civiques avaient essayé ça…


Der gute Soldat.


La subtilité est morte ici, un peu à l’image du jeu dont on parle. Connor est juste un nazi. Voilà. Vous avez toujours rêvé de traquer des déviants qui se cachent dans des greniers? Votre souhait est maintenant exaucé.

Tout son arc c’est “le conflit intérieur” d’une machine entre deux camps, celui de ses maîtres, celui des siens.

Sauf qu’encore une fois, ça tombe à l’eau pour les raisons citées plus haut: Une machine obéit à un programme. Il n’y a pas de loyauté qui tienne.

C’est même confirmé par un personnage rencontré dans son arc, à savoir le créateur de ces machines. La discussion de cette séquence laissant lourdement entendre que la déviance est due à un virus de son œuvre. Pourquoi me diriez vous? Oh, il faudra lancer une nouvelle partie, avec des choix de dialogues et d'investigations differents pour le comprendre. Mdr. Va te faire foutre David.

Et vu que cet android est un android de dernière génération, j’ai estimé que pour le rp, il fallait le rendre le moins “déviants” et donc empathique possible.

Ce qui m’a amené à me faire haïr par Hank, cet espèce de stéréotype de flic désabusé par la ville corrompue qu’il avait alors juré de servir, et qui malgré sa haine déjà existante des android, a eu la bêtise de vouloir trouver en Connor un fragment d’Humanité.

Toujours déçu par Connor lorsqu’il constate qu’il est effectivement un robot, qui obéit à un programme.

Connor se voit tellement haï par Hank, que ce dernier finit par lui coller une balle dans la tête en dehors de ses heures de services. Le modèle suivant se verra à nouveau affecté à Hank qui ne souffrira manifestement d’aucunes conséquences, disciplinaires ou financières après avoir salopé son buddy à quelques millions de dollars.

Pour un jeu se voulant être une expérience narrative cohérente, c’est loupé.

Il est plus que temps de conclure.


Pardon Todd Howard.


J’avais hésité à titrer cette critique “Délire de fin de race dégénérée.” parce que je ne peux pas concevoir que ce jeu ait été écrit et pensé par autre chose qu’une personne avec beaucoup trop de pouvoir, beaucoup trop d’importance qu’elle se donne à elle-même, et en conséquence, trop peu de considération pour les critiques extérieurs qui aurait pu lui parvenir. Ne jamais prendre acte lorsque ses employés sont en souffrance au travail. Ces derniers n'étant que des outils pour sa réalisation perverse.


Je refuse de penser que parmi tous les scénaristes ayant approché de près ou de loin à ce script, aucun ne lui a dit qu’il était complètement à côté de la plaque.


Tout ce que m’évoque ce jeu, c’est l'espèce de désir malsain des populations historiquement dominante dans l’Humanité (Ici, l’aristocratie occidentale) de vouloir “savoir ce que ça fait” d'être noir, juif, ou esclave. Avec comme moteur principale à ce désir, l’intime conviction que eux, ils sauraient quoi faire pour obtenir leur liberté face un oppresseur violent et même grâce à leur mérites personnels aller jusqu’à survivre à sa manifestation la plus cruelle et déshumanisante: l’holocauste. (Kara)

Eux, s’ils étaient leader d’un mouvement de contestation pour leurs droits fondamentaux, ils sauraient mieux que les autres que malgrés les vies arrachées de leurs semblables, mener cette lutte sans trop de sang sur les mains, avec à la fin un amour triomphant, suffisant à lui même pour compenser des siècles de préjudices, que eux, ils sauraient se "contenter de l’égalité”. (Markus)

Que eux, même s’ils avaient subi le conditionnement qui va avec le fait d'être né, et conçu, éduqué et employés pour perpétuer un système violent, lorsque le système les confrontera directement à toujours plus de violence, ils sauraient faire preuve d’empathie le moment venu, et “dévier”. (Connor)


Et tous le monde a gobé cette merde, et c’est vraiment ça qui, au delà du caractère absolument nauséabond de ce titre, m’a juste plombé moralement.


Pardon Todd Howard et va te faire foutre, David De Gruttola.


Knightpin
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le 15 juil. 2025

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