Dragon's Dogma: Dark Arisen
7.3
Dragon's Dogma: Dark Arisen

Jeu de Capcom (2013PlayStation 3)

Fort de son gros million d'exemplaires vendus, Dragon's Dogma revient faire parler de lui dans une version (dite) supérieure qui vient ajouter tout le contenu supplémentaire sorti entre-temps, Capcom ayant de plus effectué un travail de rééquilibrage sur son bébé. Attrayant sur le papier, mais qu'en est-il manette en main ?

Rien de neuf à signaler au niveau du scénario, celui-ci mélange toujours histoire principale et quêtes apportant des développements parfois intéressants. Ces annexes permettent de suivre des intrigues dont vous serez le seul décisionnaire quant à leur dénouement. Il existe souvent une solution alternative pour mener votre mission à bien, même si ça ne saute pas aux yeux, mais un peu de déduction permet de vite s'en apercevoir. Tout ceci est de plus agrémenté de cut-scenes et de cinématiques récompensant les efforts du joueur.

Vous disposez de la possibilité d'avancer à votre guise dans le jeu. Les nombreuses missions ont de quoi vous occuper un bon moment, d'autant plus que les différents packs de quêtes issus des DLC vous tomberont joyeusement dessus sans crier gare. On dénombre plusieurs centaines de missions, allant de la récupération d'objets en tout genre à l'escorte de PNJ, en passant par l'extermination de monstres. Pratique pour explorer la carte et les différents donjons du jeu, crafter et récupérer du matériel de qualité, ou s'en mettre plein les poches.

Quant aux quêtes annexes issues des PNJ, il vous faudra les chercher par vous-même, rien ne les indiquant hormis le point d'interrogation au-dessus du principal concerné. Sachant qu'elles ne se débloquent qu'en fonction de votre progression et qu'elles peuvent définitivement disparaître si vous ne les faites pas à un moment donné, vous allez goûter aux joies du backtracking à outrance pendant une bonne partie du jeu, d'autant plus que la map n'est pas petite. Il sera heureusement maintenant possible de monter son réseau de téléportation via les "portacristaux" qui, une fois dénichés, peuvent être placés où bon vous semble sur la carte, dans une limite de dix exemplaires. Ceux de Gran Soren et, nouveauté, de Cassardis, n'entrant pas en compte. Grâce aux pierres de téléportation, vous traverserez le pays instantanément.

Pour progresser dans votre aventure, vous ne serez pas seul. En plus de donner naissance à votre héros via le créateur de personnage très complet, vous façonnerez votre pion, qui sera votre meilleur allié en combat. Le pion apprendra en étant à vos cotés : plus il combattra et explorera, plus il en saura sur le monde qui l'entoure. Il vous indiquera régulièrement les points faibles des ennemis, ou la marche à suivre pour progresser dans votre quête, à condition bien sur d'avoir déjà acquis ce savoir. Recruter des pions et surtout se faire emprunter le sien par un autre joueur permettra d'acquérir de nouvelles connaissances. Vous pouvez les recruter sur le terrain en leur parlant, ou en touchant une pierre de faille qui vous donnera la capacité de faire des recherches personnalisées et donc d'avoir l'embarras du choix. Le recrutement est gratuit pour un pion de votre niveau ou inférieur, négociable via cristaux de failles pour ceux d'un plus haut niveau.

Les pions sont assez autonomes. Donnez-leur une pioche et ils iront crafter tout seul dans les coins prévus à cet effet. Confiez-leur une lanterne et ils l'utiliseront la nuit tombée. C'est d'ailleurs plutôt agréable d'avoir des équipiers organisés qui vous allègent dans les tâches récurrentes. En plus de tout ce savoir-faire, ils seront la source principale du background du jeu durant votre exploration de la carte ainsi que durant vos visites de villes et donjons et leur IA est correcte, beaucoup plus que celle des PNJ, inexistante. Mais ce système reste perfectible dans les combats les plus durs, au cours desquels on ressent le manque de réactivité et les problèmes de placement des pions.

Niveau personnalisation, trois classes de départ sont disponibles (guerrier, rôdeur et mage), qui une fois montées au rang maximum permettront d'en débloquer trois nouvelles (champion, chasseur et sorcier). Choisissez-en une pour vous et votre pion, et n'hésitez pas à recruter des alliés de classes différentes. Une équipe variée permettra de s'en sortir contre des ennemis plus forts et de parer à toutes les situations. Vous pourrez recruter au mieux deux pions de plus, portant ainsi votre groupe à quatre combattants.

Les classes permettent d'acheter des skills en échange de points de compétence. Plus vous combattrez, plus vous en obtiendrez, et plus vous tuerez d'ennemis, plus votre rang de classe augmentera, vous donnant par là même accès à de nouvelles compétences. Vous pourrez équiper ces dernières à vos armes, dans une limite de trois, chacune d'entre elles assignée à une touche. Sortez l'arme en question avec la gâchette associée à cette dernière et déchaînez vos talents de combattant. En plus de ces compétences actives, des passives pourront être sélectionnées, dans une limite de six. Tout un tas de choix sont disponibles, comme augmenter sa vie, sa force, sa défense, ainsi que des augmentations de stats se déclenchant dans des conditions spéciales. Devenir plus fort au seuil de la mort ou avoir plus d'endurance durant la nuit ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres. Ajoutons enfin les talents uniques à la classe de votre personnage, telle l'esquive pour le rôdeur/chasseur.

En plus de tout ceci, trois classes « bâtardes » combinant des compétences propres à celles d'origine viennent s'ajouter aux possibilités. Paladin, archer-mage et assassin vous permettront de mélanger les styles et d'avoir plus d'alternatives de personnalisation.

Comme dans tout bon Action-RPG, les combats se déroulent en temps réel. On trouve deux coups basiques, un fort et l'autre faible, et bien sûr les compétences d'arme que vous avez préalablement assignées. Ces dernières utilisent de l'endurance, tout comme courir, soulever quelqu'un ou rester accroché à un ennemi. Il faut bien surveiller sa jauge d'endurance, car si elle remonte toute seule avec le temps, se retrouver à sec entraînera l'immobilité du personnage pendant un temps limité, vous exposant aux coups adverses. Il sera possible d'utiliser des objets en plein combat, via l'inventaire, qu'il faudra ouvrir pour sélectionner l'objet que vous désirez utiliser. Aucun système de raccourci pour les consommables n'est à mentionner, l'ergonomie en prend par conséquent un sacré coup et rend les passages forcés dans l'inventaire fastidieux.

Vous pouvez dans le même temps donner des ordres aux pions, comme les envoyer en éclaireur, leur dire de rester à vos cotés, ou appeler à l'aide. Et c'est tout, trois pauvres petits ordres, réduisant une éventuelle partie stratégique dans les combats à peau de chagrin. Dommage, surtout avec le potentiel qu'offrait cette feature. Cela dit, les pions ont leur propre caractère, et il n'est pas rare que ceux-ci n'en fassent qu'à leur tête. Un coup d'œil au profil permet de se faire une idée de leur comportement sur le terrain. Un pion affublé du comportement « gardien » vous protégera avant tout quand les « archiatres » penseront à sauver leurs fesses en priorité. On compte en tout une grosse dizaine de comportements différents, un primaire et un secondaire, ce dernier n'étant pas toujours présent chez les pions. Ils calqueront leur caractère sur le votre, mais vous pourrez aussi le modifier à votre guise grâce à la chaise du savoir (un jeu de questions-réponses), ou avec des items spéciaux. Un conseil : si vous voulez éviter de vous retrouver avec un nerveux qui se met à courir dès qu'il voit un adversaire au loin au risque de décimer l'équipe pour avoir provoqué un ennemi trop costaud, évitez les comportements « provocateur » et « fougueux ». Au final, bien choisir ses pions est vital si vous voulez vous en sortir dans les situations les plus délicates.

Le bestiaire auquel on est confronté ne manque pas de variété : des classiques araignées, serpents et loups aux gobelins et bandits en passant par les chimères et cyclopes, il y a de quoi s'occuper. Si les ennemis de petite taille ne vous causeront pas de véritables problèmes, hormis en nombre, les gros morceaux feront office de boss contre lesquels la moindre erreur pourra être fatale. Ceux-ci resteront dangereux même à un stade avancé du jeu, malgré vos prises de niveau et votre équipement dernier cri.

Le jeu propose un cycle jour/nuit, qui influence grandement sur les bestioles que vous rencontrerez. Si suivre un chemin balisé en pleine journée s'avère relativement sûr selon la zone, le faire dans le noir seulement éclairé par votre lanterne a de quoi en effrayer plus d'un. Les adversaires puissants débarqueront à plusieurs et les guet-apens seront nombreux. De quoi motiver les plus froussards à dormir à l'auberge.

En plus des modes facile et normal, un mode difficile fait son apparition. Et autant dire qu'il n'y a pas tromperie sur la marchandise. Les premières heures seront violentes, et mourir sur un simple coup asséné par un ennemi aussi ridicule que le plus faiblard des gobelins ne tiendra pas de l'exceptionnel. Il faudra bien jouer de son positionnement, avoir l’œil et les réflexes, et ne pas être effrayé par un combat long et fastidieux. Sauvegarder souvent ne sera également pas de l'ordre du superflu. Avec le temps, vous gagnerez en puissance, mais les ennemis de taille devront toujours être pris au sérieux. Le post-game du jeu viendra enfin en rajouter une couche, avec de nouveaux adversaires relevant la barre d'un cran. Vous vouliez du challenge messieurs, vous l'avez.

Pour faire face à tous ces dangers, un très vaste choix d'armes et armures est présent, à trouver ou reçues en récompense des missions. Certaines sont équipables avec n'importe quelle classe quand d'autres sont réservées à certaines d'entre elles, et tout ceci sera upgradable via le marchand d'armes de Gran Soren. Vous pouvez augmenter vos armes de trois paliers en échange d'espèces sonnantes et trébuchantes ainsi que des matériaux requis. En battant un dragon, vous accéderez peut-être à un quatrième palier, appelée dragophosis, augmentant sensiblement les statistiques de l'équipement en héritant. Il y a plus de chances que cela arrive quand il est upgradé au maximum, et seul ceux portés par l'insurgé(e) peuvent en hériter.

En outre, Dragon's Dogma Dark Arisen a bénéficié de tout un processus de rééquilibrage, que ce soit au niveau des statistiques des équipements, revues à la hausse ou atténuées, ainsi que celles de certains ennemis, ou de l'économie in-game. Le tout est louable tant la différence avec la version vanilla du jeu est percevable.

Gransys est majoritairement constitué de forêts et de collines, avec quelques massifs montagneux de faible altitude. Le tout est parsemé de ruines, grottes, forts et campements. Tout ceci a le mérite d'être artistiquement cohérent avec cet univers heroïc-fantasy moyenâgeux. On regrettera toutefois le manque de vie, car un seul village et une grande ville principale, ça fait peu pour peupler un pays.

Malheureusement, cet ensemble fait peine à voir tant la technique n'est pas à la hauteur. Les textures restent pauvres, les modélisations sont parfois grossières, l'intégration des persos et des ennemis dans l'environnement demeure vraiment moyenne et la distance d'affichage ne fait que rappeler que nous sommes sur console. Quand aux personnages, ils sont assez inexpressifs, et ce ne sont pas les quelques grimaces qu'ils peuvent afficher qui changent la donne. Et ne vous étonnez pas si vous voyez apparaître des individus d'un coup à l'improviste, les longs écrans de chargement entre chaque lieu ne sont juste pas suffisant pour afficher l'ensemble des éléments. Enfin, les chutes de framerate se révèlent effrayantes pour peu qu'il y ait trop d'éléments affichés à l'écran au même moment. Qui a dit console ?

Les yeux pleurent donc, mais les oreilles se réjouissent. La bande-son achève sa part du travail en nous immergeant dans cet univers. Les thèmes de combat sont nombreux, les boss ayant chacun leur propre piste. L'OST mélange thèmes dynamiques mettant bien la pression durant les batailles et morceaux bien plus détendus dans les zones de paix. On retrouve aussi quelques pistes chantées, et les plus choquées par le morceau de J-pop de l'écran titre de Dragon's Dogma seront soulagés de voir qu'il à été définitivement remplacé. La qualité est là, la quantité un peu moins, et il est dommage que certaines pistes soient réutilisées plusieurs fois. Défaut mineur tant les mélodies sont accrocheuses.
Bonne surprise en plus pour les aficionados de version originale : les doublages japonais sont enfin disponibles ! Du travail de professionnel, touchant presque à la perfection à l'écoute du doublage de Grigori.

C'est l'histoire d'Olra, une femme bien mystérieuse frappée d'amnésie qui vous demandera votre aide en vous emmenant sur le récif de l'Amertume, zone pas vraiment accueillante, pour y percer les mystères qui s'y cachent ; et bien sûr aider la dame à retrouver la mémoire. Malgré le fait que la zone du DLC majeur du jeu soit accessible très tôt dans la partie, il est juste inconcevable d’espérer en triompher avant d'avoir roulé votre bosse. Car ce sont des affrontements de haut vol qui vous attendent, à faire passer le reste du jeu pour un grand échauffement. L'ambiance ne trompe pas : les cadavres d'insurgés dispersés partout dans ce labyrinthe cauchemardesque en disent long sur la suite. De nouveaux ennemis d'une rare violence, de nouveaux boss aussi, et un challenge à vous faire bouffer les pissenlits par la racine. Vous allez mourir souvent. Seul une bonne maîtrise de votre personnage et des choix cohérents dans vos compétences vous permettront de progresser.

Cette zone proposera par ailleurs son lot de missions annexes, certaines poussant à faire des aller-retours avec Gransys. Vous pourrez aussi perfectionner vos armes sous dragophosis via le même système d'échange de matériaux et, cette fois-ci, de cristaux de failles. Cette option est disponible via Barroch, un ancien insurgé un brin cynique que vous rencontrerez au début de votre exploration. Quand à Olra, elle fournira de multiples services, comme le rangement de votre inventaire via le coffre privé, le changement de classe, l'apprentissage de skills, mais aussi le désensorcellement d'objets maudits que vous pouvez dénicher dans ce grand donjon. Et comme il fallait bien l'idée de trop, un magasin en ligne sera accessible pour faire quelques micro-transactions. Nouveaux sets d'équipement, nouveaux looks et différents packs de cristaux de failles sont proposés. Ces derniers sont d'ailleurs totalement dispensables tant il est facile d'en récupérer dans le récif de l'Amertume.

Ce DLC vous proposera donc un post-game, renouvelant encore le contenu. Et si, après tout cela, la motivation est intacte, vous pourrez enchaîner sur un new game +, qui vous permet de conserver vos niveaux, items et votre réseau de téléportation, tout en ajoutant de nouvelles missions de chasse très juteuses ou la possibilité d'acheter les portacristaux. Mais ce n'est pas tout. Vous trouverez de quoi passer des heures et des heures accroché à votre manette.

Un dernier mot maintenant, concernant le mode speedrun. L'objectif sera de terminer le jeu le plus vite possible. Un chrono se déclenche, le jeu passe en mode offline, difficulté normale imposée, et vous devez le finir d'une traite seul avec votre pion. Toute mort entraîne un game over définitif, et tout ce que vous récupérerez pendant ce speedrun ne sera pas gardé pour votre prochaine partie. Il est évidemment conseillé de préparer celui-ci durant votre partie précédente, en plaçant de façon optimale les warp zone, en ayant l'équipement bien upgradé et un niveau le plus élevé possible.

Si on peut lui reprocher des faiblesses d'ordre technique et quelques problèmes de finition, Dragon's Dogma Dark Arisen reste une épopée marquante qui tiendra en haleine de très nombreuses heures. Un aventure grandiose à pourfendre des monstres mythiques dans un univers heroïc-fantasy fascinant, un Action-RPG d'envergure qui ne laisse pas indifférent, dans une version bien plus aboutie que l'originale.
À quand une suite ?
auty
8
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le 21 mai 2014

Critique lue 2.3K fois

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auty

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