Pour ceux qui suivent cet espace sens critique, vous savez à quel point je suis particulièrement consciencieux lorsque je rédige une critique sur un JRPG. D’autant plus quand le jeu a gagné en l’espace de deux ans depuis sa sortie une solide réputation chez les gamers.


Petit rappel des faits: Fire Emblem est une série de tactical RPG qui a vu le jour chez nous en Europe avec Fire Emblem VII, sobrement intitulé Fire Emblem sur cette bonne vieille game boy advance en 2004. Le principe ? On incarne un stratège désincarné qui va guider les héros culte de cette saga, comme Lyn ou Hector, à travers les champs de bataille, avec un scénario généralement sombre.


Vous déplacez vos personnages sur la carte comme sur un plateau d’échec. Les classes vont impacter vos mouvements, la portée de vos attaques... À cela s’ajoute la gestion des armes façon pierre feuille ciseaux ( le triangle des armes), une possibilité d’évolution des classes, et la création de liens entre les personnages, et ça a donné un des jeux que j’ai le plus aimé sur la GBA. Même si je ne l’ai jamais terminé, car la série se targue d’être extrêmement difficile.


J’ai également pu tâter fire emblem VIII, the sacred stones, et il ne m’a pas particulièrement plu. Je lui préfère de loin l’épisode « canonique » sur le territoire européen. Je n’ai depuis jamais retouché à Fire Emblem depuis three house. Je n’ai pas eu les consoles Nintendo pendant des années, avant d’investir dans une switch lite, principalement pour faire des JRPG et quelques exclusivités.


Xenoblade 1 et 2 m’ont mis une gifle comme pas possible sur cette console, et maintenant, voyons ensemble si Three house est un jeu qui mérite d’acheter la switch pour y jouer.


Test réalisé sur 2 run: Edelgard et Dimitri, 66h de jeu


1) L’univers de Fodlan: l’esthétisme gothique à son paroxysme ?


Fire emblem three house se déroule dans un univers particulièrement inspiré du moyen-âge, Fodlan, où cohabitent plus au moins pacifiquement, trois factions armées. L’empire d’Adriesta, qui est incarné sur la jacquette par Edelgard, princesse impériale et future impératrice. Le saint royaume de Faerghus, incarné par Dimitri et l’alliance, une faction assez progressiste dans sa vision du gouvernement, incarné par Claude.


Ces trois personnages centraux, vont évoluer à travers leur scolarité dans l’académie militaire et spirituelle du monastère de Seiros, du nom de la guerrière bénie légendaire qui terrassa le roi Némésis ( la cinématique d’ouverture est excellente).


Le monde de Fodlan est un monde en souffrance, régit par la transmission d’emblèmes hérités de la déesse disparue Sothis, et par la violence et la défiance. Chaque personnage principal porte en lui les stigmates d’un mal être, d’un fardeau.


Dans cet univers, Byleth, le stratège cette fois ci pas désincarné, puisqu’il a une apparence physique ( homme ou femme), va rejoindre l’ordre de Seiros un peu par hasard. Bien évidemment, comme dans tout JRPG, votre personnage cache un secret... enfoui. Celui-ci est visité dans son sommeil par une étrange jeune fille, qui lui accorde le pouvoir de l’impulsion divine, la capacité de remonter le temps de quelques minutes.


Et c’est ainsi que débute cette aventure de three houses. Je vais essayer le moins possible de spoiler, donc je vais dire ceci: la direction artistique du jeu est véritablement très bonne. Le cell shading apporte un cachet permet de faire cache misère d’une technique assez faiblarde. Les cinématiques sont peu nombreuses, mais sincèrement appréciables. L’univers de Fodlan est particulièrement plaisant, j’ai trouvé que par rapport au Fire emblem sur gba, qui présentaient des mondes assez génériques, assez basiques, FE TH semble prendre le pari de vouloir ancrer les choses dans un univers mémorable. C’est presque le cas, on peut saluer le travail des développeurs.


Le doublage des personnages est l’un des meilleurs jamais réalisé dans une version anglaise, et la musique est excellente, voici une petite compilation de ce que j’ai aimé :


Main Theme
The crest of flames
The edge of dawn
Fodlan Winds
The Spirit Dais


2) Une écriture JRPG solide ?


J’accorde une importance particulière à l’écriture d’un JRPG. Qu’est-ce que l’histoire raconte ? Est ce que c’est mature ? Comment interagissent les personnages entre eux ?


Un jeu peut avoir une solide technique, comme FF 7 remake, et une écriture relativement catastrophique, alors que un jeu comme Trails of cold steel 3, techniquement en retard, faisait tellement mieux. Tout ça pour dire que je préfère jouer à un JRPG moche et bien écrit qu’un JRPG beau et mal écrit.


FE TH a le mérite d’être très bien écrit. Sans rire, c’est l’une des meilleures écritures de ces 10 dernières années. J’ai choisi de jouer les deux personnages les moins « héroïques » de l’aventure, Edelgard et Dimitri. Quelle ne fût pas mon agréable surprise. Edelgard est l’une des anti-héroïnes les plus charismatiques du JV, j’ai adoré avoir une Light Yagami au féminin, prête à tout, sans pitié, et qui a des motifs qui justifient ces actions, fussent elles bonnes ou mauvaises.


J’ai particulièrement adoré la classe des Aigles de Jais, Hubert le bras droit qui n’hésite pas à menacer ouvertement Byleth, Dorothéa une croqueuse de diamant qui se révèle être une fille très seule et déprimée ( c’est aussi un personnage ouvertement bisexuel, ce qui est rare dans le JRPG) ou encore Bernadetta, sous son aspect comique, le personnage traite de la maltraitance et des impacts psychologiques qu’elle entraîne.


Et côté Dimitri, c’est encore plus poussé. Dimitri, propre sur lui, cache un fou sanguinaire assoiffé de sang et de vengeance, notamment contre Edelgard, son amour déchu. J’ai adoré les interactions avec Felix, un type ouvertement opposé à ses méthodes violentes, ou encore Mercedes, ou encore Annie et sa relation brisée avec son père Gilbert.


Chaque relation s’inscrit dans un contexte ou un sous contexte, et j’ai jamais vu une écriture aussi développée. Même Persona 5 ne va pas aussi loin, et ne propose pas autant de possibilités.


On peut néanmoins regretter parfois une inégalité de traitement entre les personnages, Edelgard a été moins bien lotie que Dimitri ou Claude, avec seulement 18 missions, il manque clairement un arc à son aventure, et c’est extrêmement dommage.


3) Et le gameplay dans tout cela ?


Fire emblem three houses a regardé la concurrence, et notamment Persona 5, et il s’est dit: « Tiens, on va suivre cette base désormais ». Comme plein d’autres séries, comme Trails of cold steel. Sauf que, de mon avis, FE TH a littéralement repris les aspects d’un persona 5 d’une bien meilleure manière.


Voici comment ça fonctionne: le jeu est en deux parties. La première partie est commune, peut importe quelle maison vous choisissez. Byleth devient professeur d’une des trois maisons, et va donc devoir enseigner/résoudre des quêtes. On est sur un persona: gestion de son emploi du temps.


Allez vous farmer des matériaux, de l’XP, de l’argent en faisant des batailles ? Allez vous débloquer du « soutien » ( relations ) entre personnages en buvant un thé ou leur offrant des cadeaux ? Allez vous vous reposer, et ainsi augmenter la motivation des étudiant lors de leur tutorat personnalisé ? Libre à vous de faire ce que vous voulez. Plus vous avancez dans le jeu, et plus les possibilités augmentent à fur et mesure que vous deviendrez le professeur le plus renommé. Un système de forge, un marché existe où vous pourrez acheter des sceaux en vue de passer un examen pour changer de classe.


C’est c’est la partie monastère. Après dans la partie bataille, globalement on est sur du Fire Emblem classique remis au goût du jour, par un dynamisme et des ajouts plutôt bienvenus. C’est Koei Tecmo qui a co-développé le système de bataille avec intelligent system, et c’est réussi.


On peut vraiment personnaliser son personnage de À à Z, même si certains ont une fonction pré-établie. Le triangle des armes n’existe plus ( dans les faits, en vrai il me semble qu’il reste sous jacent). On apprend des compétences qui peuvent nous sauver la vie, il est loin le temps où l’on pouvait seulement attaquer.


On peut assigner une escouade à un personnage, qui va lui permettre d’augmenter la portée de mouvement, de paralyser un ennemi, d’attaquer plus fort, tout simplement.


Bref, Fe TH, c’est comme à l’ancienne en beaucoup plus nerveux et accessible, car le jeu est entièrement personnalisation au niveau de sa difficulté... Moins présente, oui, mais parfois tellement frustrante. J’en ai marre de ces niveaux qui font spammer à l’infini des dizaines et des dizaines d’ennemis, quand toi tu n’as que 12 personnages sur le terrain ( en comptant les assistants, bien pratique cette fonctionnalité). Ça m’a bien saoulé parfois.


4) Limites du jeu


Pour moi le jeu échappe de peu au statut de masterclass comme les deux premiers Xenoblade pour quelques raisons:


-Sa difficulté frustrante par moments
- Une inégalité de traitement dans l’écriture selon la maison choisie( Edelgard méritait largement mieux)
- Un déséquilibre entre les personnages évident ( Byleth ou Catherine contre Sylvain à tout hasard)
- On voit venir les twists du scénario à des kilomètres
-Une rejouabilité discutable


C’est sur ce dernier point que je veux revenir: la fameuse grande rejouabilité de FE TH. Soi disant il faudrait le faire 3 ou 4 fois avec les différentes maison ( et le chemin caché) pour tout comprendre tout voir. C’est pas faux, mais dans les faits, en sachant que on doit se retaper 15 heures de monastère à chaque fois + certaines missions de la seconde partie réutilisant des assets de mission déjà vues...


Pour moi, FE TH est un jeu qui mérite d’être refait au moins une fois. Et particulièrement la voie Edelgard puis Dimitri, qui est assez complémentaire je trouve. C’est brillant de passer 35 heures à aimer un personnage malgré ses défauts, et d’ensuite passer les 31 heures suivantes à tenter de le détruire. FE TH est loin d’être manichéen, et c’est plutôt une bonne chose, ça change de Cold Steel 4 !


Conclusion


Si souvent je rechigne contre le prix élevé des jeux switch, j’aurai tendance à dire que FE TH, mérite assez bien son prix tournant autour des 40 euros, 2 ans après sa sortie. C’est un très bon JRPG, probablement le meilleur tactical de sa génération en terme de gameplay pur: plus accessible et plus fun que les anciens.


Pour moi, c’est même un jeu qui fait mieux les choses que Persona, alors qu’il s’est grandement inspiré du cinquième épisode. Le jeu est sombre, le jeu a aussi quelques moments un poil comique, l’écriture des personnages est qualitative, on est sur un stéréotype JRPG avec souvent un petit quelque chose qui va désamorcer un peu le cliché.


Le doublage anglais est admirable, l’un des meilleurs de ces dix dernières années, et l’OST est très bonne aussi. L’esthétique de Fodlan est captivante, et c’est un jeu dont la renommé va perdurer dans le temps. Ce fire emblem là va sortir un peu de sa catégorie jeu de niche, et s’inscrire dans les mémoires collectives des gamers.


Est-il parfait pour autant ? Non. Il a des défauts, je les ai énuméré plus haut, et ça empêche le jeu d’être une masterclass comme xenoblade ( 1 ou 2). Néanmoins il mérite la petite médaille de bronze des meilleurs JRPG switch, et à défaut de le posséder ad vitam eternam dans votre ludothèque, je vous conseille de vous le procurer et de le faire au moins 2 fois. Les plus tenaces pourront passer plus de cent heures dessus sans problème, pour ma part, 66 h de jeu dessus avec 2 runs m’ont paru suffisant, et je n’avais pas forcément envie d’y retourner.


Par contre, je garderai un relatif bon souvenir de ce FE Th, l’un de ces jeux typiquement Nintendo pour lesquels l’achat d’une switch est globalement indispensable. A noter toutefois que sur switch lite, les caractères sont un peu petit, dommage de ne pas pouvoir agrandir les textes.

SpiderVelvet
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le 20 avr. 2021

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