Faible III : It sucks to be the King

(Critique souvent éditée car je hais ce jeu)
Je suis énervé contre ce jeu clairement fini à la pisse et incomplet même avec tous les DLC du monde (que j'ai pas). Aucune magie, aucune fantaisie suffisante, rien de fabuleux, tout semble horriblement creux ou superficiel (surtout par rapport à Fable II).

Déjà le premier problème de Faible III (oui, j'ai rajouté un "i" exprès), c'est qu'on joue un prince adulte dès le début. Exit le gamin des rues du 2 qui connaît l'ascension via l'aventure, et bonjour le type qui a déjà tout, se révolte pour ensuite ré-obtenir tout et un petit plus sans grands avantages. Niveau identification au héros, on a vu mieux...

Le scénario essayait d'être nuancé et pas bêtement manichéen, mais ça rate pour les raisons suivantes :

• Le premier méchant est le frère du Prince, il est tyrannique mais il révèle beaucoup trop tard avoir agi de la sorte pour protéger le royaume contre une armée des ombres menaçant Albion. Mais qu'on décide de prendre en compte ou non cette donnée, ou qu'on décide ou non d’exécuter son frère tyran ne sert à rien, car une fois destitué il ne sert plus à rien. Et son manque d'émotion empêche de le croire.


• Une fois devenu Roi, le héros et ses compagnons décident de défendre
  Albion à leur manière, mais ils refusent de révéler la nature de la
  menace aux habitants au prétexte que personne ne les croira. Ce qui
  est stupide puisqu'il y a des zombies, des fantômes, des
  loups-garous et des gobelins dans les villes et les campagnes !!
  Pourquoi les habitants d'Albion ne croiraient pas à l'armée des ombres qui
  menace tout ???

Punaise, c'est justement le refus de justifier ses choix qui a mené à la révolution et perdu le frère du héros (d'ailleurs, c'est à se demander pourquoi aucun de nos sujets ou alliés ne se révolte violemment dans certains cas). Mais attendez, c'est pas tout : quand on est Roi, on n'a pas la vie facile comme Louis XVI joué par Mel Brooks, bien au contraire !

C'est à ce moment-là que les choses stupides commencent. D'abord avec Reaver, un personnage de Fable II, roi des armes, noble et qui a acquis la jeunesse éternelle en vendant celle des autres à sa place pour des démons. Dans le 3, tout ça est oublié, il est juste un banal méchant baron de l'industrie et les rapports entre lui et le héros n'ont juste aucun sens :

• À un moment du jeu, on pénètre son manoir pour affaiblir son alliance avec le tyran. Mais Reaver l'a vu venir et nous jette donc en pâture à des monstres (puisque violation de propriété et menaces de notre part). Ce qui reste est donc une tentative d'homicide voire de régicide sur la personne du prince héros.


• Mais après, quand on est Roi, Reaver a le culot de se pointer comme
  si de rien n'était, pour nous proposer des "mesures économiques"
  (sous-entendu anti-sociales et cupides "pour le bien du royaume"). Pourquoi le jeu nous donne-t-il la possibilité d'exécuter le frère tyran, mais pas le dangereux allié industriel responsable du travail des enfants, de la pollution des villes et de l'abandon des pauvres et du peuple ?!


• Mais là où c'est le pompon, c'est quand Reaver nous propose
  d'économiser de l'argent au lieu de restaurer le quartier détruit par
  la rébellion pour son putsch. Le pire ne vient même pas de Reaver, il
  vient d'un de vos alliés qui dit que vous êtes pire que votre frère
  tyran tueur de manifestants pacifistes si vous refuser de rénover le
  quartier, alors qu'aucune exaction importante de votre part n'a été enregistrée. Culpabilisateurs outranciers, va !

Autre cerise sur les excréments du manichéisme primaire du jeu, c'est les choix esthétiques faits pour représenter les conséquences de nos choix, ça et la gestion du temps ; Dans Fable II, on pouvait être gentil avec une auréole ou méchant avec des cornes Et il existait des critères de pureté et de corruption : des yeux verts de serpent si t'es corrompu, des veines brillantes si t'es "pur" ;

• Rien de tout ça dans Fable III : soit t'es gentil (blanc avec des
  veines bleues), soit t'es méchant (peau grise et cernes noires).
  C'est beaucoup simpliste et ridicule par rapport à Fable I et II, les
  gens te fuient si t'as l'allure d'un emo-goth en gros. Bande de racistes, va !


• Et tu ne peux avoir avoir de forme "cool" avec des ailes d'ange ou de
  diable, que vers la fin mais ça ne sert pas à grand-chose, c'est
  superflu...

Autre idiotie, il y a un moment-phare où on doit "changer l'architecture" du château pour illustrer la tenure de la politique à venir à nos sujets. Tout le gratin et toutes les classes sociales sont présentes. On a le choix entre une "décoration maléfique" vendue par une femme machiavélique proposant d'inspirer la terreur à nos sujets, ou une "décoration lumineuse" vendue par un honnête homme voulant qu'on rassure les Albionais ;

• Donc, on s'attend soit à une architecture avec gargouilles, marbre noir, tableaux terrifiants, salle de torture, bref... le château maudit et effrayant au début de La Belle et la Bête de Disney.


• Soit tu t'attends à une décoration avec marbre blanc, étoffes
  colorées et claires, chandelier, tableaux rassurants, statues
  magnifiques. Bref... un château de Versailles ou de princesse.


• Sauf que le jeu te dit d'aller te faire foutre, et tu t'aperçois que
  les décorateurs, bons ou mauvais, n'ont fait que... changer la
  couleur du tapis, rouge pour "maléfique", bleu pour "lumineux".

Mais quelle escroquerie, on a fait venir des décorateurs et des centaines de personnes juste pour changer la couleur des étoffes ! C'est encore plus ridicule quand les gens s'enfuient de terreur devant le tapis rouge (le festival de Cannes est maléfique, je le savais !)

En plus, quelque soient tes choix, les gens finissent par te détester : si t'as été bon roi, la majorité de tes sujets meurent et les survivants t'en veulent pour ça. Si t'as été un tyran défenseur, la majorité de tes sujets survivent mais te haïssent pour tes décisions. Ce jeu te fait regretter d'être roi, d'avoir été gentil comme d'avoir été méchant, donc tout.

Les graphismes sont beaux mais l'angle des caméras donne l'impression que la carte est plus petite que dans Fable II (en plus, la carte ne respecte pas assez celle du 2 puisque la géographie a beaucoup changé en seulement 50 ans d'intervalles entre Fable II et III). Les quêtes sont moins intéressantes, idem pour les combats (moins de sortes d'armes, donc moins de choix, comme pour les costumes qui sont moches au passage), même le chien n'est pas aussi adorable que dans le premier (on peut même pas le dresser plus) !

Les interactions avec les PNJ sont nulles ; avant, on était récompensés selon la précision à laquelle on utilisait la "roulette" des émotions. Là, on n'utilise que deux boutons qui peuvent donner des situations parfois cocasses (style péter sur un type puis danser avec lui).
Parfois, ça ne sert à rien et certains PNJ vous détestent toujours ; lors d'une de mes parties en mode méchant, mon fils virtuel disait devant tout le monde : "Ah, c'est le Roi ? Quel nul !" Toutes les menaces et les fessées du monde n'y changeront rien, quand un gosse dit que vous êtes un mauvais roi, tout père virtuel que vous soyez, vous êtes un mauvais roi. Sale gosse, va ! T'as de la chance que le Temple des Ombres du 3 ne marche pas aussi bien que celui du 2, sans quoi je t'aurais sacrifié contre une épée magique !!

Le système de gestion n'est pas pratique, surtout celui du temps : dans le 2, quand l'histoire passait 10 ans dans le futur, ça se ressentait vraiment et t'avais le temps de complèter plein de quêtes avant de passer à la prochaine étape.
Dans ce Faible III-là , on te laisse qu'une seule "année" et les actions qui font s'écouler le temps t'empêche de faire réellement ce que tu veux correctement : par exemple, si tu décides de toucher aux impôts... PAF : déjà trois mois d'écoulés, idem pour l'histoire du tapis, parfois tu perds 6 mois d'un coup !
Pas de place pour le fun, tu tues le boss final pas original avec son armée des ombres ridicule censée faire trembler Albion, et voilà ton pays désert ou rempli de gens apeurés. Bowerstone, Bowerstone, mornes plaines !

Les références aux jeux précédents sont insuffisantes, et plein d'autres défauts qui rendent le jeu pas fun. Et le pire, c'est que j'y ai joué plusieurs fois et pas parce que j'aimais ce jeu. Mais parce que je croyais à tort que je finirais par trouver des éléments cachés qui rendraient le jeu plus appréciable. Ça n'a pas été le cas (impossible d'activer correctement le temple maléfique). On ne peut même pas ouvrir certaines portes parlantes, parce qu'il faut un compte Xbox Live, un connexion multijoueur, un deuxième joueur et un tas d'opérations compliquées. C'est un attrape-couillons !

Bref... y plein de défauts, de quoi dégouter les joueurs. Je laisse Angry Joe vous exposer la suite. À ce train-là, ce n'est plus une fable de Peter Molyneux, c'est une faiblesse sur son CV. Une faiblesse qui n'a même pas fini de tuer la franchise, plus tard encore trahie avec Fable : The Journey sur Kinect !!

It sucks to be the King !