Le bac à sable de l'assassin

C'est assez compliqué de traiter de Dishonored en 2025, pas parce que le jeu n'a rien à apporter ni rien à raconter, mais au contraire parce qu'il bénéficie encore aujourd'hui d'une réputation de level design et de gameplay dont on a envie de profiter comme si on découvrait le jeu le premier jour.

Bien sûr, le studio Arkane profite en France d'une renommée particulière, avec d'autres titres très bien accueillis par la critique (Prey, Deathloop, Arx Fatalis,...) ce qui explique largement l'aura entourant le nom de Dishonored. Par ailleurs, le studio s'était également fait la main en étant à la baguette du level design de l'excellent BioShock 2, Arkane arrive donc sur ce Dishonored avec l'expérience et la légitimité.

Pour le pitch du jeu, faisons simple et efficace : on incarne le protecteur d'une impératrice qui vient d'être assassinée et dont on est accusé du crime, il faut donc laver son nom de tout soupçon tout en sauvant l'empire d'un coup d'État et en mettant en sécurité la fille de l'impératrice. Nos armes pour cela : discrétion, magie, trouver des alliés et mettre sur la touche nos opposants.

Bon alors, qu'est-ce que j'en retiens ? D'abord que le jeu surprend au premier coup d'œil parce qu'il n'est pas très beau, pour un jeu de 2012 et quand on voit les autres grands titres sortis la même année (Far Cry 3, Borderlands 2, Mass Effect 3) on est forcé de constater un écart dans la qualité graphique. En réalité, quoi de plus normal puisque la production de Dishonored n'est clairement pas à la même hauteur que celle des triple A de la même génération. Cependant j'ai aussi trouvé que la DA n'est pas transcendante, c'est sympa de découvrir Dunwall et ses alentours et on comprend rapidement l'ambition steampunk / XVIII siècle qui fonctionne bien, mais une partie des choix n'a pas forcément fonctionné sur moi.

Par exemple, toute la DA autour du personnage de l'Outsider et son histoire racontée en filigrane de la quête principal, ne m'a pas vraiment emballé, j'ai pas compris tout à fait les enjeux de cette présence, ni tout à fait inquiétante, ni tout à fait intriguant. Je précise que je n'ai pas encore joué à Dishonored 2, donc je n'ai peut-être pas toutes les clés en main.

En revanche l'écriture est cool, les personnages sont marqués avec une voix et une personnalité qui restent en tête, la VF est vraiment agréable, on passe de bons moments dans les passages scriptés et les cinématiques. Le jeu n'en fait pas trop dans la mise en scène et arrive même à proposer des petites histoires parallèles à l'histoire principale alors que le déroulé du jeu et le level design sont assez peu souples avec le terrain de jeu.

Peu souple pour s'écarter de la mission principale, par contre chaque map empruntée agit sur le joueur comme un puzzle et un escape game, à savoir que l'objectif final est connu, généralement un ennemi à supprimer, mais que les manières de l'atteindre sont très diverses. C'est là une des mécaniques les plus appréciées du jeu, la possibilité de refaire de nombreuses fois les niveaux afin de découvrir et d'explorer chaque passage et chaque technique pour éliminer ou éviter les adversaires mis sur notre chemin. Le jeu est en ce sens super bien taillé, il est exigeant avec les joueurs, j'ai notamment souvent terminé un niveau en étant assez fier de moi tout en découvrant que le jeu note ma performance "chaotique", il y a donc un véritable jeu dans le jeu pour parvenir à nos fin de la manière la plus parfaite possible, à savoir sans se faire voir. On a donc rapidement envie de relancer un niveau pour tester une nouvelle stratégie d'action, le jeu dose très bien cela. Pour autant il ne nous empêche pas de bourriner par moment si on en a envie, là ou d'autres jeux d'infiltration nous feraient perdre dès le moindre moment de chaos. Pour cela, le jeu est très accessible, même si vous tenez plus du gorille que du chat dans vos approches.

L'autre gros point positif est que pour profiter des terrains de jeu de notre assassin, on a à disposition un armada offensif et de capacités magiques (pas vraiment bien expliquées dans le lore d'ailleurs) qui font de l'exploration un joli moment bac à sable. Le jeu nous amène facilement à utiliser chacune des compétences pour pleinement profiter du level design et tout cela se goupille super bien, c'est très très bien huilé, on se balade avec beaucoup de plaisir et de tranquillité (saut, téléportation, transformation,...). Sur ces points la le jeu regarde droit dans les yeux les Assassin's creed de l'époque, et c'est loin d'être anecdotique.

Il n'y a pas grand-chose de plus à raconter sur ce Dishonored, c'est très agréable à jouer, il y a de plutôt beaux décors malgré une patte graphique un peu en dessous de ce qu'on pourrait attendre. Le jeu est presque un peu court mais la possibilité de rejouer les niveaux permet en réalité d'y passer beaucoup plus de temps.

L'histoire possède des rebondissements intéressants pour la dizaine d'heures de jeu, même si certains arrivent en étant assez prévisibles. Encore un très bon jeu à découvrir en 2025, ça ne prend pas beaucoup de temps et bien que ça puisse un peu piquer les yeux ça vaut largement le détour, pour les maps à arpenter et la fluidité du gameplay.