Quelle étrange chimère que ce Edge of Eternity.


Cela faisait plusieurs années que je regardais sa fiche Steam, intrigué par la venue d'un JRPG solo en early access. Un projet qui semblait bien trop gigantesque pour une équipe française de 9 développeurs.


Au final le jeu est sorti en version 1.0 en juin 2021 et en effet, le projet était bien trop gros pour si peu de personnes et d'argent.


Pourtant Midgar Studios avait réussi son pari en récoltant 161.000$ alors qu'il n'en demandait que 44.000. Presque 4 fois la somme demandée, et pourtant le résultat est bien tiède. Si bien qu'on se demande à quoi aurait ressemblé le jeu s'il n'avait récolté que la somme minimale.


1/ Pas ouf mdr


Fortement influencé par les JRPG classiques comme Final Fantasy ou Chrono Trigger, on peut dire que le projet n'avait pas pour modestie sa boussole. Si le jeu est resté 3 ans en accès anticipé, il aura demandé une dizaine d'année de maturité pour voir le jour.


Au final on se retrouve face à un produit qui n'arrive vraiment pas à la hauteur de ses ambitions, et se contente de cocher péniblement les cases du JRPG classique sans aucune réelle plus-value. Pourtant on ressent constamment l'envie de vouloir se démarquer, en vain :



  • L'univers combine l'héroïc-fantasy classique avec du space opera,
    mais au final aucun des deux univers ne convainc vraiment.

  • Le scénario combine les niaiseries classiques du JRPG avec des
    thèmes plus sérieux et un second degré bien dosé. Cependant on retiendra surtout le manque de profondeur global du scénario. Bien que le duo principal soit sympathique.

  • Le système de combat est un tour par tour ce qu'il y a de plus classique, mais intègre un twist via un système de placement des personnages très peu exploité et peu convaincant.

  • L’esthétique a une plastique des plus classiques bien que techniquement joli pour un petit projet, mais une direction artistique qui s'égare et peine à convaincre
    • Quelques puzzles sont présent dans l'open world, mais sont pas du tout intégré à l'univers et pas intéressants non plus.

  • La bande-son, lorsque elle est composée par Yasunori Mitsuda, remplit son devoir, mais frôle parfois le ridicule quand c'est le compositeur de l'équipe interne qui s'y colle.


Bref, un festival de contradiction qui dans une volonté de rappeler des classiques tout en innovant se casse les dents face sur son objectif.
On note également des problèmes de finition qui sont malheureusement inévitables quand on a les yeux plus gros que le ventre : gameplay sans saveur, quelques bugs, un sound design soit absent soit mauvais, une caméra capricieuse en combat, une UI digne d'une alpha, une UX très perfectible, des quêtes secondaires peu intéressantes, pas de saut...


2/ cependant lol


Vous l'aurez compris plus haut, Edge of Eternity n'est pas vraiment un bon jeu. Reste que j'ai beaucoup de sympathie pour ce dernier.


Déjà, qui peut se targuer d'avoir crée un JRPG entier, de plusieurs dizaines d'heures, à seulement 9 personnes et sur presque dix ans ? Je veux dire, c'est terriblement colossal comme objectif, et 98% des équipes auraient avorté le jeu dans l'oeuf bien avant l'early-access.
Sans déconner ça sonne pas comme un rêve de gamin ? Créer un jeu gigantesque sur le modèle de ses jeux préférés, avoir suffisamment d'argent pour payer le compositeur de Chrono Trigger/Xenogears pour son modeste jeu au budget ridicule ? C'est justement ça qui fait tout la compassion que j'ai pour ce jeu.


Ce dernier compte quand même quelques qualité qui m'ont fait continué l'aventure sur plus de 15h à l'heure où j'écris cette critique. J'ai regardé la suite sur internet après avoir ragequit un combat mal équilibré.


D'abord, et c'est jamais gagné dans un JRPG, l'histoire ne donne pas envie de mourir de malaise. Si si, c'est une qualité.
L'introduction est plutôt bonne, le duo de personnage principal est sympathique. Malgré le contexte de guerre et de pandémie les personnages gardent une touche de second degré qui est très agréable. Ils ont quelque chose d'assez humain et touchant. En somme, l'écriture est plutôt bonne malgré un scénario principal assez en deçà des enjeux qui semblent se profiler au début du jeu. Le tout est légèrement rattrapé par les rares quêtes secondaires un peu rigolotes comme celle du gars qui te fait réaliser que t'es pathologiquement obsédé par les coffres, ou celle du mentor qui te prend pour élève alors que tu lui as rien demandé et qui se souvient même pas de ton prénom.


Le tout prend vie par un doublage anglais de plutôt bonne facture. En plus ça coûte cher les doubleurs donc c'est clairement sympathique.


Le jeu a également son lot de cinématiques, certes à la réalisation et aux moyens très modestes, mais qui se montrent parfois très jolies et inspirées.


Les musiques de Yasunori Mitsuda sont parfois assez catchy, bien qu'elles soient peu mémorables.


En bref, le jeu se laisse globalement bien parcourir bien qu'il n'offre jamais vraiment de moment marquant ou de réelles qualités ludiques. Ni les musiques ni les environnements vous feront vibrer. Le tout est passable, mais respire tout de même les bonnes intentions et l'amour du jeu vidéo.


Pour 30€, le jeu peut en valoir la chandelle si vous avez un certains regard tendre meta qui viendra apaiser vos frustrations. Sinon, il est malheureusement bien difficilement recommandable à moins d'être afficionado de JRPG.


J'espère cependant que Midgar Studio pourra continuer à créer des jeux, en priant pour qu'ils se rabattent sur des expériences plus modestes mais plus marquantes.

Shiyo
5
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le 22 août 2021

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