Dans un monde où certains possèdent des lentilles magiques, la découverte d'une lentille originelle par une expédition conjointe entre l'empire et l'alliance, un groupe de petits peuples dispersés, sème le trouble. Le dux Aldric, avec son sourire malfaisant, garde pour lui les secrets de cette découverte et joue sur les divisions.
Trois jeunes héros vont voir leur destin converger face à cette menace. mais surtout, surtout... alors que l'empire semble avoir une avance inexorable, dévorant les royaumes les uns après les autres, vous allez organiser la résistance depuis une forteresse cachée. Il y a au total 120 héros à retrouver (trois peuvent être ratés, attention à vous). Vous développez votre chateau à l'aide de collectables. Des réprouvés de toutes les origines et de toutes les classes sociales se retrouvent dans votre arche de Noé. Et un bref moment, leurs destins vont s'unir sous votre direction pour mettre fin à l'oppression.
Oui, si vous connaissez Suikoden 1 et 2, vous aurez reconnu la trame, inspirée des Romans du bord de l'eau, un classique du picaresque chinois. Et les clins d'oeil sont nombreux. Parmi les améliorations de votre chateau, on retrouvera des thermes (les personnages ayant des affinités peuvent y avoir des conversations), un concours de cuisine, un théâtre (le meilleur mini-jeu, toutes les possibilités ont été doublées, c'est délirant), de la pêche, des cartes, et même... des Bey-blade (pardon, des beigomas).
L'histoire n'est pas aussi péchue que Suikoden 2 (mais qui peut égaler son début ? ? ?), et elle est assez attendue, mais elle fonctionne bien. Et puis il y a quelques surprises : le jeu a pour moi changé de dimension à partir de la quête du chateau Harganthia (une référence visiblement aux apparitions de Neclord. J'ai adoré le développement du personnage de Markus, ainsi que le destin de Perrielle.
Tout n'est pas complètement rose, et je ne prétends pas que ce jeu plaira à tout le monde.
- C'est du JRPG en tour par tour ultra-classique.
- Le système des attaques combinées aurait été à revoir. Il ne présente en général aucun intérêt (en tout cas en mode normal). C'est dommage, les animations étaient chouettes. Mais faire une attaque combinée inflige en général moins de dégâts que de laisser les personnages faire des attaques séparées.
- Idem, la magie n'est pas très attractive dans cet opus, sauf comme une grosse attaque à lâcher une fois. L'essentiel repose sur les dégâts physiques. Tant pis.
- Les batailles sont modélisées en 3D, avec de la gestion de déplacement des unités et des déclenchements de bonus, mais l'ensemble est confus et peu lisible (on ne voit pas assez les barres de vie, la caméra change d'emplacement de manière étrange).
- Les environnements 3D sont beaux ; des lieux comme le village sylvain, Yarnaan ou le château Harganthia (visible clin d'oeil à Dark souls) sont bien modélisés. Malheureusement la caméra est sur un rail, et ce rail donne une sensation un peu rigide. Les Suikoden ont souvent eu du mal avec la 3D, c'est dommage. Idem, les petits éléments de décoration donnent une impression un peu générique. Dommage. On sent un budget trop restreint.
- Le début est trop bavard pour son propre bien. Il y a beaucoup de dialogues et peu d'action. Couper quelques répliques n'aurait pas forcément été mal.
- Ha, et la traduction. Elle a valu au jeu des notes négatives, certains jugeant la traduction anglaise "woke" (soupir). Disons qu'en français, elle est très inégale. Elle alterne une truculence bienvenue (parfois un peu excessive) avec, dans les parties tutoriel, des fautes grossières qui nuisent carrément à la compréhension (on dirait de l'IA générative). Visiblement les menus et les dialogues n'ont pas été traduits par la même personne. Dommage.
Ces réserves réelles n'ont qu'une très faible importance à mes yeux. J'ai énormément aimé ce voyage, j'en ai gardé en mémoire chaque étape, j'ai énormément de questions ouvertes et j'aimerais continuer de voir cet univers se construire. J'ai retrouvé ces moments où l'on retourne sur nos pas à travers la carte, à la recherche de nouveaux alliés pour préparer au mieux l'affrontement final.
Dommage que le créateur originel, Yoshitaka Murayama, soit mort deux mois avant la sortie de ce jeu, qui fait honneur à la série des Suikoden qu'il a contribuée à forger.
C'est véritablement Suikoden 6. Et il est sur le podium de la série.