Disco Elysium se veut être un rpg entièrement porté sur le système de dialogue, que ce soit avec les pnj ou les différentes petites voix dans notre tête. Ici pas de combat, pas de techniques à apprendre, de donjons ou autres. Ce qui compte, ce sont vos interactions, vos choix. Et faut bien avouer que c'est bien fichu.
Le jeu débute avec votre réveil, difficile, de ce qui semble être une cuite monumentale. Et forcément, vous êtes amnésique. Après être laborieusement sorti de votre chambre (si on peut encore appeler ça une chambre) vous finissez par comprendre que vous êtes un agent de police, ou ce qu'il en reste, venu en premier lieu pour résoudre un meurtre: un homme pendu à l'extérieur. Ce qui semble n' être au départ qu'un lynchage en règle se dévoile en réalité bien plus complexe et vous voila plongé dans un conflit entre syndicalistes et mercenaires casseurs de grève. Le mystère nous happe, et on se prend à réellement s'impliquer. La réussite du jeu vient avant tout de sa qualité d'écriture. Les personnages sont vivants, les pavés de dialogue défilent sans lasser, parfois avec un humour des plus efficace. Surtout lorsque votre personnage débat avec les différents aspects de sa personnalité.
A cela vient s'ajouter une ambiance (inspiré du steam punk), dans une ville en quasi ruine après l'échec d'une révolution communiste, et de la malheureuse disparition du.. disco. Le level art impeccable vient soutenir le tout, ainsi qu'une bande son discrète mais juste dans le ton. On s'y croirait.
Qui dit rpg dit évolution du personnage. Ici, il s'agit surtout de capacité cognitives, de perception, d'autorité, votre courage etc. Le tout influant sur les jets de dés déterminant la réussite de vos actions. Si votre perception n'est pas assez élevé, vous ne pourrez pas remarquer la petite fissure dans ce mur, ouvrant sur une cache. Rassurez-vous, le jeu est assez permissif. Il y a toujours plusieurs moyens de parvenir à ses fins, en fonction du choix d'orientation de votre personnage. De plus, le choix de votre tenue viendra apporter bonus et malus sur ces compétences ainsi que sur la perception que les autres ont de vous.
Se dégage ainsi du jeu une impression de jdr papier, moins permissif mais plus sensitif, qui le démarque assez du reste des propositions vidéoludiques.
Cependant, tout n'est pas rose. Le système de compétence et d'évolution demande un moment à être correctement appréhendé. Les allers retours, sans être interminables, sont parfois agaçants et bien des personnages ne sont là que pour la fonction qu'ils exercent au sein du jeu, sans être véritablement étoffés. Mais le plus gros défaut du jeu, c'est l'opacité de son univers. On comprend rapidement qu'il existe des factions communistes, fascistes ou encore libérales. Hélas, le tout est noyé sous un ensemble de noms, de notions, de factions, de pays.. On y comprend souvent pas grand chose et on en vient à passer les pavés de textes qui nous en deviennent ennuyants. Si cela permet d'éviter un certains manichéisme, on tombe vite dans le trop pleins d'informations, brouillant notre compréhension de l'univers qui me semble ici essentiel. Un lexique aurait été le bien venu.
Malgré cela, Disco Elysium procure une expérience plaisante, à l'ambiance marquante, qu'on relancerait bien, au vu de la rejouabilité que laisse entrevoir le titre.