Fire Emblem: The Sacred Stones
7.8
Fire Emblem: The Sacred Stones

Jeu de Intelligent Systems et Nintendo (2004Game Boy Advance)

The Sacred Stones est le troisième et dernier opus de la trilogie GBA. Et quel jeu ! Je dois avouer que je ne l’avais jamais vraiment porté dans mon cœur jusqu’à tout récemment. Tout comme pour FE7, je n’avais fini FE8 qu’une seule fois (malgré le fait que j’ai parcouru le début du jeu de nombreuses fois étant plus jeune) et je l’avais trouvé plutôt chiant. Mais contrairement à FE7, ma redécouverte de The Sacred Stones a été une révélation et j’ai maintenant beaucoup de respect pour ce jeu.

Ce n’est pas un secret, FE8 s’inspire énormément de Gaiden, on a donc le retour des monstres, ainsi que deux personnages principaux, qui séparent le jeu en deux routes bien distinctes du chapitre 9 au chapitre 14. On a aussi le retour de la carte du monde et des donjons, ce qui n’est pas forcément une bonne chose, mais j’y reviendrai.


En tant que joueur qui se respecte, j’ai tendance à favoriser le gameplay avant tout, mais je ne suis pas insensible au reste pour autant, et j’accorde notamment une grande importance aux musiques. Il se trouve que, justement, FE8 excelle dans son enrobage plus que dans son gameplay.

Les musiques sont vraiment fantastiques, probablement l’une de mes bandes-son préférées de la série. Le départ de Yuka Tsujiyoko en tant que compositrice se fait pas mal sentir ; les musiques de FE8 ont vraiment une pâte unique dans la série.

Mais The Sacred Stones brille le plus dans son scénario. Il est très classique, mais il est réussi. Tout ce que FE7 essayait de faire est perfectionné dans FE8 : un récit centré sur les personnages ? FE8 le fait mieux ; un conflit non manichéen entre protagonistes et antagonistes ? FE8 le fait mieux ; un méchant pour lequel on ressent de l’empathie ? FE8 le fait beaucoup mieux.

A vrai dire, plus que son scénario en lui-même, ce sont les personnages qui sont la plus grande réussite de FE8. Ephraim et Eirika sont de très bons protagonistes (malgré ce que certains peuvent prétendre) et Lyon n’est pas seulement le meilleur personnage du jeu, mais l’un des meilleurs de toute la série. Les autres personnages ne sont pas en reste, mais ils sont malheureusement pour la plupart relégués au second plan à cause du système de conversation de soutien toujours aussi mal intégré. Malgré tout, les conversations en elles-mêmes sont sans doute les meilleures de l’ère GBA.

Le seul vrai reproche que je peux faire au scénario est que la route d’Ephraim est nettement plus intéressante que celle d’Eirika, et que quelques rares moments de l’histoire peuvent laisser assez incrédule (Ephraim qui échappe à Valter durant le chapitre 5x par exemple).


Le gros « problème » de The Sacred Stones réside dans son gameplay. En soi, le gameplay tactique est globalement le même que dans les autres épisodes GBA. La grosse différence vient de l’aspect gestion qui est totalement niqué par la carte du monde. Gestion des objets, d’une part, mais aussi de l’expérience. En effet, les magasins présents dans les chapitres sont accessibles depuis la carte du monde, ce qui fait qu’on peut totalement les ignorer quand on fait les chapitres. Ça peut sembler anecdotiques, mais FE7 et surtout FE6 seraient des jeux bien moins intéressants sans l’obligation de visiter les magasins uniques à certains chapitres, et l’aspect tactique s’en retrouve un peu chamboulé puisque que, dans FE8, il est préférable d’ignorer les magasins plutôt que d’utiliser une unité pour faire les emplettes. Quant à l’expérience, elle est littéralement illimitée, tout comme dans Gaiden. La faute aux monstres qui apparaissent sur la carte et aux donjons. Le problème c’est que, contrairement à Gaiden, la courbe de difficulté de FE8 ne prend du tout le grinding en compte, ce qui signifie que grinder casse complétement le jeu, qui est de base l’un des, si ce n’est le plus facile de la série. D’aucuns pourront se questionner sur la pertinence de proposer de l’expérience illimitée dans un jeu aussi simple. Si les combats annexes étaient limités au postgame, ce ne serait pas dérangeant, mais ce n’est pas le cas et ça casse l’équilibrage du jeu. Bien sûr, on peut choisir d’ignorer le grinding et de jouer de manière linéaire, c’est d’ailleurs ce que je fais à chaque partie, mais ce n’est pas un argument. Ce n’est pas en choisissant d’ignorer un problème qu’on le résout. La vérité, c’est que cette possibilité de grinder à tout moment ruine complétement la gestion, et surtout la réflexion derrière la distribution de l’expérience. Pourquoi se faire chier à entrainer Amelia et Ewan durant les chapitres quand on peut juste faire un tour à la tour de Valni ?

On me dira que chacun joue comme il veut, que certains ont besoin de grinder ou je ne sais quoi, sauf que non, je ne peux pas croire que quiconque ait réellement besoin de grinder dans FE8. De fait, l’option est malvenue et semble être une invitation à casser le jeu.

Je précise bien que le problème n’est pas la facilité du jeu, mais bien la possibilité de grinder en plus de ça. Ça ne me dérange absolument pas que le jeu soit facile, ce n’est pas un défaut tant que le jeu est fun, et FE8 l’est. J’ai pourtant plutôt tendance à rechercher la difficulté quand je joue à FE, mais The Sacred Stones à un rythme tellement maitrisé que je ne peux pas m’empêcher d’enchainer les chapitres.

A vrai dire, bien que FE8 soit beaucoup plus facile que FE7, je me suis surpris à être beaucoup plus investi en jouant à FE8, dans le sens où je ne jouais pas de manière automatisée. On dirait bien que IS a appris de ses erreurs. Contrairement à l’expérience de mort cérébrale qu’était FE7 avec ses douze milliards d’ennemis à la con, FE8 ne spamme jamais les ennemis en boucle, sauf rares exceptions. Les quelques chapitres un peu plus corsés que le reste sont dus à leurs gimmicks ou à leurs objectifs secondaires (6 ; 10B ; 11B ; 9 A ; 10 A ; 16 ; 18 etc.) et non à une surdose d’ennemis qui nous foncent dessus perpétuellement, ce qui est le degré zéro du level design (la seule exception dans FE8 étant le chapitre 20, qui a au moins le mérite de pouvoir se finir très rapidement).

D’une manière générale, le map design de FE8 est très correct, avec quelques coups d’éclats, et très peu de chapitres désagréables (allez, disons que le 5x, le 14B et le 20 ne sont pas terribles).

The Sacred Stones est pour moi l’un des jeux les plus rejouables de la série grâce à ses deux scénarios, à sa facilité qui permet d’utiliser facilement n’importe quelle unité, ainsi qu’aux branches de promotion introduites dans cet opus qui permettent d’expérimenter et de varier la composition de son équipe (en principe, parce qu’en vérité l’une des deux classes sera presque toujours largement préférable à l’autre, et ce ne sera donc jamais un vrai dilemme de choisir sa classe).

En parlant de classes, on assiste à la timide réintroduction des techniques, qui sont associées aux classes. Egide pour les généraux par exemple. Il faut cependant dire que leur importance dans le jeu est très marginale, hormis peut-être la technique « slayer » des évêques.


L’ère GBA se termine en beauté avec un jeu bourré de qualités. On peut quand même se questionner sur cette tendance qu’a IS de simplifier sa série depuis FE7. Un exemple flagrant de cette simplification est le traitement accordé à l’archétype des Jagen, qui n’ont jamais été aussi puissants que dans les deux derniers jeux. Ce n’est pas normal que Seth soit la meilleure unité de FE8, c’est une erreur de design véritablement aberrante.

Ceci dit, FE8 est un jeu très agréable sur lequel je prendrai sûrement plaisir à revenir de temps en temps. Je suis bien content que ma redécouverte m’ai fait changer d’avis.

Tchebest
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le 27 févr. 2024

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