Un 10/10 pour un jeu aux allures de windows 95 - totalement assumé certes - et qui dure 30 minutes ? Oui, et je n'hésite même pas une seconde.
Je suis un énorme consommateur de romances en tout genre, et je trouve justement que l'amour est un sujet trés peu abordé dans les jeux vidéo. Pourtant, il y a beaucoup de matière. Et puis, Emily is Away débarque, et pendant 40 minutes, je me suis pris une baffe dans la gueule.
Tout d'abord, parce que je fais partie de cette génération qui, à peine rentré du collège ou du lycée, se connectait sur MSN/WIndows Live Messenger puis Facebook. J'ai littéralement baigné dans cette période où l'on voulait avoir une photo de profil sympathique - et qu'on la remarque - et un statut faisant transparaitre notre état du moment, ou les paroles d'une chanson qu'on aime. Et Emily is Away fera mouche pour tout ceux qui ont connu cet période. Parce que son design et ses effets sonores sont résolument tournés pour se rappeler aux bons souvenirs des gens comme moi. Et c'est trés, trés bien fait.
Mais surtout, et c'est de là que vient la note, c'est que le jeu parvient, avec quelques pixels et 20 minutes à brasser des thèmes forts, et créer une empathie énorme pour notre personnage, mais également pour Emily. Cette fille, on ne l'a jamais vue, on la connait depuis 10 minutes, mais on s'attache déjà à elle.
Le jeu traite à merveille
de la distance et du poids des ans qui peut avoir un impact sur une relation, tout comme il nous montre avec succès qu'une suite de non-dits, de petits actes insignifiants, de petites phrases placées ici ou là au fil des ans, peut avoir des conséquences énormes sur deux personnes qui ont chacun des sentiments pour l'autre, mais n'ont malgré tout pas réussi à finir ensemble. Et même si je ne suis pas fan de l'idée que l'on ne contrôle pas son destin, l'idée que le jeu ne peut mener qu'a un seul choix tout en nous faisant croire le contraire est absolument brillant. Some things are meant to be. Some aren't.
Comme pour tous ceux qui ont aimé ce jeu, j'ai moi-même connu ces petits instants de dragouille sur MSN/Windows Live. Je me souviens encore de ces soirées, aprés le collège et le lycée, où je rentrais de chez moi, me connectais, et me forçais à attendre que ce soit elles qui viennent me parler. Et ce petit moment de délivrance lorsque de le son de nouvelle conversation résonne. " Elles " étant ici au pluriel puisque, si je m'essayais à l'art de la e-dragouille sur la célèbre messagerie, je n'ai jamais été amoureux d'aucune de ces filles. Le message est donc un peu moins puissant et mélancolique pour moi que pour certains autres, mais reste brillant.
La fin aussi est magistrale, sincère, et apporte une conclusion énorme à un titre qu'on croyait banal au début.
Attention cependant, le jeu n'est pas un jeu de drague ou de séduction. C'est un jeu mature, qui brasse des thèmes importants toujours avec authenticité et émotion.
Quand je vois des gens qui disent être content parce qu"ils ont réussi à choper Emily, ça me désespère, ces gens là n'ont pas compris au message du jeu, autrement plus triste, mais aussi plus beau.
Quant à ceux qui osent venir donner des leçons et dire
qu'Emily est une bitch, que le jeu n'est qu'un vulgaire Friendzone Simulator, laissez moi vous rappeler que le personnage qu'on incarne est tout aussi fautif qu'elle. Il est lâche, et ce dés le début. Il a peur d'avouer ses sentiments, et même d'écrire quelque chose qui pourrait lui mettre la puce à l'oreille. Et oui, Emily est une drama queen en puissance, mais encore une fois, il faut réussir à être réaliste : de mon expérience, 95% des gens - femmes et hommes - sont comme ça. Ils font des histoires pour tout et pour rien, et ça finit souvent mal. Pour finir, arrêtez avec cette histoire de Friendzone. Le concept en lui même est assez naze.
Bref, 10/10 peut sembler exagérer, mais la note n'est pas tant donnée par la qualité intrinsèque du jeu que par l'exploit invraisemblable qu'il parvient à réaliser. C'est a dire nous émerveiller, nous faire ressentir des émotions, toucher juste, et tout ça, en 30 minutes, avec une apparence de Windows 95. Le seul jeu romantique auquel j'ai joué, et il est brillant. Le tout, gratuitement. Pour peu que vous ne soyez pas un gros bourrin niveau sentiments, foncez ! Parce qu'Emily is Away est, pour moi, un jeu absolument majeur et un véritable exploit. J'y reviens souvent, à la fois pour me re-transporter dans ma "jeunesse", mais surtout pour son message tellement intelligent et pertinent.