(Critique rédigée en novembre 2008 pour le site gamersince.com (R.I.P) )
Ca chie grave dans le pays fictif de 50km² de Far Cry 2. Gouvernement renversé, guerre civile, autochtones opprimés, étrangers opportunistes venus là pour se tailler une part du gateau diamantifère. Vous êtes ici pour retrouver Le Chacal, traficant d’armes et fournisseur officiel des deux factions qui se disputent le contrôle du territoire, afin de lui en coller une entre les deux yeux avant de rentrer dans votre pays d’origine. Le problème, c’est que ce charognard se planque particulièrement bien et qu’il va vous falloir accepter une énorme quantité de petits boulots en échange d’informations sur son compte.
Donne AK47, seconde main, beaucoup servi
Les petits boulots de Far Cry 2, que vous effectuerez pour le compte d’une des deux factions armées, au choix, se résument pour la plupart à rallier un point sur la carte de ce FPS open world, en remplissant de plomb les abrutis qui auront le malheur de se trouver sur votre chemin, pour y faire exploser un truc : réserve de munitions, d’armes, fabrique de médicaments, antenne de communication, peu importe, y’a toujours un truc à faire exploser.
Comme vous avez la gueule d’un mec de confiance, les chefs des deux factions vous payeront d’avance en diamants qui vous serviront à vous payer de nouvelles armes et à les améliorer. En effet, et c’est le premier élément particulièrement casse-couille du jeu, il ne faudra pas compter sur les armes ramassées sur les cadavres de vos ennemis. Elles sont toutes, sans exception, dans un état lamentable et ont une fâcheuse tendance à s’enrayer tous les 10 coups de feu.
Vous aurez donc plutôt intérêt à vous équiper avant de partir en mission, et à faire le plein de munitions dès que l’occasion se présentera. Le problème c’est que pour vous équiper, il faudra trouver les bâtiments dans lesquels sont entreposées les armes que vous aurez achetées chez l’armurier. Ouaip, en Afrique on achète des armes chez un armurier pour les retrouver à un tout autre endroit. Pourquoi ? Aucune idée, mais on en arrive logiquement au deuxième point particulièrement casse-couille de Far Cry 2 : les aller-retours interminables et ultra rébarbatifs.
Shadow of Bamako
Sur les sentiers africains, au volant de l’un des quelques véhicules disponibles, vous serez amené à passer par l’un des nombreux points de contrôle du jeu. Ces points sont occupés par des membres de l’une ou l’autre des deux factions. Votre statut d’agent double anonyme fait que, peu importe si vous travaillez pour une faction, ses membres, vos collègues, vous mitrailleront à vue. Et autant vous dire que leur vue est perçante. La plupart vous aligneront à plus de 200m, même si vous évoluez en rampant dans les broussailles. N’espérez pas la jouer infiltration, vous serez toujours repérés avant d’avoir eu le temps de sortir vos jumelles.
Vous descendez donc de voiture pour éradiquer vos collègues de boulot, qui, s’ils ont la vue d’un épervier, possèdent approximativement le QI d’un méchoui d’agneau. Une fois la sale besogne accomplie, vous reprenez votre caisse en sachant pertinemment que la prochaine fois que vous repasserez par ici, tous ce beau monde aura respawné et que tout le travail sera à refaire. C’était déjà chiant dans S.T.A.L.K.E.R, mais dans S.T.A.L.K.E.R au moins, l’IA était efficace et les affrontements intéressants…
Wouaputain, on a échappé à la tourista…
Au rayon des bonnes idées mal exploitées, puisque Far Cry 2 en est farci, sachez que votre personnage est atteint de Malaria. C’est d’ailleurs peut-être son teint jaune fluo qui attire l’attention des ennemis à plusieurs centaines de mètres maintenant que j'y pense... Toujours est-il que cette saloperie vous tombera sur le coin de la tronche aux pires moments possibles, teintant de jaune et floutant votre écran, vous obligeant à prendre votre traitement (dans la limite des stocks disponibles, mais des missions permettront de s’approvisionner en cachetons) ou bien de rallier l’une de vos planques pour dormir un peu, sous peine de vous évanouir et de vous retrouver au point de départ, avec tout le trajet à vous retaper et les points de contrôles à ré-épurer.
Nip/Tuck
Dans la famille des trucs bien relous, on notera aussi les talents de chirurgien de votre avatar, qui devra régulièrement se retirer des balles du corps, redresser des fractures ou cautériser des plaies sous peine de se vider de son sang. C’est gore, c’est fun, mais ça entraînera encore quelques secondes passées planqué derrière un arbre, et ça plombera encore un peu le rythme des affrontements.
Vous pourrez également transporter jusqu’à cinq seringues de potion magique pour vous soigner si besoin est. Si vous tombez sous les balles, sachez que certains des potes mercenaires qu’il sera possible de rencontrer sortiront souvent de nulle part pour vous tirer de ce genre de mauvais pas. Mais ils ne sont pas infaillibles, et la rage vous prendra dans son étreinte au moment précis où vous crèverez à cause d’une arme enrayée, d’une balle dans la main et d’une crise de paludisme (en même temps), et qu’il faudra vous retaper 10 km de brousse et 5 points de contrôles pour aller faire exploser un gazillionième dépôt de munitions.
Fade Cry
J’ai pas tenu plus de quelques heures devant Far Cry 2, mais c’est largement assez pour m’apercevoir de la fadeur du titre d’Ubisoft, à des lieux de l’excellent opus de Crytek. Les affrontements sont mous et frustants, le scénar est totalement inintéressant et les 50 km² d’Afrique, bien que très joliment réalisés, n’offrent absolument rien de notable à découvrir. Ubi a pourri son titre en voulant rajouter du réalisme là où il n’y en avait pas besoin (la malaria, les armes qui s’enrayent, les aller-retour interminables), dans un univers complètement naïf et illogique où les deux factions ennemies ne se battent pas entre-elles et vous proposent du travail tout en chassant votre tête.
On pourra se rattraper sur le multi si on aime les FPS lents à la CoD, c’est mon cas, mais celui de Far Cry 2 n’a rien de très original à offrir, à part un excellent éditeur de map et le fait de devoir régulièrement se cautériser en pleins combats. Si vous n’en avez pas marre des DM, TDM ou CTF, vous devriez y trouver votre compte, un temps…