FIFA 15
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FIFA 15

Jeu de EA Canada et EA Sports (2014PlayStation 4)

FIFA 15 : de la haine à l'amour... à la haine !

[ATTENTION, M.A.J. DE LA CRITIQUE EN BAS DE PAGE EXPLIQUANT LE CHANGEMENT DE NOTE]

En vous penchant sur la bonne note que j'ai mise à FIFA 15, vous devez certainement penser que je vais vous pondre une critique dithyrambique de fanboy aveuglé par le plaisir de taper dans un cuir virtuel parce qu'incapable de le faire sur un vrai stade. Et bien perdu ! Parce qu'à l'instar de ma critique sur FIFA 14, j'ai été avant tout frappé par ce qui ne fonctionne pas dans cette nouvelle cuvée footballistique d'Electronic Arts maintenant que j'ai une bonne soixantaine de matchs dans le pad. Cependant, après avoir lu les différentes critiques sur senscritique ou ailleurs, ce sont des griefs différents du commun des joueurs que je nourris. Rassurez-vous, je ne vais pas dédier mon temps à n'écrire que des horreurs sur FIFA 15, d'autant que je me doute bien que certains d'entre vous s'en secouent le cocotier de lire toujours la même chose dessus. De fait, si vous voulez lire ce pour quoi ma note est aussi élevée, je vous invite à sauter quelques paragraphes, à l'endroit où je claquerai des doigts pour vous signaler la transition.

Bon, déjà, rappelons quelque chose qui ne surprendra pas les initiés de la série. Cette critique a été rédigée le 18 octobre 2014, soit près de trois semaines après la sortie officielle du jeu. Les mots qui suivront ne vaudront donc que pour la version présente de FIFA 15, sachant qu'il est de coutume de voir le soft changer considérablement au gré des diverses mises à jour d'EA. Pas toujours en bien d'ailleurs : les possesseurs de FIFA 14 pourront en témoigner.

Première point, et non des moindres : pour mon premier FIFA sur console nouvelle génération, j'ai trouvé FIFA 15... moche. Bah oui. On est quand même sur une console sensée être (à peu de choses près) 8,5 fois plus puissante que sa grande soeur, et franchement la différence entre FIFA 14 sur PlayStation 3 et FIFA 15 sur PlayStation 4 ne m'a pas sauté aux yeux. Ou alors seulement pendant les ralenti ou lorsqu'on aperçoit le public. Parce que pour le reste, j'ai envie de dire que Pamela Anderson siliconée, ça change bien plus l'audience d'Alerte à Malibu que les graphistes d'EA ne révolutionnent leur simulation de foot. Dans le premier cas, au moins, ça se voit.

Ensuite, j'avais déjà pointé ce problème sur FIFA 14, mais FIFA 15 parvient à faire encore mieux : non seulement la difficulté face à l'I.A. est toujours aussi disproportionnée, mais en plus de cela la petite nouveauté est qu'elle peut vous balader tout un match durant en vous dribblant les doigts dans le nez avec n'importe qui, et cela même en semi-pro. On sait tous qu'il est très dur de défendre dans FIFA, d'où le pourcentage impressionnant de ce que j'appelle les "kékés dribbleurs" sur internet, mais voilà que maintenant l'I.A. s'y met aussi. Alors quoi ? Y'a un mode "Zidane" sur FIFA 15 peut-être ? Un truc qui justifie que tous les joueurs contrôlés par l'I.A. ont 99 en dribble et 5 étoiles en gestes techniques ? Le truc qui m'échappe, c'est que même avec des joueurs en bronze qui sont loin d'avoir les 96 de Messi ou encore les 92 de Robben et Ribéry, tous te dribblent avec une facilité déconcertante. Et n'hésitent pas au passage, histoire de bien vous énerver tandis que vous courez désespérément après le ballon, à revenir en arrière pour mieux vous balader façon Barcelone. Je vous engage donc à acheter une manette avec l'option turbo pour enchaîner les tacles debout et les tirages de maillot car même en la mitraillant manuellement, votre adversaire aura tout le temps nécessaire pour vous fausser compagnie, pour s'acheter un hot dog sur le bord du terrain, puis pour filer tranquillement jusqu'à votre but d'ici à ce que vous arrivez à le rattraper. Dans cette optique, ne comptez pas avoir très souvent la possession de balle, encore plus si comme moi vous jouez en difficulté Pro ou Champion. Ajoutez à cela le problème déjà présent dans FIFA 14 d'un arbitrage à deux vitesses qui sanctionne la moindre poussette de votre part tandis que l'I.A. peut vous rouler dessus et même essuyer ses crampons sur vos joueurs sans en subir les conséquences, et vous comprendrez pourquoi je recommande toujours aussi peu de jouer contre un adversaire virtuel.

Ce n'est pas tout, car FIFA 15 hérite de deux autres défauts de son aîné, à savoir la gestion des touches et le pourcentage de poteaux et de transversales.
Dans le second cas, j'en avais déjà parlé sur FIFA 14, donc je ne m'attarderai pas cinquante lignes dessus, sinon rappeler que le pourcentage d'échecs face aux gardiens est tout simplement hallucinant tant nos attaquants, qu'il s'agisse de Cristiano Ronaldo, Ibrahimovic, Van Persie ou Reus, enchaînent poteaux et transversales quand il ne s'agit de pas de tirs non-cadrés, même seuls face au gardien. La petite nouveauté (et pas la meilleur idée d'EA pour le coup) est que, maintenant, les gardiens sont des bêtes. Attention, je ne parle pas de Neuer et de son 90 ! Mais bien de tous les gardiens du jeu, ultra-cheatés dès lors qu'on tente une frappe de loin. En gros, si je résume ce qu'il y a dans la tête du responsable de FIFA 15, ça donne : "Bon, FIFA 14, trop de joueurs se sont plaints des tirs de 40m marqués facilement grâce à la technique du R1 + rond, donc maintenant on va nerfer les tirs de loin". Bah ouais mec, mais et le juste milieu alors ? A quoi ça sert que je me prenne des mecs comme Reus ou Ibrahimovic si je ne peux pas jouir de leur puissance de frappe ? T'es gol ou juste sous-payé pour bien bosser ?! Bref...
Dans le premier cas, je ne sais pas vous, mais moi, dès que j'ai une touche en ma faveur, depuis FIFA 14, je crains le pire. Car depuis FIFA 14, je ne compte même plus le nombre de touches ratées par mes joueurs converties en balle de but pour mes adversaires tant mes joueurs sont incapables de faire une touche offensive rapide (comprenez "touche allant de l'avant") correctement. Même dans Coupe du Monde 2014. Plus énervant encore, dans FIFA 15, il y a un petit temps de latence nécessaire entre le moment où notre joueur est en position de faire la touche et le moment où il peut la faire vraiment. En gros : je dois m'amuser à appuyer deux fois pour qu'il la fasse enfin tellement cette phase de jeu est lente. Ce qui, bien sûr, laisse tout le temps à votre adversaire de se placer pour vous enquiquiner un max. On dit quoi ? Merci EA !

Ce temps de latence rejoint d'ailleurs un autre défaut bien gonflant de FIFA 15 : les cinématiques en cours de jeu ne sont plus zappables à volonté ! Comme pour mieux nous montrer qu'ils ont bossé comme des chiens sur les animations, les petits gars de chez EA se sont dit qu'on devait profiter abs-o-lu-ment de ces dernières, quitte à te taper 15 secondes de tripotages de nouilles entre joueurs lorsqu'un but est marqué. Alors certes, tu découvres ça la première fois, tu contemples. Mais quand tu fais 500 matchs par an sur FIFA, te taper 500 fois le même truc, à la fin tu préfères regarder si t'as pas une copine suffisamment barge pour montrer ses seins sur Facebook en attendant que ça se termine ! (rigolez pas, ça m'est déjà arrivé).

Ahlala...
Je pourrai conclure sur l'énervement que me procure ce FIFA lorsque je vois le nombre aberrant de contres favorables en faveur de l'attaquant lors des duels (FIFA 13, FIFA 14 et Coupe du Monde 2014 peuvent aller se rhabiller à côté), mais restons-en là, car FIFA reste FIFA, c'est-à-dire une simulation de football bourrée de défauts histoire de justifier la version suivante et ainsi vous obliger à passer à la caisse chaque mois de septembre. C'est la loi du marché. Le capitalisme dans toute sa splendeur. Et comme Marx l'a très justement souligné, nous y participons tous même lorsque nous ne le souhaitons pas.

Ceci n'étant pas le sujet...

--- *claquement de doigts* ---

...tout n'est pas noir dans ce FIFA 15. Loin de là. Car contrairement à FIFA 14 qui m'a laissé un goût amer, cette nouvelle édition m'apparaît bien plus aboutie et possède pour l'heure la qualité première d'une simulation de football à mes yeux, à savoir la possibilité de marquer de mille façons différentes.
On aura beau dire, mais chaque jeu de foot cultive un stéréotype dans notre façon d'attaquer. Dans PES 3, l'efficacité des centre-tête n'avait pas son pareil. Dans FIFA 13 et 14, les passes en profondeur (y compris le fameux L1 + triangle over-méga-ultra-abusé) étaient les reines du bal. Dans FIFA 15, finis les L1 + triangle : EA s'est ENFIN décidé à nerfer cette hérésie footballistique. Maintenant, place à la diversité. Jamais depuis PES 5 je n'avais senti autant de possibilités m'étant offertes afin de prendre à défaut mon adversaire : que ce soit via des attaques en profondeur, des débordements sur l'aile, des centre-tête, la possibilité de dribbler, ou de bouger les défenses en cultivant un jeu à la barcelonaise, tous les moyens sont bons pour s'approcher suffisamment du gardien adverse afin de le surprendre. Et ça, c'est le pieds. Tout scripté qu'il reste, cela semble ici plus atténué.

Autre nerf salutable, la prédominance de la statistique "Vitesse" chez un joueur a été atténuée. Comme le jeu se révèle être plus lent, plus enclin à privilégier la construction des actions plutôt que les percées rapides, les mecs avec 90 ou plus en vitesse sont bien moins tranchants qu'auparavant. Ne nous voilons pas la face : ils le sont toujours, et la flambée des prix sur FIFA Ultimate Team les concernant parle d'elle-même. Mais cela reste plus acceptable qu'auparavant.

Si la laideur relative de FIFA 15 m'a sauté aux yeux, la fluidité des menus m'a procuré le même effet. C'est là un des points sur lequel EA a fait un effort monstrueux : les menus sont fluides, clairs, intuitifs, de même que les temps de chargement sont ridiculeusement courts. Une amélioration fort appréciable lorsque l'on prend en considération le nombre d'heures perdues à se tourner les pouces devant des temps de chargement ou des sauvegardes abusives lorsqu'on est joueur de FIFA.

L'autre grande amélioration, déjà constatable dans FIFA 14 mais poussée plus en avant ici, est l'aspect sonore du jeu. Je ne parle pas des commentaires, sérieusement datés (aaaah, Thierry Gilardi, comme tu nous manques !), mais bien de l'environnement sonore, toujours plus poussé. Les chants des supporters résonnent de mille feux dans nos enceintes, et quel pieds que d'entendre avec une telle qualité certains chants comme "You never walk alone" lorsque l'on joue à Anfield.

Plus agréable à jouer manette en main, notamment dans le toucher de balle, FIFA 15 est également un jeu mieux pensé. Les améliorations ne sont pas nombreuses mais elles s'avèrent souvent non dénuées d'intérêt. L'exemple qui me vient à l'esprit est la possibilité sur FIFA Ultimate Team de créer des équipes concept, c'est-à-dire des équipes dans lesquelles nous prévoyons à l'avance quels joueurs nous souhaitons acheter afin d'établir au mieux un plan de bataille pour éviter les dépenses inutiles. De même, pouvoir engager des joueurs de prêt permet de s'assurer de la place d'un joueur dans l'équipe que nous souhaitons bâtir et éviter ainsi la déception de constater qu'il ne répond pas à nos attentes. Le retour du mode saisons en coopération, disparu sur Coupe du Monde 2014, est de même des plus salutaires.

En définitive, FIFA 15, pourtant décrié, s'avère à mes yeux une nette avancée en comparaison de FIFA 14 sur ce que devrait être une bonne simulation de football. Les défauts sont là, toujours plus nombreux, toujours aussi irritants, mais ils ont le bon goût d'être suffisamment discrets en comparaison des qualités pour ne pas gâcher le tableau d'ensemble. A l'inverse de FIFA 14, en somme.

[MISE À JOUR 31/12/2014] À l'heure actuelle, FIFA 15 tourne via une version 1.04 absolument dégueulasse qui ternit grandement l'expérience de jeu. En ayant accéléré drastiquement la vitesse du jeu, EA Sports a tué le gameplay prôné au début du soft, et de nouveau seules compte la vitesse des joueurs et les passes en profondeur. Et vu que gérer la défense dans ce FIFA est vraiment peu évident (encore moins que dans FIFA 14 ! C'est dire...), défendre quand tout va à cette vitesse est encore plus horripilant. Autant dire que mon 8/10 devient un 4/10 tant que cette MAJ prévaut.
Kelemvor

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