Cette critique est écrite après avoir fini le jeu avec Corvo en Very Hard/Clean Hands/Ghost/Flesh and Steel et sans HUD.


Dishonored 2 fait partie de ces jeux (avec The Witcher 3, Alien: Isolation ou S.T.A.L.K.E.R.) qu'on aurait aimé voir sortir il y a 16 ans, quand l'âge d'or du jeu PC avait atteint son pinnacle et commençait à se fâner pour laisser place à la génération XBOX et le déclin absolu qu'elle a apporté, déclin encore bien visible aujourd'hui. À l'époque, des jeux comme Unreal, System Shock, Deus Ex et bien évidemment Thief: The Dark Project (lire ma critique) et Thief 2: The Metal Age, auguraient un futur glorieux pour le jeu vidéo sur PC. Plus complexe, plus immersif et avec des systèmes beaucoup plus poussés. Hélas...


Mais, réjouissons-nous, car Dishonored 2, et son aîné d'ailleurs, c'est vraiment l'anomalie dans le paysage du jeu vidéo actuel, un titre tellement au dessus des autres en quasi tous points que c'en est fascinant. Se revendiquant clairement de l'école de design de l'amèrement regretté Looking Glass Studios, Arkane n'a pondu que des petites merveilles depuis leur coup d'essai — et coup de maître — Arx Fatalis, au début pitché comme Ultima Underworld 3.


Dishonored 2 nous propose tout simplement le meilleur level design depuis au moins une décennie. Meilleur que celui de Bloodborne qui m'épate, meilleur que celui de Dark Souls et meilleur que celui de Dishonored lui-même, qui plaçait déjà la barre très très haut (surtout lorsqu'on le compare avec son concurrent : l'abominable reboot de la meilleure série de jeux d'infiltration de tous les temps, j'ai nommé Thi4f).


Les niveaux sont très verticaux, énormes, regorgent de passages détournés, sont tous plus inventifs les uns que les autres, proposent une multitude de solutions (pas toujours évidentes d'ailleurs, contrairement à un jeu comme Deus Ex: Human Revolution où toutes les solutions sont à quelques mètres les unes des autres en général) et surtout sont incroyablement immersifs et racontent tous une histoire par le biais de l'environnement. Entre le coin de ville très ouvert des docks, l'institut sur une île isolée où chaque recoin est visitable, le manoir mécanique dont le concept rappelle énormément la mythique The Sword de Thief: The Dark Project, ou encore la fameuse septième mission, ce jeu est un chef d'œuvre total de ce point de vue. Le seul autre jeu qui m'a récemment fait me sentir comme un gamin devant une boîte de bonbecs en explorant chaque recoin c'était The Witcher 3 qui montrait à tous ces jeux open-world ultra fades du moment qui était le boss. Pour Dishonored 2, j'ai mis en général entre deux et quatre heures par mission, sans compter les reloads. Cela m'a donné un temps de jeu d'environ vingt-quatre heures, soit grosso modo l'identique de Dishonored. Il n'y a aucune mission à jeter dans ce jeu, et plus vous avancez et meilleur ça devient ! Le level design encourage énormément l'exploration et récompense le joueur lorsqu'il joue de manière intelligente.


L'univers de ce jeu est, comme son aîné, extrêmement intéressant et Karnaca donne une nouvelle perspective sur le monde. Les textes sont tous très bien écrits, que ce soit les récits d'exploration, les lettres d'amour ou les correspondances entre nobles. L'histoire en elle-même est assez basique et pas incroyable, assez plate et manquant de rebondissements. C'est sûrement le seul défaut du jeu. Ceci dit c'est un point tellement mineur qu'on y fait vite abstraction tant le reste est génial. Le scénario du jeu est d'ailleurs beaucoup plus en rapport avec les deux DLC du premier que du scénario du jeu de base.


Je n'ai pas vraiment noté de grosses différences au niveau de l'IA comparé à Dishonored, si ce n'est qu'Arkane a calqué son modèle sur celui des deux excellents DLC du premier, The Knife of Dunwall et The Brigmore Witches, avec des patrouilles bien plus difficiles que dans le jeu de base, où la patience et l'observation sont reines pour éliminer ses adversaires les uns après les autres sans être vu. Certains passages du jeu, notamment les missions 4, 5 et 6, sont assez difficiles de ce côté si vous voulez tout explorer et assommer tout le monde comme le gros maniaque que vous êtes. Les nouveaux ennemis et obstacles sont vraiment sympas et ceux introduits dans la quatrième mission ne sont pas sans rappeler ceux dans un certain Thief 2: The Metal Age (en beaucoup plus efficaces cette fois-ci). L'IA a toujours du mal à lever les yeux mais le joueur est davantage visible si ses armes sont déployées (tout du moins c'est ce que je pense). Le joueur n'est d'ailleurs plus invisible lorsqu'il se penche, et ça c'est cool.


Au niveau technique, le jeu a eu un lancement pour le moins raté avec des performances misérables, mais le patch 1.2 a tout corrigé pour ma part et le jeu tourne parfaitement sur ma GTX 1060. Avec un petit reshade pour accentuer le contraste, ce jeu devient vite une machine à fonds d'écran, car la direction artistique est simplement à tomber. Le jeu est tout bonnement magnifique, surtout en intérieur. Certaines missions, comme les missions 5, 7, 8 et 9 sont franchement superbes, surtout la huitième et son ambiance coucher de soleil paisible. L'atmosphère du jeu est très profonde et est toujours présente. Le sound design n'est pas en reste non plus et le jeu regorge d'ambiances sonores vraiment classes. Les dialogues sont très bons, même si on entend souvent les mêmes phrases venant des gardes comme dans le premier ("Damn, I need to pee" ou "By the Outsider's crooked cock!"). Ultime pied-de-nez à Eidos Montréal, Corvo est joué par le délicieux Stephen Russell, la voix de Garrett dans Thief. Le fanboy que je suis n'a pas pu résister à faire une première partie avec lui.


La musique est plus présente que dans le premier et est aussi de bien meilleure facture. On y retrouve les thèmes classiques de Dunwall en début de jeu, mais de nouveaux thèmes vraiment classes viennent s'ajouter (le piano mélancolique d'Addermire, la guitare vaguement espagnole de la huitième mission, etc). Les briefings style The Knife of Dunwall et The Brigmore Witches sont utilisés à bon escient et sont particulièrement bienvenus.


Je n'ai pas grand chose d'autre à dire si ce n'est que si vous avez aimé le premier opus, vous allez adorer Dishonored 2. Si vous avez aimé ce jeu, vous avez le devoir de jouer à la série Thief pour quelque chose d'encore meilleur que ça ! J'aurais aimé que les mécaniques d'infiltration de Dishonored 2 soient aussi voire plus poussées que celles de Thief 1, 2 et 3 (pas de propagation du son, pas de différences de surfaces, pas de systèmes d'ombres et de lumière) mais Dishonored 2 et son aîné ne se sont jamais revendiqués comme les suites de l'incontesté maestro, et dans l'état il s'agit d'un excellent jeu d'infiltration foutrement jouissif. Un OVNI dans la médiocrité du AAA actuel. Un pur chef d'œuvre comme on les faisait pendant l'âge d'or du PC, en somme.

skacky
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Les meilleurs jeux d'infiltration

Créée

le 25 nov. 2016

Critique lue 744 fois

6 j'aime

skacky

Écrit par

Critique lue 744 fois

6

D'autres avis sur Dishonored 2

Dishonored 2
aaarthur
7

Dishonored 1.5

Après l'avoir fini 1 fois en fantôme avec Emily, une aventure de 20h+, j'en suis arrivé à la conclusion que la réalisation de ce jeu était exceptionnelle, au moins à la hauteur de ce qu'un fan du 1...

le 12 déc. 2016

24 j'aime

2

Dishonored 2
Eurytos
8

MAKE VIDEO GAME GREAT AGAIN

Dans la nuit noire, une femme se déplace dans les ruelles de Dunwall, et s’arrête devant un vieux bâtiment haut de cinq étages. Furtivement, la silhouette escalade un mur, prend de l’élan et...

le 14 nov. 2016

21 j'aime

10

Dishonored 2
Nicolas_Otter
10

Un gameplay fascinant, un monde viscéral (ou est-ce l'inverse?)

Dishonored 2 est pour moi un chef d’œuvre, et probablement un des meilleurs jeux vidéo auquel j'ai eu la chance de jouer. Maintenant que cette lapalissade a été énoncé (eu égard de la note donnée),...

le 22 nov. 2016

21 j'aime

1

Du même critique

BioShock Infinite
skacky
7

Critique de BioShock Infinite par skacky

Le paysage des FPS est-il devenu si mauvais pour que l'on attribue la note parfaite à Bioshock Infinite ? Peut-être bien, mais toujours est-il que ce jeu est loin d'être le chef d'œuvre que tout le...

le 27 mars 2013

49 j'aime

12

The Walking Dead: Survival Instinct
skacky
10

Critique de The Walking Dead: Survival Instinct par skacky

oulala best fps du momen lé gar se je sé de la bomb - des zombi reactif intelligen ki revolussionne le fps leur ia et excellent - des super sensassion de gameplé - un gross liberté daktion tu pe te...

le 22 mars 2013

32 j'aime

9

Dark Project : La Guilde des voleurs
skacky
10

Ce jeu aurait dû s'appeler Thief: No Other Game Can Be Better Than Me

Ah, Thief: The Dark Project. Quand j'y pense, et quand j'y joue, je me dis que personne ne pourra jamais faire mieux, que Looking Glass était très certainement le meilleur studio de jeux-vidéo et que...

le 7 déc. 2011

18 j'aime

12