Trois tyrans : le fanatisme, la guerre et l'honneur

Titre inspiré de: “Trois tyrans : la loi, l'usage et la nécessité.” de Ménandre


Même si Fire Emblem est, et de loin ma licence préférée, je dois bien admettre que je n'ai pas touché à un nouveau jeu de la licence depuis Fire Emblem : The Sacred Stones sorti en 2004 soit une quinzaine d'année. Il est d'autant plus important de remarquer que la licence a quelque peu évolué pour, non sans grandes facilités, s'ouvrir un peu mieux à un marché occidentale et que nous sommes sur Switch, console beaucoup plus puissante que toutes les autres machines sur lesquels ont tourné les Fire Emblem. Fin bref même si c'est avec une grande confiance pour Intelligent System et un amour inconditionnel pour les RPG stratégique, il faut bien admettre que c'est en terrain peu connu que je découvrais ce nouveau Fire Emblem.


Bon déjà on a l'habitude avec Fire Emblem mais la musique est incroyable, prenante émotionnellement et témoignant d'une grande bataille qui bouleversera nos héros qui, en risquant leur vie à chaque chapitre, grandiront et vaincrons leur démons passés. Ensuite les cinématiques sont juste super malgré un certain manque de budget, je pense notamment à celles qui clôturent les finals de la seconde partie.


Le premier point qui me chiffonne un peu c'est le coté "choisir si on veut des morts définitives ou non". Ce qui rendait Fire Emblem unique, vois même iconique c'est que contrairement à un Advance War ou autre T-RPG ou on va sacrifier des centaines d'hommes, deux chars et trois avions pour établir une stratégie, Fire Emblem va humaniser chaque soldats de sa garnison, en faisant des hommes (ou d'autres espèces humanoïdes doués de conscience) avec des espoirs, des valeurs, souvent détruis par la guerre. Ces même hommes vont d'ailleurs communiquer entre eux pour essayer de se construire eux-même, de créer une amitié, de comprendre leur rôle et le but de cette guerre. On retrouve même cette démarche avec des ennemis parfois recrutables vois même avec un antagoniste principal comme l'âme torturé de Lyon dans Fire Emblem : The Sacred Stones ou l'enfance détruite du future dictateur Zephiel dans Fire Emblem 6 et 7. Fin bref on en a fait des gens comme vous et moi pour véhiculer un message clair: ce ne sont pas une masse grouillante de chaire qui périt durant les bataille mais des gens comme vous et moi, et la disparition de ne serait-ce qu'un d'entre eux est une tragédie. L’apothéose de cette excellente leçon d'humanité se trouve justement dans cette mort définitive. On nous fait bien comprendre que ce n'est pas un soldat qui meurt et qu'on récupérera en le sortant comme par magie d'une caserne mais bien un homme qui disparait et ne reviendra pas, nous laissant seul, nous et notre chagrin de ne pas avoir pu sauver un ami.
A partir de là on comprend facilement qu'enlever cette mort définitive casse complètement la leçon livrée par Intelligent System, en plus de détruire l'empathie et l'envie de protection de nos personnages. Et même si ce n'est pas le premier Fire Emblem avec ce problème et que ce n'est qu'une option, il faut bien admettre qu'avec les retours arrières et un jeu globalement plus simple, cette fonctionnalité ne serait pas inutile. Surtout que paradoxalement la défaite dans Fire Emblem n'est pas frustrante car il suffit de redémarrer le chapitre et améliorer sa stratégie pour préserver nos héros adorés.


Visuellement vous l'aurez remarqué on est passé sur des modèles 3D, ce qui est assez utile quand on pense qu'il faut se trimballer toute la joyeuse troupe dans tout le monastère et la bouger de place tous les mois (on y reviendra plus tard). Et honnêtement, c'est une réussite qui permet de très belles animations et de jolis combats. Je ne reviendrai là dessus que sur deux points qui me chiffonnent.
Bon d'abord les animations de combats plus réalistes sont... plus réalistes. Bon OK dit comme ça ça peut faire bizarre alors laissez moi donnez un exemple: Lyn dans Fire Emblem 7, une espèce de Bretteuse boostée aux hormones, possèdent une animation pas du tout réaliste ou limite elle se téléporte, mais qu'est-ce que c'est beau, rythmée et limite hypnotisant. Ce qui fait qu'il ne m'était même pas venu à l'esprit de supprimer les animation durant tout FE 7. Alors que quand Byleth donne un coup d'épée ben...il donne un coup d'épée quoi donc au début c'est beau mais passé le chapitre 10 j'enlève les animations car c'est un petit peu une perte de temps. Je n'aime pas cette comparaison car très méchante vis à vis de Fire Emblem : Three Houses qui ne mérite absolument pas d'être comparé au travail de John Favreau mais je le vois un peu comme le Remake du Roi Lion. A trop jouer les réaliste j'ai l'impression qu'on a perdu une certaine magie.
Et ensuite les discussions de soutiens assez plates. Pour reprendre mon exemple de Lyn, dans FE 7 on a un aspect assez light novel avec juste le buste de la bretteuse avec quelques visages représentant les émotions possibles le dialogue et notre cerveau qui s'imagine ce qui se passe. Là ou dans Three Houses ils sont toujours debout en mode robot qu'ils s'entrainent, cuisinent ou peignent, ce qui n'aident pas beaucoup à la suspension consentie d'incrédulité.
Et aussi remarque extrêmement subjective mais Fire Emblem a toujours eu une esthétique Moyen-Age. On retrouve aussi cette esthétique dans Three Houses. Sauf que c'est pas une esthétique Moyen-Age comme j'aime. Un peu trop coloré et propre selon moi. Comment ça tout le monde s'en fout parce qu'en soit c'est réussit et y a que moi qui me plains? Bon OK on passe à la suite.


Revenons sur les dialogues de soutiens qui sont selon moi, le seul réel défaut du jeu (avec cette foutue première partie mais on y reviendra plus tard). Là ou on avait personnages secondaires assez simples (dans le sens avec une deux ou trois idées simples maximum, qu'il va exploiter en discutant avec les autres personnages), Three Houses nous propose des personnages avec une idée différente par dialogue (à peu de choses près) et c'est long et on s'y perd, surtout qu'on se retrouve à se les enchainer durant les quartiers libres et c'est long et on s'y perd. Surtout qu'on se retrouve avec globalement les personnages trop ressemblant comme Bernadetta qui est un mélange entre Ignatz et Marianne mais surtout des discussions presque identiques comme celles entre Raphael et Ignatz et Petra et Caspar qui parlent toutes d'eux d'un parent qu'en a tué celui de l'autre et qu'il faut se détacher de ses prédécesseurs pour avancer. Surtout que la plupart des dialogues ne concernent pas l'homme par rapport à la guerre mais des discussions entre nobles adolescents dans un lycée, et en tant qu'adolescent lycée je peux assurer que ce qu'on dit c'est chiant.


Au niveau des batailles rien à dire de spécial c'est un Fire Emblem donc tout est géré à la perfection...à deux choses près.
Bon d'abord un compromis a du être fait, on a supprimé le triangle des armes pour permettre une meilleure construction d'équipe (on y reviendra). Donc d'une part c'est très intelligent mais d'une autre on perd encore plus le coté stratégique du jeu. Surtout que ce n'est pas les escouades furieusement cool utiliser mais dont je n'ai toujours pas réellement compris l'utilité, qui vont rehausser le tout.
Et bien sur personne n'en parle mais je vais quand même y toucher deux mots: les maps. Bon il y a toujours eu un problème de suspension consentie d'incrédulité avec des bonhomme qui font la taille d'une forêt. Mais avec là ou les Fire Emblem GBA proposait des plaines énormes et variées, permettant des combats légendaires, Three Houses a des maps toutes petites, mal organisées, qu'il réutilise tout le temps. Et surtout que les personnages 3D n'aident pas non plus sur ce coup car on a plus que jamais l'impression que les forêts sont des arbustes, les châteaux imprenables des tourelles et des combats légendaires la guerre des boutons. Il m'a fallu un peu de temps pour m'y faire je ne vous le cache pas.


Au niveau de l'intrigue franchement incroyable. On quitte les grands continents inexplorés pour se concentrer sur 3 états complètement différents mais liés entre eux par une histoire avec à la clef 4 scénarios différents tous aussi cool les uns que les autres surtout dans sa gestion de l'ancien ami devenu ennemis pour des raisons politiques. MAIS (parce qu'il faut toujours un mais) la première partie, celle ou toutes les routes sont similaires est affreusement longue (on part sur une quinzaine d'heure) et ne permet pas de faire une sauvegarde pour ne pas se la refaire (tout du moins dans 2 des 4 voix), ce qui, je pense, va en faire décrocher plus d'un.


Bon attaquons nous maintenant aux deux choses les plus polémiques de cet opus: l'équipe et le temps libre.
Bon déjà l'équipe nous est grassement donnée au début de l'aventure. Ça ne sert à rien d'essayer de recruter d'autres membres, ceux qu'on vous donnes vous suffisent amplement. Surtout que dans ce 16eme opus, c'est l'une des rares fois ou on n'est pas un noble mais un professeur. Et en tant que professeur vous pouvez modeler votre classe à votre guise. Cette approche, en plus d'être originale, permet plus de liberté au joueur. Nan j'veux dire qui ne s'est jamais dit en jouant à FE qu'il y avait trop d'une classe et pas assez d'une autre. Three Houses règle le problème d'une des meilleurs façon possible. Nan franchement c'est une super idée qu'on ne peut que félicité ne serai-ce que pour la prise de risque.
Et pour Garren March (je suis sûr que je l'ai mal orthographié), c'est vrai qu'on y passe presque plus de temps que sur le champs de bataille, c'est vrai qu'il y a beaucoup trop d'objet perdus (personnellement j'ai abandonné) et de chose à faire. Mais passé la période adaptation on se rend vite compte que c'est une chose inhérente à notre travail de professeur. On y prend petit à petit gouts, en même temps que les activités possibles augmentent. Discuter, explorer, faire combattre manger, prier ect... Toutes ces petites choses que j'adore faire chaque début de mois. Moi qui étais un grand opposant de cette fonctionnalité à la découverte du jeu dois bien le reconnaître, c'était une idée en Or.


Bon alors si vous avez été attentif jusque là vous vous demandez surement pourquoi ce rapport étrange entre ma note et mes dires. Ben c'est simple Fire Emblem : Three Houses est parfait. Mes arguments relevant plus du chipotage qu'autre chose mais que "Outre la première partie longue et les scènes de dialogues Fire Emblem : Three Houses est en tous points réussit" ça faisait cour comme critique alors j'ai un peu nuancé certains aspects. J'aime Fire Emblem : Three Houses et c'est d'autant plus une réussite que je n'ai joué à un nouveau jeu de la licence depuis Sacerd Stones sortis en 2004, ce qui faisait que je n'avais pas vu la licence évoluer. C'est d'autant plus une réussite que les Fire Emblem sont tous extrêmement bien positionnés dans mon Top 10 jeux vidéos et que de ce fait je n'attendais ni plus ni moins que l'excellence de la part de ce jeu. C'est d'autant plus une réussite que tous les changements faits se répondent entre eux histoire de créer un nouvel équilibre. C'est d'autant plus une réussite que la licence parvient à évoluer, se démarquant d'un Mario Kart ou Bros qui finiront inexorablement à lasser tant ils sont du mal à se renouveler. C'est d'autant plus une réussite que c'est le jeu Fire Emblem le plus vendus de toutes la saga, n'évoquant qu'une suite lumineuse pour la licence. C'est d'autant plus une réussite que Fire Emblem Three Houses est le meilleur T-RPG de la Switch et un des meilleurs jeux de la console.



Fire Emblem propose là une aventure émouvante est parfaitement orchestrée, la bataille d'une vie, d'une âme qui se cherche dans cette océan de Mystère. 3 rois et 1 déesse, 3 mots et 1 sensations: Grandiose, Prenant, Fort...Heureux


Créée

le 24 juin 2020

Critique lue 616 fois

8 j'aime

10 commentaires

Lordlyonor

Écrit par

Critique lue 616 fois

8
10

D'autres avis sur Fire Emblem: Three Houses

Fire Emblem: Three Houses
Pikouss
4

Tired Emblem

Entre les temps de chargement aussi interminables que les dialogues, et ces derniers étant aussi insipide que les phases d'exploration du monastère, il n'y a pas grand chose à sauver de ce Fire...

le 13 oct. 2019

14 j'aime

11

Fire Emblem: Three Houses
Joo-Hwan
8

L'art de la guerre et l'art du thé

En 2019, dans Fire Emblem, la guerre c'est une vision très personnelle de la chose. D'accord il faut décimer les unités ennemies à dos de wyvernes. Mais il faut aussi boire le thé avec la nana au...

le 24 août 2019

10 j'aime

13

Fire Emblem: Three Houses
LaVeine
8

Fait de sang et d'épées

Pourquoi doutais-je. “ J’attends les retours “, ce furent mes mots il y a de ça deux semaines, encore hésitant de passer à la caisse. Fire Emblem est pourtant une série d’une renommée grandissante et...

le 4 août 2019

9 j'aime

Du même critique

Play
Lordlyonor
8

Réaliser cent utopies pour que les espoirs dépassent enfin la nostalgie

Citation de D. Wynot C'est moi ou ce film vous fait pas penser à Casseurs Flowters , Des histoires à raconter ? Commençons 2020 avec un film que je ne voulais pas voir à la base, la bande annonce...

le 1 janv. 2020

50 j'aime

7

Joker
Lordlyonor
10

C'est beau la folie putain J'ai enfin plus peur de m'ennuyer

Titre extrait de "C'est Beau La Folie" de Lomepal Je spoile Bon on s'attaque à du lourd parce que Le Joker est sans aucun doute le meilleur film de 2019 -"Mais Lyo y'a 20 jours tu nous disais que...

le 9 oct. 2019

50 j'aime

9

Mourir peut attendre
Lordlyonor
8

Inspirez à fond, un seul coup suffira. Qu’il soit gagnant.

Citation de James Bond (Quantum of Solace) Je vais dévoiler certains moments de l’intrigue C’est un peu bizarre de commencer à parler de James Bond par No Time To Die, surtout quand on sait qu’il...

le 10 oct. 2021

48 j'aime

11