Firewatch
7.2
Firewatch

Jeu de Campo Santo et Panic Inc. (2016PlayStation 4)

Dans l’imaginaire qu’on a des paysages américains, il y a notamment ces grandes tours en bois perdues au beau milieu des forêts. Jusqu’à présent, je me disais que cette image de carte postale était surtout là pour alimenter quelques films hollywoodien en mal de paysages exotiques, et bien avec Firewatch, j’ai appris qu’on pouvait avoir comme métier de se coltiner plusieurs mois au sein de ces habitations rudimentaires, avec pour principale mission de mater le paysage pour repérer les feux de forêt.


Et quand je dis repérer, c’est bien « repérer », car dans les grands espaces préservés des Etats-Unis, inutile de penser combattre seul les grands feux qui arrivent inévitablement chaque année. Au mieux pourra-t-on les canaliser, les maîtriser, et attendre qu’ils passent, participant ainsi au renouvellement des écosystèmes alentours.


Et bien Firewatch, c’est bien ça. La découverte. L’observation. L’été qui passe. L’inévitable incendie qui arrive. Et vous. Qui observez cette séquence sous vos yeux, perché.


Enfin pas totalement. Car à l’instar du film Shining qui nous avait appris il y a déjà bien longtemps que les métiers bien planqués pèpère dans un coin perdu du monde pouvait rapidement faire déraper son homme, Firewatch nous rappelle cette notion qu’on perçois déjà quand on est, seul, un peu pommé au milieu de la cambrousse : l’isolement, ça fait rapidement perdre les pédales !


Vous incarnez donc Henry, quadragénaire de son état, dont l’introduction vous fera rapidement comprendre qu’après avoir rapidement goûter aux plaisirs simples de la vie (la rencontre, le mariage, les projets), ce dernier a rencontré de graves problèmes personnels auxquels il n’a pas su faire face, l’amenant à se réfugier dans un parc du Wyoming pour y devenir … Firewatcher ( … j’ai pas trouvé comment le traduire en français). Là, perdu au milieu de paysages aussi sauvages que magnifiques, Henry n’aura pour autre contact que sa supérieure Delilah. Il va ainsi devoir apprendre ce qu’on attend de lui, à travers, principalement, la découverte des lieux qui l’entourent.


Firewatch fait partie de ces titres que j’apprécie pour deux raisons (la 2ème étant plus personnelle et nécessite du spoil, d’où la balise pour ceux qui n’y ont pas joué).


La première raison, c’est que Firewatch s’appuie de manière très cohérente sur son propre concept pour développer sa trame narrative. Le cœur du jeu, c’est l’exploration du monde qui vous entoure.


Bon, une exploration quand même très encadrée, dans la mesure où la carte et la boussole (mais si, cette carte avec un point rouge toujours marqué dessus et qui bouge en même temps que vous pour vous dire où vous êtes) ne vous permettront pas vraiment de vous perdre et où, de toute façon, les niveaux sont construits non pas comme de larges étendues, mais plutôt comme de larges corridors menant toujours quelquepart. Mais qu’importe. C’est de l’exploration : on découvre les lieux, on se perd légèrement, on découvre de nouvelles étapes, quelques panneaux, mais surtout des paysages assez beaux, bénéficiant habilement d’effets jours/nuits. Et c’est cette exploration qui servira de support au développement de l’histoire mais également de la perception de votre propre histoire personnelle.


J’y retrouve à ce titre une démarche qu’on pourrait rapprocher, toute proportion gardée, de Xenoblade Chronicles X. Et comme un autre joueur l’avait fait remarqué dans une critique, on se prend au jeu d’essayer de se repérer en fonction des paysages et des lieux où l’on est déjà passé.


Comme mentionné plus haut, ma seule réserve sera que le jeu, bien que cohérent dans sa construction et son design, demeure un peu superficiel dans sa démarche. Non pas que je sois à la recherche d’un jeu de type survie, mais se donner un peu plus de mal pour se repérer aurait, selon moi, servi plus profondément le concept de ce titre.


La seconde raison, c’est l’histoire en elle même (le reste est en balise spoiler).


Non pas que l’histoire soit la meilleure jamais vécue dans un jeu vidéo. Elle dispose même de certaines faiblesses. Mais j’ai un faible pour ces histoire où l’on se monte des virages pour se rendre compte qu’on est arrivé à la fin au même point de départ. Perso, je me suis pris au jeu. Pris au jeu de cette solitude, du petit flirt avec Delilah, de l’espoir que cette aventure va être porteuse d’un avenir meilleur pour Henry, de la solitude, de la paranoïa et de la solitude, de la disparition des deux nageuses, de l’inconnu rencontré à la tombée de la nuit, de cette base secrète servant selon toutes vraisemblances de quartier général pour un complot de portée nationale.


Et puis rien (ou presque). Le feu qui balaye tout. Qu’on ne peut maîtriser. Qui nous force à fuir, laissant derrière nous notre paranoïa nous ayant uniquement amené à croire tout et n’importe quoi alors que l’histoire est beaucoup plus simple et plus humaine.


C’est pas forcément d’une originalité folle mais ça m’a bien plu. Et l’association entre le concept de l’exploration et le développement de la trame narrative m’ont plongé dans l’atmosphère et l’ambiance du jeu.


Dans une récente critique, je m’étonnais de l’accueil trop positif de What Remains of Edith Finch, que j’avais trouvé sympa mais finalement peu original dans son concept et son histoire. Je trouve Firewatch plus abouti. Mieux construit sur la base d’un concept (et d’un métier) plus original. Et même les quelques lacunes de l’histoire ne me feront pas regretter d’avoir, l’espace d’un été, tenté de sauvegarder les vastes étendues sauvages … ainsi que l’équilibre psychologique d’Henry.

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le 30 avr. 2018

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Red13

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