Depuis l'achat de Bioware, EA n'aura cessé de perturber le processus créatif du studio. Aujourd'hui il n'en reste quasiment plus qu'un nom évoquant le souvenir d'un fleuron de l'écriture dans le jeu vidéo.
Comme les derniers jeux du studio, Veilguard porte les cicatrices d'un développement chaotique, plombé par les idées à la con de marketeux. Comme à chaque fois, l'écriture, autrefois la grande force de Bioware, est impactée par les errances du développement (Mass Effect 3 et Andromeda, Dragon Age 2 et Inquisition). La croyance en un miracle lors du crunch final ne suffit plus. Cette fois la magie ne prend pas.
Le jeu est beau, agréable à prendre en main et puis c'est tout. Comme pour Inquisition, le passé de jeu-service de Veilguard noie l'expérience dans une sauce insipide et répétitive qui suscite le même ennui qu'un Diablo 4.
Mais là n'est pas la grande déception du quatrième Dragon Age. C'est bien l'écriture qui échoue à susciter la moindre emotion. Loin de moi l'idée de me joindre aux lamentables polémiques liées au militantisme du soft (le mieux c'est ceux qui parlent de trahison: ils n'ont pas joué aux autres jeux du studio, c'est évident, alors pourquoi parler de trahison?). Non, au delà même de personnages clichés sans grande saveur et des péripéties vues et revues, c'est cette insipide et indigeste guimauve pseudo humoristique qui noie l'excellent world build de Dragon Age.
Aucune possibilité de jouer le mal, quasiment aucun conflit dans l'équipe, aucune once de méchanceté. Que de la bienveillance de livre éducatif de maternelle. Et du coup, aucun dilemme, aucun enjeu. Il manque aussi un travail de liant (par manque de temps certainement) chaque segment du jeu (des quêtes secondaires aux arcs des compagnons) est trop visiblement ecrit indépendamment des autres sans effort pour rendre ça un minimum organique. Cela souligne malheureusement les défauts d'écritures de chaque segment qui n'a pas de structure narrative forte pour le soutenir et il en résulte un jeu désincarné et c'est un crève-coeur de dire ça d'un jeu Bioware.
Parce que si on suit l'évolution de l'organigramme du studio, on comprend vite qu'il n'en reste plus qu'un nom.