8/10 - Critique après 100 heures de jeu
Le pari réussi de l'expérimentation FromSoftware
Je ne vais pas mentir : mes premières heures sur Nightreign ont été décevantes. Le jeu me paraissait brouillon, les changements superficiels. Comme beaucoup, j'avais du mal à m'adapter et je n'aimais pas le jeu simplement parce que j'étais nul et que je voulais que ça marche tout de suite.
Première erreur : Nightreign demande du temps, de la patience et surtout une remise en question de nos habitudes Souls. Le déclic s'est fait progressivement, à force d'apprendre chaque personnage. Prenez le Gardien : il paraît nul à première vue (lent, pas de dégâts, dash avec moins d'i-frames), mais sa garde totale est hyper puissante, son ultime est la meilleure capacité de support du jeu.
Cette courbe d'apprentissage abrupte n'est pas un défaut, c'est une caractéristique. FromSoftware nous force à sortir de notre zone de confort, à oublier nos réflexes acquis sur des centaines d'heures d'Elden Ring classique. C'est déstabilisant, parfois frustrant, mais c'est exactement ce qui rend l'expérience si enrichissante une fois qu'on comprend le système.
Un genre inclassable qui fait sa force
Comment présenter Nightreign ? C'est un roguelite, mais de très loin, c'est presque un nouveau genre. Contrairement à Hades ou Vampire Survivors, les mécaniques sont celles d'Elden Ring, donc complexes. Le concept n'a aucun sens sur le papier : ce n'est pas un souls-like traditionnel, pas un battle royale, pas un survival. C'est juste un spin off développé par l'équipe B, et dans la lignée de Dark Souls 2, Miyazaki ne dirige même pas le projet.
Et paradoxalement, c'est exactement ce qui en fait sa force.
L'ADN FromSoftware reste intact - cette sensation unique de maîtrise progressive, cette satisfaction de dompter un système complexe - mais enrobé dans une formule totalement inédite. C'est comme si l'équipe avait pris les meilleurs aspects de leurs précédents jeux pour créer quelque chose d'entièrement nouveau.
Un gameplay poli et transformé
Le plus impressionnant, c'est que le gameplay reprend celui d'Elden Ring en mieux. Plus smooth, plus dynamique, avec des améliorations qui changent fondamentalement l'expérience : suppression des dégâts de chute, sprint v2, double saut pour grimper, réanimation en coop...
Ces changements transforment Elden Ring d'un jeu lent en jeu rapide où il faut aller le plus vite possible. Le sentiment d'urgence est permanent, l'adrénaline constante. Autre point crucial : les problèmes de caméra ont été largement résolus. Tous les boss majeurs évoluent dans des arènes gigantesques, et ça change tout.
Le rythme est complètement repensé. Là où Elden Ring nous invitait à la contemplation et à l'exploration méthodique, Nightreign nous pousse constamment vers l'avant. Cette fois-ci, il s'agira d'optimiser son leveling, et son loot au mieux pour avoir une chance de vaincre le boss final du 3ième jour voire même si vous voulez avoir une chance d'atteindre le 3ieme jour. Cette contrainte temporelle transforme chaque décision en dilemme.
La fluidité des déplacements mérite d'être soulignée. Le double saut n'est pas qu'un gadget : il redéfinit complètement la verticalité des combats et de l'exploration. Combiné au sprint amélioré, il crée une sensation de liberté de mouvement qu'on n'avait jamais ressentie dans un jeu FromSoftware (à part Sekiro qui va encore plus loin).
Des personnages uniques et une progression intelligente
Les huit personnages jouables sont tous uniques. Les passifs, compétences et ultimes sont d'excellentes idées, hyper bien mises en œuvre. La courbe de progression est suffisamment élevée et les combats très bien designés.
Le système de stuff différent d'Elden Ring s'adapte parfaitement au format : pendant chaque partie, on forme son équipement pour un maximum de 6 armes, 2 talismans et 4 consommables (cette dernière limite peut être repoussée). À côté, on équipe 3 reliques avant la partie pour des effets passifs ciblés.
Chaque personnage présente un gameplay unique. L'Œil Perçant est un archer qui peut bombarder de flèches à la Legolas et il est un excellent support, l'Anachorète est une magicienne centrée autour de la gestion de ressources pouvant donner lieu à 12 combinaisons de compétences différentes, la Duchesse est une classe hybride dextérité / intelligence avec une dague, un double dash, et des compétences de DPS support. Il y a aussi le perso full force avec des armes colossales, le rôdeur avec son espadon, le Joe katana qui peut tout parer comme dans Sekiro. Pour résumer, les 8 classes sont des personnages que de nombreuses personnes ont pu faire dans Elden Ring sauf qu'ici, le gameplay est améliorée avec les 3 aptitudes supplémentaires (passifs, compétences et ultime).
La coop révèle le véritable potentiel
C'est là que le jeu brille, avec des synergies entre personnages et un gameplay de support qui prend tout son sens. J'ai très peu jouer en solo mais j'ai globalement trouvé ça moins équilibré en fonction de la classe que je prenais (Œil perçant très facile, anachorète très difficile)
L'aspect social transforme l'expérience. Nightreign crée ces moments de complicité qu'on n'avait jamais eus dans un jeu FromSoftware : coordonner ses ultimes, se sauver mutuellement, élaborer des stratégies en temps réel. C'est une dimension entièrement nouvelle pour le studio. Dans les souls précédents, cet aspect était extrêmement limité.
Un manque de contenu frustrant
Après 100 heures, mon principal reproche concerne le manque de contenu. Huit boss majeurs plus leurs versions boostées, ce n'est pas assez. Le jeu offre entre 35 et 80 heures de contenu unique selon qu'on joue plusieurs personnages ou un seul.
Les idées sont bonnes mais on aimerait que ça aille plus loin. Les boss majeurs sont excellents, mais on en veut plus. Plus de reliques aussi pour vraiment varier les builds. Actuellement, on a quelques reliques trop puissantes dont on ne veut pas se passer, il en faudrait d'autres pour les concurrencer.
Mise en perspective
Quand mes amis critiquent les "8 boss" de Nightreign, je leur demande : combien de boss uniques dans Shadow of the Erdtree ? Si on enlève les moins bons boss de SotE on obtient le même nombre et les boss de Nightreign sont tous excellents, sans les problèmes de design du DLC.
Conclusion
Avec 8/10, Nightreign s'impose comme mon GOTY 2025. Le pari était risqué : au lieu de faire Elden Ring 2 (OU un deuxième DLC OU une formule facile), FromSoftware a choisi de faire le pari de l'expérimentation pure.
Nightreign n'est pas parfait, loin de là. Mais il est courageux, addictif et apporte une fraîcheur que peu de jeux osent aujourd'hui. Je le recommande en priorité aux joueurs FromSoftware aimant les défis et un gameplay dynamique.
À ceux qui hésitent parce que "ce n'est pas un vrai Elden Ring" : effectivement, ce n'en est pas un. C'est un jeu expérimental basé sur le gameplay d'Elden Ring, et c'est exactement pour ça qu'il est si rafraîchissant.