Ça faisait longtemps que j'avais envie de découvrir la licence Mother, ou EarthBound (en occident). Têtu comme je suis, la majorité des joueurs avait beau recommandé de découvrir la série avec le deuxième épisode, je me suis dit que j'allais quand même commencer par le premier. Bien que ne m'attendant pas à un chef-d'œuvre, nombreuses étant les erreurs de jeux NES, je souhaitais à tout prix débuter par les bases, découvrir par moi-même quelles étaient les intentions des développeurs avec ce premier épisode.
Et justement, Mother oscille, non pas comme un pendule, de la souffrance à l'ennui, mais du « AH ! Ils ont pensé à ça dans ce jeu des années 80 ! » à « Ah !… c'est vrai qu'on est dans un jeu des années 80 ». Parce que ouai, mine de rien, cet EarthBound Beginnings fourmille de bonnes idées. Rien que le fait de prendre comme univers une sorte d'Amérique décalée fait qu'au lieu d'affronter orcs, gobelins et autres zombies, nous nous retrouverons face à des hippies, racailles et autres zombies (ils sont tout le temps là eux ?!)… plus sérieusement, comprenez que n'importe quoi dans ce monde peut devenir un ennemi : du mille-pattes au 38 tonnes. Dans le même ordre d'idées, les magasins vendent des objets de la vie de tous les jours et les armes que nous aurons entre les mains iront du jouet à l'arme blanche, sans pour autant déroger au principe de classe inhérent au JRPG. Encore une fois, on retrouve des spécificités inhérentes au genre, mais décalées.
Intégration plus surprenante, surtout pour un JRPG des années 80, les combats de Mother incluent un mode automatique. J'avoue avoir été surpris de retrouver dans un jeu NES cette feature qu'on retrouve, certes, dans l'écrasante majorité des rééditions de JRPG d'aujourd'hui, mais que, de ma maigre expérience dans le domaine, ne croit pas avoir vu dans une production aussi âgée. Comme quoi, c'est bien la preuve que déjà dans les années 80, les développeurs avaient compris que le farming c'était juste chiant. Bon après, et c'est justement le leitmotiv de cette critique : il y a l'idée, puis la concrétisation juste derrière, et il ne sera pas rare de remarquer que le mode automatique fait tout simplement n'importe quoi, les ennemis étant attaqué au hasard lorsque ledit mode est activé.
Dans le même ordre d'idées, des features comme le fait de devoir appeler son père pour sauvegarder ou retirer de l'argent avec une carte bancaire, bien qu'apportant une certaine dose de « réalisme » (notez les guillemets), sont plus anecdotiques qu'autre chose : le genre de feature présentes, mais sommairement exploitées. Plus positif, Mother se passe d'une world map où l'on apparaitrait comme un géant, pour se rapprocher d'une exploration plus proche de celle d'un Pokemon : ici, le monde est continu et pour accélérer nos déplacements, on pourra courir, puis prendre le train, et enfin se téléporter (bon après son utilisation est archichiante).
Histoire de parler des trucs qui sont justes chiants/frustrants, et qui l'étaient déjà à l'époque, impossible pour moi de ne pas évoquer la fréquence des combats. C'est très simple, on se fait encore plus harceler par les mobs qu'une femme sur Twitter (que vous soyez une femme ou non, il serait de toute façon temps de quitter cette plateforme fascistoïde de toute façon) : la fréquence des combats est telle qu'il ne sera pas rare d'enchaîner un autre affrontement immédiatement après avoir terminé le précédent. Inutile de dire, entre ça et le fait que certains environnements aient tendance à se répéter, que l'exploration en pâtira. Le point culminant en terme d'horreur, selon moi, étant sans nul doute la Duncan Factory : un dédale de couloirs, d'échelles et d'impasses qui se ressemblent toutes. Très franchement, je ne serais à aucun moment surpris que certains passent par un guide, voir abandonnent le jeu, à cause de ça.
Dans le même ordre d'idée, mais moins rédhibitoires, le monde est trop grand compte tenu de ce que les développeurs avaient à nous raconter. Certes, comme évoqué plus haut, on aura toujours le train et la téléportation pour accélérer nos déplacements, reste que d'un côté certaines villes seront parcourues en quelques minutes à peine, mais que de l'autre, la trop grande répétition de certains décors fera qu'on se perdra, même en sortant la carte. Pire, certains ennemis seront les mêmes que d'autres déjà rencontrés, mais avec une couleur différente. Pour le dire autrement, EarthBound Beginnings est un titre linéaire enrobé d'un emballage monde ouvert : la preuve, il n'y a même pas de quêtes annexes à proprement parlé.
On va tout de même finir sur une note plus positive, le titre ayant eu droit à son lot d'améliorations depuis 89. Premièrement, merci à l'émulation de pouvoir accélérer les combats, le genre de feature dont je n'ai pas hésité à abuser. Deuxièmement, la version GBA, modifiée par les fans, inclut un Anneau Facile. Je n'ai pas voulu l'utiliser durant 90 % de mon aventure… et pourtant, j'aurais dû l'utiliser dès le début. En l'état, cet anneau ne facilite pas tant les combats que ça : il réduit surtout leur fréquence par deux tout en doublant le gain d'XP. Bref, ça corrige en partie l'un des plus gros défauts du jeu. Dernière chose à préciser, la version GBA apporte quelques petites améliorations, comme la possibilité d'examiner et de parler en même temps, ce qui nous évite de passer par les menus pour effectuer la moindre action… même si elle apporte avec elle un bug bien chiant (mais pas bloquant) concernant un certain dragon.
Vous l'aurez compris, j'ai beau avoir trouvé ce EarthBound Beginnings loin d'être inintéressant, difficile pour moi de recommander la version vanilla. Même en partant sur la version GBA, avec Anneau Facile et émulateur, il faudra un peu s'accrocher.
Reste que, bien que pas forcément bien exploitées, le jeu est bourré de bonnes idées. Difficile de ne pas penser à un curieux et intéressant mélange entre Pokémon, South Park et des Peanuts (la version jap était tellement proche de cette licence que certains sprites ont été retouchés pour l'occident) quand on joue à cet EarthBound Beginnings. En somme, un titre frustrant, parfois laborieux, mais aussi terriblement charmant.