Plus une réflexion sur le film et surtout son accueil qu'une vraie critique.
Je commencerai par préciser que j'ai bien aimé le film et que je pense même que je sous-note un peu.
Les réactions au nouveau film de PTA me laissent, comme souvent circonspect. Certains crient dors et déjà au chef d'œuvre (et ce n'est certainement pas mon PTA préféré) d'autres hurlent à la démagogie. Presque tous parlent d'un film politique.
Or à mes yeux, si le film est très courageux par les thèmes très actuels et brulants qu'il aborde. Je ne le trouve pas vraiment politique.
Si les défenseurs d'un ordre suprémaciste sont ridiculisés et clairement présentés comme les méchants de l'histoire. Leurs ennemis jurés révolutionnaires sont aussi raillés et ramenés à des aspirations assez médiocres (obsédés du cul, accros à l'adrénaline, drogués, souvent pathétiques). Tous trahissent (sauf Leo et Benicio évidemment). Surtout, leur message révolutionnaire est expédié quand il est seulement intelligible. Un exemple qui m'a marqué: une braqueuse se lance dans une tirade emphatique où elle explicite le message de son action, un coup de feu lui coupe la parole. PTA aurait pu montrer ce laïus dans son intégralité lors d'un braquage précèdent, mais il ne le fait pas.
En renvoyant un peu ces deux camps dos à dos et en diluant leurs idéaux pour valoriser une relation entre des individus face à une vision de la lutte empreinte d'un certain fatalisme, PTA défend plutôt un statu quo. On a vu plus engagé. Certes, le film en profite pour disséminer ça et là des punchlines révolutionnaires et en concluant son film sur un "le combat continue" porteur d'espoir. Mais c'est bien sur un DiCaprio à la flamme éteinte, résigné, avec son joint que le film se termine.
Quand au détracteurs qui hurlent au film woke et démagogique, le film est clairement une farce. Encore une fois si les suprémacistes sont caricaturés et ridiculisés jusqu'à l'extrême (pas le plus grand rôle de la carrière de Sean Penn), les révolutionnaires sont aussi caricaturés et leur revendications diluées. PTA leur préfère les figures moins clivantes d'un Leo rangé des voitures et d'un Bencio Del Toro plus porté sur l'entraide sociale que la lutte armée.
Attention, ce n'est pas forcément en défaut. Ca dépend ce qu'on vient chercher dans le film.
L'action politique est un sujet du film et plus une toile de fond. Le film n'a pas de message politique clair à mes yeux, hors d'une célébration pas très musclée de l'esprit de résistance. Ca n'en fait pas un mauvais film pour autant et, encore une fois, je pense qu'il va bien vieillir dans ma tête, mais j'ai l'impression que son accueil passionné fantasme un peu ce qu'il raconte réellement. PTA revient encore et toujours à une autre histoire de parenté/filiation compliquée. Le sujet central de son œuvre.
Et en fait ça me gonfle qu'une énième fois, une œuvre et sa qualité soient confondues avec son sujet. J'ai l'impression que les spectateurs rédigent leur avis pendant la séance en ne suivant le film que d'un œil.
PS: Une autre réflexion qui me vient. Une Bataille après l'autre est souvent comparé au cinéma de Tarantino. Or pour moi, si il y a un cinéma que PTA va clairement chercher sur ce film, c'est celui des frères Coen. Sans jamais être aussi drôle ni amener aux mêmes abimes existentialistes.
La partie technique du film (réalisation, photo, montage, musique) est phénoménale. A part un Sean Penn en roue libre, le casting assure.
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Créée
le 13 oct. 2025
Modifiée
il y a 7 jours
Critique lue 18 fois
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