[Impressions après 45h de jeu]


Rebooté en 2008, Fallout a été relancé pour faire office de franchise complémentaire à la série phare de Bethesda : The Elder Scroll. Après un troisième épisode considéré comme trop propre par la base hardcore et s’éloignant de l’ADN de la série connue pour son ton corrosif, Obsidian a rectifié le tir avec un New Vegas horriblement daté techniquement mais bien mieux écrit. En parallèle, le succès de Skyrim a fini de propulser Bethesda comme une des entreprises majeures de l’industrie du jeu vidéo. Les objectifs de Fallout 4 étaient donc multiples, à la fois combler l’attente du prochain Elder Scroll mais aussi convaincre grand public comme la fanbase des terres désolées.


Passé une introduction désastreuse qui anéantit directement toute forme d’intérêt pour la quête principale, le jeu inquiète d’emblée avec une première faction générique au possible et des premiers alliés transparents. A l’image de sa trame principale, l’écriture globale est d’un sérieux presque comique. Comme F3, la quête principale va vous amener à retrouver un membre de votre famille mais dans les faits jamais le jeu ne tirera profit de cet angle intimiste, les quêtes servant de prétexte pour rencontrer les différentes factions du Wasteland et surtout descendre toujours plus de streums.
Et c’est bien le problème principal. Si les deux derniers Fallout arrivaient à maintenir cette balance entre rôleplay et jeu de tir, Fallout 4 semble quasiment l’abandonner. Si l’on passe la simplification des perks ou l’absence de mode survie, c’est surtout l’impact mineur de son personnage sur son environnement qui déçoit. Le nouveau système de dialogue, en plus d’être parfois peu clair laisse circonspect, limité à 4 choix dont un uniquement informatif et une option sarcasme qui n’a absolument aucune utilité, jamais les interactions n’ont paru aussi creuses, vides de sens.
Si quelques quêtes secondaires ont encore quelques choix utilisant le charisme, la plupart des dialogues se résumeront à accepter une quête docilement et demander pour les plus curieux, un briefing. De plus, les quêtes que propose le jeu sont ultra conventionnelles pour un joueur qui aura au moins joué / lu / vu une œuvre post apocalyptique et je n’ai pas pu m’empêcher de soupirer devant un énième village modèle en surface ou une mioche me demander de me retrouver son chat. Quelle déception.


D’autant plus incompréhensible que la partie FPS n’a jamais été le point fort de la série. Si des efforts ont été fait pour rendre les gunfights plus nerveux avec un feeling des armes amélioré, la partie combat reste toujours aussi brouillonne et peu tactique avec une IA à la rue et un level scaling aberrant qui peut en l’intervalle de 10 mètres vous faire rencontrer un supermutant lvl 35 légendaire et un chien anecdotique lvl 5.


Enfin Fallout 4 ne serait pas un jeu Bethesda sans ses problèmes techniques à la pelle : Ralentissements, bug de textures, physique des personnages totalement folle et bien sur les incontournables problèmes de résolution de quête ou de pathfinding des alliés. Si vous avez joué à un jeu Bethesda depuis Oblivion, vous connaissez la routine.


Et c’est pour cette raison précise que Fallout 4 m’agace profondément. Peu m’importe que le jeu prenne une tournure plus action, je n’arrive pas à m’enlever ce sentiment que Fallout 4 n’est qu’un skin peu inspiré et fainéant de Skyrim dans un monde post apocalyptique. Que ça soit le système de map, les temps de chargements, le narrative design ou même un garde répétant une version alternative du meme de la flèche dans le genou, j’ai l’impression permanente que Bethesda se fout de ma gueule. Si Fallout 4 était sorti 3 ans plus tôt, peut-être aurait-il fait illusion, mais entre-temps les open world réussis sont devenus légion, et la formule Bethesda semble de plus en plus archaïque.


Piégé dans son concept, Fallout 4 reste un jeu hybride hésitant entre deux orientations et faisant beaucoup de choses de façon moyenne. Alors oui, le Boston post-apo est réussi, le jeu poussant toujours plus le joueur à l’exploration mais encore faudrait-il lui en donner l’envie.

Pendrago
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le 16 nov. 2015

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