Final Fantasy XV
6.5
Final Fantasy XV

Jeu de Square Enix et Hexa Drive (2016PlayStation 4)

Après 10 ans d’attente et 30 heures de jeu, je suis arrivé au bout du petit dernier de la famille des Final Fantasy. Je suis de ceux qui ont faits tous les épisodes numérotés de la série (hors MMO), de ceux qui sont fans. Mais aimer une série, ça ne veut pas dire tout accepter aveuglément. Avec le temps je n’attendais plus grand chose de ce dernier épisode. Malgré tout, avec tout le matraquage médiatique de ces derniers mois, Square Enix a réussi à titiller ma curiosité. En réussissant à me frayer un chemin à travers la jungle de spoilers, je me suis lancé.


Un Open-world peu maîtrisé


Premier constat frappant : le vaste univers qui s’offre à nous. On commence le jeu en poussant une voiture au milieu d'un paysage qui s’étend à perte de vue. C'est beau, un peu baveux sur certaines textures, on pardonne parce que qui dit open-world dit une richesse d’interaction. On ne va pas se leurrer plus loin sur ce point : l’open-world de Final Fantasy XV est bancal. Là où ils ont mis le paquet, c'est le réalisme, la cohérence de l’environnement mais au détriment de l’expérience de jeu.


C'est très simple, au début du jeu, sans voiture, sans chocobo, le décor est habité par de rares créatures, le reste est simplement vide de vie. Après avoir couru pendant cinq bonnes minutes, sans musique d’ambiance, sans combat, j’en suis venu à regretter les combats aléatoires, qui pourtant, sont sacrément contraignant lorsque la fréquence est trop élevée.
Par la suite, une fois la superbe Regalia obtenue, le déplacement se fait plus rapide. Hélas le joueur devient spectateur d’une simulation de conduite de voiture. Les développeurs ont dit dans une de leurs annonces, qu'ils voulaient que les joueurs puissent contempler l’univers qu'ils avaient modélisés. Je l'ai fait pendant les deux-trois premiers trajets et ensuite, le trajet de sept minutes, sans possibilité de se téléporter m’a frappé. Sept minutes en voiture, c'est comme pour tout excès : trop de réalisme, tue le réalisme. Le rythme du jeu s’en retrouve complètement chamboulé, ça en devient chiant. Bien entendu, il est possible de se téléporter par moment mais je n'ai jamais réussi à définir la logique du fonctionnement des points “téléportables”. Petite bonne note malgré tout du côté de cette carte (qui n’est pas si grande), mais qui réserve quelques surprises, en particulier si on s’attarde à sortir de la route et à essayer d’en découvrir les moindres recoins.


Maintenant penchons-nous du côté des quêtes. On peut en distinguer deux sortes : les quêtes de chasse et les quêtes annexes. Les premières ne sont pas cumulables (comprenez par là, seulement une chasse à la fois), les secondes s’accumulent comme des petits pain. Je l’avoue, je n'ai pas eu le courage de toutes les faire.


Les chasses de monstres sont quasi-obligatoires au départ si on veut se faire un peu d’argent et d’expérience. Un détail tout bête qui aurait pu fluidifier l’ensemble, aurait été simplement de pouvoir accepter plusieurs contrats à la fois. Booster artificiellement la durée de vie d'un jeu à coup d’aller-retour, faire des minutes de trajet pour un combat d’une minute puis devoir revenir au donneur de quête, la redondance de l’action casse totalement le rythme de l'aventure. Même combat pour les quêtes secondaires qui ont le mérite quant à elles de pouvoir se faire sans avoir à les rendre une par une pour pouvoir faire la suivante. Cela ne les rend pas pour autant intéressantes. La majorité du temps, on a des quêtes FedEx, l’apothéose à mon sens, atteinte dans une quête où il faut trouver la meilleure viande pour son bol de nouilles.


Une histoire bancale


De ce côté, le développement chaotique du jeu a eu raison de sa cohérence. Pour comprendre le début du jeu, il faut prendre le temps de regarder le film qui se passe avant, c'est quand même dommage de ne pas pouvoir proposer une expérience entière. Résultat, le joueur qui part de zéro se pose cent questions, obtient une réponse de temps en temps et le codex qui aurait pu aider à comprendre le background du monde, son histoire, sa vie, est absent.


Ensuite si on parle du scénario en lui-même, il aurait pu être bon, vraiment, mais pour moi, l’accent a été mis au mauvais endroit : le voyage de Noctis et de ses amis. La grosse partie du jeu se trouve dans l’open-world et on s’attache éventuellement à ce groupe de jeunes qui s’amusent, prennent des photos, ont l’air en vacances et vont par moment se promener en donjon. La découpe des chapitres est inégale, certains vont se terminer très rapidement (cf le titan) tandis que d'autres sont d'une longueur incommensurable (coucou chapitre 13) ou d’un ennui. Certaines motivations des personnages sont absurdes (on va infiltrer une base militaire pour sauver notre voiture) et j’en passe.


Même la mise en scène de certains moments clés est ratée, par exemple au début du jeu lorsque Noctis apprend qu’Insomnia est tombée face à l’Empire. A ce moment, la musique est au second plan, les plans de caméra passables et les expressions transparaissent à peine sur les visages. Que dire ensuite des moments où Noctis reçoit un nouveau pouvoir ? La fin d’un tombeau en devient banal alors que chaque fois, la scène pourrait avoir quelque chose de bien plus théâtral et de marquant.


Le moment où j'ai commencé à ressentir un petit quelque chose pour les personnages ? Malheureusement c'est lors de la fin. Et c'est ça le drame de Final Fantastique XV. Sa fin est chouette, la mise en scène et la musique sont classes et m’ont même donné des frissons ; Noctis a enfin une gueule de héros. Hélas, c'est trop tard, c'est fini.


Pas de fantasy sans musique


Je vais mettre un gros plus sur la musique de Yoko Shimomura qui m’a procuré des frissons sur certaines pistes (dont encore et toujours, la scène de fin pre-générique). Cette ost reste malgré tout discrète pendant l'exploration et le nombre de pistes mémorables à mes oreilles se comptent sur les doigts de la main.


Un gameplay mitigé


Plongeons au cœur de ce qui fait normalement ce genre de jeu : les combats. Ici, pas d’ATB, c'est du temps réel à la Kingdom Hearts, et on s’en sort pas mal. Les combats ont du style, les personnages s’aident entre eux, se tapent dans les mains à la fin des enchaînements : zéro temps mort. Le héros se téléporte partout sur le champ de bataille, les ennemis sont parfois nombreux. Je ne suis pas du tout passé pro du système ( comme certains le sont sur certaines vidéos) mais j'ai pu bien m’amuser (même si laisser appuyer son doigt sur un bouton est un peu chiant à la longue. J’aime bien matraquer mes boutons).
Le bémol, se trouve dans les combats grandioses. Les développeurs ont sûrement voulu marquer les esprits par des combats titanesques (sans jeu de mot) mais chacun ont leurs lacunes. Trois me viennent d’office à l’esprit :


spoiler alert



  • Le chapitre contre titan, une musique fantastique mais un combat redondant à souhait et un chapitre juste trop court

  • Leviathan avec sa première partie bordélique et sa seconde partie toute aussi bordélique mais où on est OP. Le challenge en devient ridicule et on laisse appuyer sur un bouton le temps que sa barre de vie descende sans craindre quoi que ce soit. J’ai vu que certains ont trouvé ce combat classe. Je l’ai trouvé d’une pauvreté de gameplay affligeante. En parallèle, la scène de la mort d'un personnage important est belle, mais je n'ai rien ressenti parce que je ne me suis pas attaché à ce personnage pour le peu qu'on le voit. Et pourtant, il méritait bien d’avoir son heure de gloire.

  • Le boss de fin qui est tout sauf épique avec une première partie poussive, longuette et chiante, suivie d’une phase similaire à celle du Leviathan.


Ces trois combats retranscrivent parfaitement ma conclusion sur le jeu. On le sent, il y a de l'idée, il y a du potentiel pour faire quelque chose d'incroyable, mais c'est raté, non maîtrisé et c'est dommage de devoir se retrouver avec des mises à jour et des DLC pour tenter d'avoir un peu plus de matière sur l’univers et les backgrounds des personnages. Pour moi, les personnages ne me sont devenus attachants qu'à la fin et ils ne feront clairement pas parti des plus marquants de la franchise, ni cet opus d'ailleurs. Je me suis retrouvé avec la problématique suivante : J’ai poussé jusqu’au bout du jeu, surement parce qu’il y avait écrit Final Fantasy sur la jaquette, mais j’en ressors avec un sentiment d’inachevé. Ce voyage aura été d’avantage douloureux qu’autre chose.

Nadium
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le 10 avr. 2017

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