Mélancolie et narration

Le mois dernier, entre deux parties de l'exigeant Returnal sur PlayStation 5, je prenais une petite pause en allant voir les promotions sur le Nintendo eShop de ma Switch. Intrigué depuis un certain temps par ce jeu souvent cité par des vidéastes que je suis régulièrement, je profitais de sa baisse de prix pour lui accorder un peu de mon temps.

Une voix dans ma tête

1989, vous êtes dans la peau d'Henry, un homme brisé par la vie qui prend la décision de répondre à une offre d'emploi peu commune. C'est dans ce contexte qu'il se retrouve, du jour au lendemain, à surveiller des feux de forêts dans un endroit reculé de l'État du Wyoming. Isolé dans sa tour à l'écart du monde et de ses problèmes, il a pour seule compagnie une radio dans laquelle résonne régulièrement la voix de son employeuse, Delilah. Incisive, intrusive mais amicale, ce sera elle qui lui donnera des tâches pour occuper ses journées...

Une randonnée intérieure

Le walking simulator est un genre particulier qui met la narration au centre de ses mécaniques. En digne représentant du genre, Firewatch vous offre une expérience forte en émotions qui vous fera déambuler dans des décors naturels aux couleurs chaudes et à l'atmosphère délicieusement mélancolique. C'est dans ce décorum rural que vous découvrirez les secrets d'Henry, Delilah et plus encore en parcourant la forêt qui entoure votre tour de guet.
Le fait de diriger Henry en vue à la première personne, uniquement guidé par les échanges radios entre Henry et Delilah donne un cachet particulier à l'aventure. De vos réponses dépendra l'évolution des relations entre les deux comparses. Un choix brillant qui donne à l'histoire et son déroulement un charme indéniable.
En plus de cette facette principale du gameplay, vous pourrez également compter sur des éléments que vous allez trouver durant votre aventure pour vous raconter d'autres histoires. Des lettres échangées entre deux anciens gardes forestiers, des avis de recherches, des sacs accrochés à des branches,... Que ça soit le fil rouge ou des petits récits subsidiaires imbriqués plus ou moins subtilement à la trame principale, le jeu se donne les moyens de rendre la progression intéressante et riche en rebondissements. Le découpage de l'histoire est surprenant de prime abord mais s'avère être efficace. Je ne rentre volontairement pas dans les détails afin de ne pas gâcher la surprise.

La mélodie de l'âme

Le choix de poser l'histoire dans une forêt en 1989 avec les technologies de l'époque et tout ce que cela implique participe beaucoup à l'aura de ce Firewatch. Les décors sont réellement sublimes et le fait d'avoir très peu d'interactions avec des gens et de communiquer uniquement avec Delilah par le biais de votre talkie-walkie donnent vraiment à vos balades une toute autre dimension. On se surprend parfois à s'arrêter pour contempler les cimes des arbres éclairées par la douce lumière orangée d'un Soleil sur le point de se coucher. Le tout rythmé par les échanges de nos deux protagonistes tantôt légers, tantôt graves lorsque la situation prend une tournure surprenante dans l'intrigue.
Le tableau déjà très attrayant se retrouve également sublimé par une bande-son de qualité qui accompagne le récit avec justesse en nous offrant des mélodies entêtantes et en accord avec l'ambiance mélancolique générale. Mention spéciale aux morceaux Camp Approach et Thorofare Hike que j'écoute régulièrement depuis.
Malgré son caractère reposant, le récit nous propose tout de même des moments de tensions efficaces. Des révélations surprenantes et des situations particulières vont apporter leur lot de surprises à l'histoire. Je resterais cependant vague pour ne pas vous gâcher une expérience qui se retrouverait altérer par des données trop précises.

Sur Nintendo Switch, ça vaut quoi : Juste quelques lignes en ce qui concerne la version sur laquelle j'ai joué. Je ne m'attarderai pas sur les graphismes puisque je n'ai pas de quoi les comparer avec un autre support. J'ai découvert le jeu sur Switch et c'était plus que convenable en Portable comme sur ma TV. Par contre, le jeu souffre de quelques ralentissements bien vénères de temps en temps. Rien de bien rédhibitoire cependant, le jeu reste jouable mais je préfère tout de même le préciser au cas où vous préférez y jouer dans les meilleures conditions possibles.

Balade et découvertes : Firewatch est un jeu court mais intense. Généreux, surprenant et reposant, il nous offre une des meilleures expériences narratives des ces dernières années. Avec son ambiance forestière propice à la contemplation, sa délicieuse bande-son et son aventure rythmée par les discussions radios avec Delilah, c'est une expérience comme on les aime et qui continue de nous montrer que le jeu vidéo est capable de nous proposer un outil formidable pour raconter des histoires autrement.