Après avoir fini Digital : A Love Story et Analogue : A Hate Story, j'avais envie d'aller plus loin dans le Love-verse, l'univers de la créatrice Christine Love, avec le jeu qu'elle a sorti entre les deux Don't Take it Personnally, Babe, It Just Ain't Your Story. (Merci pas merci pour le titre trop long Christine.)


Dans le jeu, qui se passe en 2027, vous incarnez dn homme de 38 ans, John Rook (littéralement la version masculine de Christine Love) un ex informaticien débutant en tant que professeur de littérature dans une classe de lycéen. Au passage, en tant que professeur principal, les gamins ont tendance à se confier à lui pour savoir comment gérer leur relations amoureuses. Pour vous aider, vous pouvez consulter les réseaux sociaux ainsi que les messages que s'envoient les lycéens entre eux.


C'est son travail qui se rapproche le plus d'un Visual Novel dans le sens classique du terme, avec des personnages qui possèdent des avatars, et différents dialogues. Mais on sent la patte Love dedans avec l'ajout d'une interface et la discussion via des murs façon Facebook. Et si ces dialogues sont censés être optionnel, le jeu va faire comme si on avait connaissance en temps réel de ces informations et vous oblige à les regarder.


On a droit à un héros qui ressemble à cette série des années 80 Pause Café dans laquelle une prof venait en aide à ses lycéens et les aidaient. Ce qui explique que vous puissiez voir en parallèle leur vie privée, même si ça rend le truc d'autant plus malaisant.


J'ai le même age que le protagoniste, j'ai fait aussi des études de littératures et j'ai bossé aussi avec des adolescents. Or, si on s'attache à eux et qu'on a envie qu'ils aillent bien.... on a pas trop envie d'être leur pote. Y a un malaise, lié au fait que tu lis leur mails (et que tu as un plaisir à le faire, parce que t'as l'impression de mater une fiction adolescente à la Dawson) et qu'en même temps, t'es pas censé faire ça.


Alors, certes, on sait que les ados ont tendance à oublier la présence des adultes quand ils se sentent en sécurité (pour avoir pris des bus scolaires, la propenssion des ados à faire des conneries et à rependre leurs discussions au sujet de qui-sort-avec-qui, même s'il y a un adulte visible est assez incroyable) mais on est pas vraiment censé être leurs potes.


Surtout qu'il y a une lycéenne qui vous fait des avances. Lors de mon premier run je l'avais éconduite plusieurs fois en pensant que succomber conduirait à la ruine. Mais apparemment, on peut vraiment avoir une romance avec elle, et pour l'avoir testé, elle n'est pas extraordianaire. Ce qui était censé être mignon m'a donné l'impression d'être les agissements d'un vieux creep qui attire une gamine qui le connait depuis à peine deux jours. Mais bon, le jeu a littéralement pour titre "ne le prend pas personnellement, c'est pas ton histoire" du coup, je suppose que c'est censé être voulu. (Mais beurk.)


Après, j'aime l'idée que l'on joue un professeur persuadé qu'il sera le meilleur prof du monde, qu'il va être apprécié de tous (il leur fait lire Battle Royal) et qui s'aperçoit que c'est loin d'être facile. Le fait qu'il soit très insécure sur son taf m'a donné quand même une impression bien plus réelle.



Du reste , je suis aussi déçu par plusieurs trucs :



Deception 1 - Suspension étrange d'incrédulité


L'un des gags, c'est que Love a voulu placer son intrigue 15 ans dans le futur mais 8 ans plus tard, son jeu est déjà daté. La façon dont parle les personnages (notamment Kendall qui est un "second avatar de Christine Love") est clairement celle des jeunes geeks des année 2010, au point qu'elles sont déjà passées de mode, vu qu'on y trouve des expressions comme "u mad, bro ?" "No fuck was given today" "lololololol" "rofl". Idem pour l'utilisation très "Facebook" des réseaux sociaux du jeu avec un mur sur lequel les gens postent des trucs. On est à peine 10 ans après et ceux-ci sont devenus ringard... à cause du fait que les adultes pouvaient lire les messages alors que les jeunes voulaient échanger entre eux (or le jeu dit exactement l'inverse.)


On y trouve aussi une sorte de 4chan nommé "12 channel" et les discussions nulles qui font très 2010, notamment un visual novel porno qui a ému un des utilisateur rappelle complètement la controverse autour de Katawa Shoujo à cette époque. Ce qui est d'autant plus bizarre vu qu'a un moment un gosse en traite un autre de Weeaboo, ce que le personnage principal ne semble pas comprendre, alors que s'il fréquente un channel dédié au manga, il devrait complètement y être.


Du coup, je ne comprends pas pourquoi le 2027, parce que ça fait très bizarre d'entendre des jeunes nés en 2010 parler comme des jeunes DE 2010. Ce qui est d'autant plus frustrant, vu que son précédant jeu, Digital reproduisait les discussions de la fin des années 80 au poil de cul près.


2 - Absence de lien avec le reste du Love-verse.


J'avais adoré le fait que Digital et Analogue se passent dans le même univers, qu'il y ai des ponts et un miroir entre les deux jeux. Or, ici, c'est bien plus évasif. Alors, certes, on a la marque "Amie" qui reste (notamment le Facebook local qui est appelé AmieConnect.) Certes, il y a quelques privates jokes, vu que les personnages vous spoilent l'intrigue de Digital : A Love Story (ainsi que l'intrigue du jeu auquel vous êtes en train de jouer si vous faites bien gaffe) et un gag si vous avez une sauvegarde de Digital sur votre ordinateur mais ça va pas bien loin.


3 - Absence d'ambition du titre.


C'est surtout ça le pire, notamment quand on le compare avec Analogue. Alors, oui, il y a une continuité avec le thème de la discussion privée et le fait de fouiller l'intimité des gens... mais elle est vite balayée du revers de la main.


On est clairement dans une histoire d'amourettes adolescentes avec une multiplicité de choix, ce qui fait de ce jeu quelque chose de sympathique, avec des personnages attachants, mais... je l'ai trouvé au final plutôt dispensable. Je pense surtout qu'à l'époque de sa sortie (2011) il a du détonner par sa différence par rapport aux autres visual novel, mais en regard de la production qui a suivi (notamment un Life Is Strange qui s'empare de thématiques similaires) le jeu en devient peu surprenant.


Donc, ouais... mouaif.


Jeu fini en 4 ou 5 heures.

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le 23 avr. 2020

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Mad Dog

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