Driver
6.8
Driver

Jeu de Reflections, Martin Edmondson et GT Interactive (1999PlayStation)

Un rugissement de moteur, des voitures filant à pleine vitesse dans la nuit éclairée d’une belle ville américaine, une sirène et des crissements de pneus. Voilà surgir Tanner et la masse de flicaille derrière lui qui ne parviendra jamais à l’arrêter. Parce que Tanner est un pilote, un vrai. Il est l'ombre sur la jaquette, sa voiture est son arme.

Et oui, Driver ça avait de la gueule. Difficile à croire quand de nos jours il est la risée de son rival de toujours, Grand Theft Auto.

Conçu par Martin Edmunson pour être un jeu de simulation de course poursuite, Driver est un vrai jeu de voiture où tout est misé sur le pilotage du joueur. La première mission du jeu est un test, une épreuve servant à déterminer si vous êtes un bon pilote pour continuer à jouer. Et dieu sait que beaucoup de joueurs sont resté bloqués sur cette phase. Moi le premier. J'avais 9 ans, c'était le premier jeu que j'achetais de toute ma vie, et je suis resté bloqué dans ce putain de parking. Frustration ultime.
Bref ! Pour justifier cette exigence, la jouabilité et la technique se devaient d’être exemplaire. Et pour un titre sorti en 1999, Driver ne déçoit pas.
Les voitures répondent au nombre de 14 et sont modélisés à l’aide de véritable modèles des années 1970, et toutes jouissent du même traitement exemplaire. La prise en main est très bonne même si technique. Tourner correctement ne sera facile qu’en ayant appris à gérer la sensibilité de chaque touche. Mais une fois les commandes dans le sang, le plaisir de la conduite est immédiat. Les sensations sont là. A chaque bond, on sent dans la manette la réaction des suspensions. A chaque passage dans l’herbe elle réagit autrement. Si la pluie tombe, la sensibilité n’est plus la même, et il faut apprendre à freiner différemment. Les voitures s’abiment au fil des impacts : on fera aisément la différence entre une bagnole abimée et une intacte. Si les collisions manquent parfois de réalisme, leur violence est bien retranscrite, même si on ne pourra s’empêcher de pester en se voyant propulser dans les airs par un choc qui n’aurait jamais du nous faire cela. Visuellement c’est joli pour l’époque et ça n’a pas trop mal vieilli, même s’il ne faut évidemment pas être allergique aux graphismes rétro.
Quand on sait que c'est le premier jeu de voiture 3D en monde ouvert (à égalité avec Midtown Madness, sorti le même mois), ces détails sont impressionnants. D'autant que le jeu reste en toute situation parfaitement fluide ! Un luxe que des jeux similaires actuels ne se paient pas.

Dans les missions, il faudra la plupart du temps se rendre du point A au point B dans le temps imparti, tout en échappant à la police. Même si les situations varient, le principe ne change jamais vraiment... mais cela dépendra finalement des choix que l'on effectue puisque très fréquemment il faudra choisir quelle mission effectuer. Ainsi pour faire les 44 missions du soft, il faudra le refaire plusieurs fois. Même si les missions sont globalement toutes sympas, certaines sont plus réussies que d'autres ou même plus faciles.
Les voitures de police sont donc nos principaux opposants. Une broutille vous dites ? Vous ne connaissez pas la police de ce jeu. En effet, les policiers ont tous été choisi dans un hôpital psychiatrique puisque ce sont tous de dangereux sociopathes. Quiconque ne respectera pas la loi sera écartelé sur la place publique, ce genre de truc.
En l'occurrence, si vous roulez à 51 km/h au lieu de 50, ou si vous dépassez d'un centimètre une ligne blanche, vous êtes condamné à mort. Le pire étant que plus vous êtes fracassé par les voitures de police, plus vos infractions augmentent car ils vous tiennent responsables de leurs dégâts. A ce petit jeu le plus gros défaut reste l'absence du compteur kilométrique sur la version Playstation, une honte dans la mesure où respecter la vitesse est essentiel.

Le scénario en revanche a tout de classique. Une énième aventure d'un flic sous couverture (pas dans son lit non...), ça ne crie pas d'originalité mais c'est efficace dans la mesure où ça nous permet de varier les situations, en effectuant des missions du côté des policiers comme du côté des truands. L'histoire est sans intérêt, elle semble avoir été un tantinet écrite, mais il y a tellement peu de cinématiques que l'on a l'impression de manquer des étapes. Un peu dommage.

Au final Driver c'était un peu le parfait concurrent du premier Grand Theft Auto à l'époque où celui-ci n'était encore qu'en vue de dessus. La conduite en 3D était un argument de taille, les quatre villes qui sont les mêmes que celles de GTA et le fait que l'on incarne un policier, soit l'exact opposé des truands de GTA.
GTA ayant fortement marqué, Driver s’est servi de cette base pour naître. Les missions sont donc similaires, le système de jeu est proche, mais l’ambiance est essentiellement différente. Mais Driver est né intelligemment : il est né en temps que révolution. Il s’agit sauf méprise du premier jeu de voiture à monde ouvert en 3D, avec pour le coup des cartes variées, vastes, que l’on peut parcourir à notre guise ! Le clipping sera cependant notre ami le plus proche, mais ça, on n’y peut rien. Driver a posé des bases immenses pour les jeux d’aventures en monde ouvert proposant des véhicules, il est un pilier dans l’histoire du jeu vidéo, et ceci mérite d’être rappelé. Il aura permis à GTA III de forger ses bases et de naître à son tour, pour former une autre révolution encore. Deux sagas plus proches que l’on ne le croit, s’étant inspiré mutuellement. Moi je dis, c’est beau. Comme tout art, le jeu vidéo évolue. Et c’est avec passion qu’on en parcoure les plus beaux éléments. Driver en fait parti lui-aussi.

Driver était un incontournable en son temps. De notre temps, il n'en reste pas moins agréable à parcourir même s'il a vieilli et que sa difficulté frustrante pourra en rebuter plus d'un. Driver est plus à faire par curiosité puisque beaucoup mieux a été fait dans le domaine depuis 1999, mais vous ne retrouverez nulle part la même ambiance, ces musiques 70's et ces hommages constants aux films et séries de l'époque. Et, avouez-le, le rétro a un charme inimittable. Les sensations de conduites toujours au top et le challenge proposé par le soft sont de bons arguments pour vous laisser tenter par ce précurseur.

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