A l'Est, rien de nouveau ?

Le cas Eastward m'embarrasse je dois avouer. Le jeu présente des qualités certaines et j'avais très envie de l'aimer et, partant, de le surévaluer. Pourtant ses défauts finissent par peser.

La réalisation technique n'est pas parfaite mais les petites approximations restent supportables et surtout la direction artistique, l'ambiance et l'univers sont captivants, malgré certaines inconsistances, en partie liées à l'envie manifeste des développeurs d'afficher références et inspirations et en partie liées à un trop grand décalage de ton (je pense au studio de télévision ou à la naïveté charmante de Sam qui parfois se heurte à l'univers assez sombre).

En terme de gameplay on se retrouve avec un action RPG époque SNES, en vue isométrique, dans lequel on dirige alternativement nos deux héros aux capacités complémentaires. La difficulté est significative lors des combats de boss, liée à une maniabilité assez raide, des collisions mal gérées (surtout avec le deuxième personnage à la traîne) et un mauvais feedback qui ne permet pas toujours de savoir si nos attaques portent. Mais elle n'est jamais insurmontable et, à condition de venir avec des provisions, il est toujours possible de passer en force.

Le gros souci vient du rythme : Eastward est lent, voire laborieux, et le déplacement rapide proposé n'est ni utilisable en tout lieu ni tout le temps. Et l'aventure, découpée en chapitres, est trop dirigée : la liberté laissée au joueur est faible, avec un environnement limité à chaque séquence, et il est facile de se trouver embringuer dans la séquence suivante sans retour en arrière possible. Le découpage strict entre narration et jeu et le tronçonnage en courtes séquences retirent beaucoup à la dimension RPG ; j'aurais aimé que la narration s'inscrive dans la continuité ludique et pouvoir reparcourir librement les aires de jeu. Seul (maigre) tempérament : depuis la dernière mise à jour il est possible de rejouer les chapitres en post-game (pour les succès j'imagine). Mais c'est un pis aller dans la mesure où leur longueur est très inégale - d'ailleurs leur découpage semble parfois relever du hasard.

Dommage car l'exploration et ses petites mécaniques qui reposent sur la coopération entre Sam et John est assez réussie, même si le passage vers une structure plus ouverte et libre de RPG classique (c'est pour moi ce qui fait défaut dans Eastward) supposerait probablement d'enrichir l'aire de jeu de manière significative.