La Réincarnation

F-Zero 99 pourrait bien paraître, au coup d'oeil, comme un réchauffé un peu cheap d'une formule vieille de 30 ans… Se limiter à cette première impression, toutefois, est fort trompeur. L'équipe de développement, formée par Nintendo of America, est composée de vétérans forts d'une expérience acquise sur d'innombrables titres de la marque, notamment un contingent de contributeurs au très original Snipperclips. Et avant de s'y mettre, ils ont de toute évidence fait leurs devoirs sur la série. Je relisais ma propre critique de F-Zero X en préparation de celle-ci, et je dois bien dire que nombre de mes commentaires sur ce monument de la course en jeux vidéo pourraient très bien s'appliquer à ce nouvel opus.

Utiliser le plus de boosts possibles pour tout juste survivre jusqu'au tour suivant, au risque d'exploser à la moindre erreur.

Avec son système de point façon NASCAR qui favorise la régularité, parfois, une attaque bien placée est la seule façon de finir devant aux points. Contrairement à ma première impression, cet aspect du jeu apporte donc une richesse supplémentaire sans rien enlever au pilotage.

Ceci dit, F-Zero 99 n'emprunte pas aveuglément: le système de boost, les points en Grand Prix, et l'une des attaques sont importées, mais d'autres changements ne le sont pas. Les "bumpers" ou escargots du jeu SNES sont de retour, avec des changements subtils mais déterminants. L'addition d'une "skyway" est un autre changement dramatique, que l'on pourrait vaguement comparer au "bullet bill" de Mario Kart, mais bien plus satisfaisant en termes de possibilités tactiques.

Tout cela et je n'ai même pas encore mentionné le changement le plus important, l'addition que tous les joueurs de F-Zero avaient réclamée, d'autant plus fort après les derniers commentaires de Miyamoto sur la série, quand il déclarait ne pas avoir d'idees pour un nouveau F-Zero: le multi-joueurs en ligne. Et là, avec 99 pilotes dans la course, on ne peut pas dire qu'on est mal servi! Je ne vais pas mentir: ça ne sera sans doute pas au goût de tout le monde… Si vous êtes ici pour gagner toutes les courses, il va falloir vous lever tôt le matin. L'opposition est forte, ne manque pas de temps pour pratiquer, et n'aura pas de pitié. Finir dans le top 25 sera déjà pas mal pour commencer. Heureusement, le jeu tient compte de votre niveau, et essayera de vous associer à quatre "rivaux" d'une compétence comparable. Vous gagnez des points en battant vos rivaux, en finissant des courses, en obtenant des "KO", c'est-à- dire en achevant un adversaire avec une collision et/ou une attaque… Ces points vous obtiennent des tickets, qui vous permettent de participer aux Grand prix. Vos exploits, placements, points, etc, vous permettent également d'obtenir des badges, skins et décals pour customiser les machines, ainsi que votre carte de pilote, que les autres joueurs peuvent voir s'ils sont vos rivaux. Tout ceci est cosmétique. Au final, pour gagner, il vous faudra une maîtrise parfaite, la capacité de prendre la bonne décision en un instant, et de résister à la pression… et finalement un peu de chance!

Après plus d'une centaine d'heures depuis Octobre, je ne sais combien de courses, 100 premières places et une poignée de victoires en Grand Prix, je peux vous dire que si l'expérience des F-Zero précédents vous aidera, il faut approcher F-Zero 99 comme un produit à part entière. S'il a, en apparence, l'allure d'un jeu de 1990, c'est que votre mémoire embellit le passé. J'aurai du mal à retrouver mon vieux favori maintenant que je suis habitué à F-Zero en écran large, haute-définition, massivement multijoueurs. Difficile d'imaginer que, 30 ans plus tard, on puisse finalement s'y adonner avec des centaines d'autres fans aux quatre coins du monde. Comme on est en droit de l'attendre de Nintendo, il s'agit d'un jeu inspiré, au gameplay savamment mesuré, à la qualité impeccable. En plus de cela, c'est un F-Zero pur et dur. Sa formule de course intense vous accroche instantanément, la courbe d'apprentissage est exponentielle, vous arrache des gouttes de sueur, de la frustration, du stress et des cris, mais la victoire, quand finalement elle arrive, est tellement savoureuse! F-Zero contre des vrais pilotes, les meilleurs du monde, c'est ce que AX nous promettait. Finalement, ce n'est pas Amusement Vision, Sega, ou Miyamoto, qui nous l'ont donné, mais c'est arrivé: c'est F-Zero 99.