Toast aux sushis plats

Le jeu est bien propre graphiquement, c'est épuré et reposant. Les voyages rapides n'imposent pas de longs chargements, et le rythme de jeu est serein. C'est agréable de parcourir la map même si paradoxalement les paysages ne changent pas beaucoup. On ne peut pas foncer en fou furieux, contrairement à AC Odyssey où on grimpe partout, ou Ghost Recon Wildlands où on priorise l'à travers champs avec la voiture. Le déplacement reste crédible et participe à l'épaisseur de l'expérience de jeu.

Il y a un petit côté Breath of the Wild pour les décors, petit... , et c'est dommage que le level-design n'ait pas plus lorgné du bord de ce Zelda, en jouant sur l'exploration libre. GoT c'est un open-world remplit de points d'interrogation un peu nuls. Comme un Assassin's Creed.

L'aventure est très narrative, avec des dialogues simples et des interprétations tout en retenu. Étant plutôt du genre à taper du pied durant les cinématiques et à skipper les dialogues, je me suis laissé prendre ici au rythme bien dosé de la narration, et à une évolution bien menée des personnages. Les quêtes annexes sont plutôt sympas à suivre également.

L'intro nous fait vivre l'invasion du Japon par les Mongoles en jouant sur le choc des cultures, entre les samouraïs empêtrés dans leur sens de l'honneur rigide, et leurs ennemis plus relaxes de ce bord-là. Notre héros, qui survit au massacre, doit laisser derrière lui la voie du Bushido et tuer comme un "voleur" s'il veut parvenir à sauver l'île.

C'est bien joué, bien exposé, simple et efficace. Rarement vu ça dans un jeu vidéo. Jamais vu ? Possible. Jamais dans le sens où tout concorde. Loin du profil Rockstar où ton gangster surjouant le gangster peut faire des missions de police et des vols d'hélicoptère.

Le système de combat fonctionne bien et élargit les possibilités au fur et à mesure. Rien de nouveau ni de passionnant. La caméra ne m'a pas posé problème. Il faut la recentrer en permanence mais ça m'a semblé tout à fait normal, le héros n'a pas des yeux tout autour de la tête.

J'ai eu l'impression de progresser dans l'aventure. Gros plus pour moi. Généralement un open-world je le complète avec ennui. Je peux jouer des heures en ayant l'impression de n'avoir rien fait, dans une sorte de brouillard où quêtes principales et annexes se confondent. Et c'est pour cela que j'y joue des heures, comme on peut rester deux heures sur facebook à juste faire défiler son mur. Ça absorbe par le vide.

GoT est rassasiant. Une heure de jeu et j'ai eu une dose agréable. Je ne ressens pas le besoin de farmer, et au contraire je prends du plaisir à jouer et parcourir les lieux, découvrir les quêtes.

Mais comme Metal Gear Solid 5 The Phantom Pain, l'ensemble des mécaniques composent un tout qui façonnent une aventure, au lieu d'être un  jeu creux et sans âme.

Alors pourquoi juste 6 ?

C'est magnifique... durant quelques heures. Il y a 3 régions. On a fait le tour du jeu à la moitié de la première.

J'appelle "avoir fait le tour" lorsque le jeu rentre dans une sorte de "jour de la marmotte".

Graphiquement on ne va faire face qu'à des changements cosmétiques, le gameplay va proposer des nouveautés qui ne renouvellent rien, et on perd progressivement tout intérêt pour le scénario parce qu'il étire inutilement la sauce.

La plaie de l'open-world Playstation 4. Les premières gorgées c'est du vin. 10 ou 15  heures après c'est de l'eau rose.

On est dans du XP/compétences/loot/craft/collectionnite. Au bout d'une heure on a déjà croisé 3 renards et 4 colibris dorés, ça donne une idée de l'ambition ludique du titre. Intégrant avec soin et subtilité les divers éléments du cahier des charges pour qu'ils se fondent dans l'univers médiéval japonais, GoT n'en reste pas moins un titre ne proposant que du vu et revu.

Le jeu s'essouffle sous la répétitivité.

Oui c'est agréable à suivre, mais au bout du 3ème personnage secondaire avec ses quêtes à lui, l'histoire stagne au lieu d'avancer, et la motivation décline.

Oui on veut bien aider la population, mais toutes les quêtes se ressemblent.

Oui c'est rigolo de composer un haïku... une fois. Et voir les fesses du héros qui prend son bain à répétition, ça ne me vend pas du rêve.

Oui les combats sont agréables, mais parer et esquiver suffisent, et proposer 4 postures n'est que de la fausse profondeur.

Les faux choix de dialogues rappellent la misère narrative de la génération précédente, et l'open-world vide nous donne la nostalgie des couloirs certes scriptés de la Playstation 3, mais rythmés et courts au lieu d'être interminablement plats.