Le 20 avril 1990 sortait le premier jeu de la meilleure saga vidéoludique jamais créée : Fire Emblem Shadow Dragon and the Blade of Light. J’aime cette série de toute mon âme, et j’ai donc décidé d’entamer un marathon rétrospectif de la licence, à commencer par celui qui a posé les bases de la série.

Dans ce jeu donc, on suit l’aventure de Marth qui cherche à reconquérir son royaume et sauver le continent. Globalement c’est ça. Le scénario du jeu est plutôt classique, mais loin d’être mauvais pour peu qu’on se penche dessus. Le problème c’est la narration ; on a un texte à chaque début et fin de chapitre qui nous explique ce qui se passe, mais c’est tout. On galère vraiment à retenir les noms des différents royaumes et d’où viennent les personnages et il n’y a que très peu d’exposition voire pas du tout. Au final, si on ne se renseigne pas un peu sur le scénario, on a juste l’impression d’aller d’un point A à un point B sans que ça n’ait vraiment de sens, puisqu’on ne sait rien des lieux dans lesquels on se rend. Ce défaut est évidemment dû aux limitations techniques de la NES, donc je peux largement le pardonner, d’autant que le scénario est assez secondaire dans mon appréciation de Fire Emblem.


Graphiquement c’est plutôt laid, il faut le dire. Ce n’est pas non plus rédhibitoire, mais en 1990 certains des plus beaux jeux de la console sont déjà sortis, on peut penser à Ducktales ou Journey to Silius. Face à ça c’est sûr que Fire Emblem fait pâle figure. Cela dit si on le compare aux autres JRPGs de la console, il reste plutôt dans la norme, voire au dessus, et se paie même le luxe d’avoir des animations assez impressionnantes, j’aime beaucoup celles des paladins par exemple.

Musicalement par contre c’est très sympa, on trouve ici des thèmes qui resteront dans la série, comme la musique des magasins, des recrutements, « Castle Seized »qui est ma musique préférée et qui reviendra dans FE7 et FE9, et bien sûr le thème de la série, absolument légendaire. On regrettera juste le nombre de musiques assez léger et le fait qu’on se tape les mêmes pendant 24 chapitres, ce qui est assez redondant à la longue.


Côté gameplay, Fire Emblem pose les fondations de la série. On a de nombreuses classes biens distinctes, énormément d’armes différentes, les statistiques sont globalement les mêmes que dans les FE récents, les terrains donnent des bonus d’esquive etc. Le gameplay est simple mais il marche bien. Ce qui marche moins bien par contre, c’est le game feel, pour plusieurs raisons. Déjà le jeu est d’une lenteur affligeante ; c’est pas vraiment un souci au début puisque les cartes sont plus courtes, mais à la longue ça va le devenir. Je peux vous dire qu’accélérer le jeu le rend bien plus agréable, et je trouve d’ailleurs que les musiques n’en pâtissent pas tant que ça ; leur versions accélérées ont un charme bien particulier, après c’est peut-être juste moi pour le coup. L’autre problème c’est la gestion des objets. Nos personnages ne peuvent tenir que 4 objets sur eux et le reste des objets vont dans le convoi qui peut en contenir 40. On acquiert la plupart de nos objets en les achetant dans les magasins situés dans chaque chapitre, sauf qu’un personnage ne peut tenir que 4 objets et qu’on ne peut pas envoyer des objets dans le convoi depuis les magasins (vous suivez ? ). Donc pour faire le plein d’objets, on doit obligatoirement faire des allez-retours entre les magasins pour acheter les objets et le convoi pour les déposer. On combine ça avec la lenteur générale du jeu, que ce soit dans les déplacements ou dans les menus, et ça devient vite un vrai calvaire. D’autant que le menu de préparation pré-chapitre est extrêmement limité et ne permet pas de gérer son inventaire (ni même de placer manuellement ses personnages d’ailleurs, ce qui est bien relou).

Autre défaut que je mets à part parce que ce n’en est pas vraiment un : la RNG. De ce que j’ai compris, la RNG de ce jeu est 100 % exacte, contrairement à la plupart des FE où elle est en faveur du joueur. Cela signifie que vous allez rater beaucoup de coups à 90 % de précision et vous faire toucher par beaucoup de coups à 50 %, et je peux vous dire que c’est extrêmement frustrant. Mais plus frustrant encore, c’est la manière dont les coups critiques sont calculés. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais en gros, les coups critiques sont gérés d’une manière telle que n’importe quelle unité, joueur comme ennemie, a au moins 1 % de chance de faire un coup critique. Forcément, au bon d’un moment les ennemis vont vous faire bouffer un coup critique et vous allez perdre un personnage. J’ai dû perdre bien 3 ou 4 personnages sur des coups critiques à 2 % contre lesquels je ne pouvait rien faire. Quand, comme moi, vous décidez de jouer en laissant vos personnages mourir plutôt qu’en recommençant à chaque mort, je vous certifie que c’est rageant.

Voilà pour les gros défauts du jeu selon moi. Il y en a d’autres bien sûr, comme l’équilibrage des armes qui est assez mal foutu, les épées étant bien plus favorisées que les autres armes, ou encore le fait qu’il est assez facile de se softlock si on ne sait pas trop ce qu’on fait (je recommande d’utiliser un guide honnêtement). Il y a aussi quelques choix de game design douteux, comme les renforts ennemis qui apparaissent et attaquent dans le même tour, une mécanique de merde bien injuste qui reviendra malheureusement plusieurs fois dans la série. Mention spéciale au chapitre 24 qui spamme les renforts pendant pas moins de 42 tours, ce qui oblige à rusher le chapitre. Le comble du fun, vraiment.


Malgré tout, le jeu reste surprenamment agréable. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’il a bien vieilli, mais j’ai su apprécier le jeu comme j’apprécie n’importe quel Fire Emblem ; je n’avais pas l’impression de jouer à un jeu de 1990 et je n’ai jamais eu à me forcer pour y jouer. Franchement, j’irai jusqu’à recommander le jeu aux néophytes de la série. Y jouer permet de se familiariser avec les grandes mécaniques de la série et de mieux apprécier les améliorations qui seront apportées au gameplay dans les opus suivants. Pas besoin d’aller jusqu’au bout, rien que les 10 premiers chapitres constituent déjà une expérience intéressante qui permet de bien comprendre le gameplay. En tout cas, pour un premier contact avec la série, il est certainement bien plus pertinent de commencer par le premier Fire Emblem que par, disons au hasard, Fire Emblem Awakening.

Jouer à ce jeu est aussi intéressant pour la simple et bonne raison qu’il s’agit du tout premier Tactical RPG (certains diront que c’est Ultima III, mais très peu pour moi, même si je veux bien admettre que Fire Emblem s’en est probablement inspiré). Et oui, Fire Emblem a crée un genre, plutôt balaise. Et même s’il est le premier, Fire Emblem se démarque complètement des autres par bien des aspects, comme les phases alliées et ennemies, le système de contre-attaque etc. Si on compare FE avec d’autres T-RPGs, on voit bien que ça n’a rien à voir.

Et je me rends compte que je n’ai même pas parlé de la mort permanente alors que c’est l’une des premières choses qui vient à l’esprit quand on pense à FE. Je trouve que c’est une bonne mécanique et j’apprécie que le jeu soit designé autour de celle-ci. Sur les 52 personnages disponibles, j’en ai perdu 29, pourtant j’ai quand même réussi à finir le jeu sans trop de problème, parce qu’il nous donne suffisamment d’outils et moyens pour y parvenir. C’était d’ailleurs la première fois que je jouais en laissant mourir mes personnages, et c’est une façon de jouer que je ne peux que recommander.


Je m’attendais à me faire chier en jouant au jeu, mais au final, je l’ai bien apprécié, et je sens que cette expérience va renforcer mon appréciation des autres jeux de la série. Je recommande de jouer à Fire Emblem Shadow Dragon and the Blade of Light ; n’écoutez pas ceux qui disent que le jeu est rendu obsolète par son remake sorti sur DS, car les deux expériences sont bien différentes. Je ne nie pas que le remake est bien plus agréable à jouer, mais FE1 présente tout de même un intérêt, encore en 2023.

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le 15 janv. 2023

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