Assassin's Creed, Clan Campbell édition.

Il y a un an et deux mois, pour mon anniversaire, on m'a offert ce jeu. J'ai commencé de manière enthousiaste, puis je l'ai laissé pendant plus de dix mois. J'ai repris récemment, à plus haute dose, pour passer une période très difficile de ma vie. Et je suis content du voyage, même si tout n'est pas exempt de reproches.

C'est l'Assassin's Creed au Japon que tout le monde attendait. Avec une histoire prenante, de combattants japonais d'une île du nord assaillis par un ennemi qui n'a que faire du bushido : les Mongols de Khotun Khan, chef de guerre qui sait retourner la psyché de l'ennemi contre lui pour instiller la terreur. Et donc vous jouez Jin, jeune samouraï qui va délaisser son code pour se battre salement, mais efficacement. Au point d'être renié par le maître pour lequel il avait tant de respect.

C'est un monde ouvert. Les créateurs ont compris qu'il fallait favoriser l'immersion : ici peu d'interface, pas de nuages de marqueurs, juste le vent directeur pour vous aigillonner. Mais les quêtes, pour bien écrites qu'elles soient, ne réussissent pas totalement la narration environnementale : souvent plutôt que de chercher on attend que le marqueur arrive. par ailleurs, le jeu est long (j'ai mis une centaine d'heures à le terminer à fonds), artificiellement rallongé. Vous allez devoir débusquer des sanctuaires de renard (il faut suivre l'animal à la course gracieuse), explorer des sanctuaires en faisant des acrobaties qui feraient pâlir Nathan Drake, chercher des onsens naturels cachés, et vous allez le faire au-delà de l'écoeurement si vous êtes complétionniste. Tout cela pour des gains fort anecdotiques : les concepteurs auraient gagné à réduire le monde et mettre moins de points d'intérêt, car souvent on a l'impression d'ouvrir des poupées russes, qui en ouvrent d'autres, etc... C'est ce sentiment qui m'a fait lâcher le jeu après avoir terminé la première île.

A noter que le DLC sur l'île d'Ikki n'apporte pas grand-chose à part une mécanique d'assaut à cheval. Et une plongée dans le chamanisme. Et qu'on retrouve le même système de murs invisibles frustrants quand il s'agit d'escalader des montagnes, à la Horizon Zero Dawn.

Et les combats ? Frustrants. Vous avez le choix entre quatre postures d'épée, en fonction de l'ennemi que vous affrontez (lance, bouclier, épée, géant...), et il n'y a pas de subtilité : vous changez d'adversaire, il faut changer de posture. A noter qu'il y a de nombreux projectiles "sans honneur" qui permettent de finir le combat plus vite (vous n'avez pas le droit de les utiliser lors d'un duel important), et le jeu vous incite à les utiliser. Reste que le feedback des armes a quelque chose de déroutant. Et les attaques ne sont pas si variées que ça. Quant au système de parade-contre, jusqu'au bout je n'ai pas réussi à le maîtriser vraiment. Je n'ai pas fait Sekiro, mais j'imagine qu'en comparaison, cela fait pâle figure.

Le jeu en revanche brille dans son histoire et surtout dans ses environnements. Avec des jeux de lumières qui en font une véritable usine à screenshots. Les perspectives, les lumières, les couleurs, tout est sublimement pensé. C'est vraiment du grand art, surtout si à cela vous rajouter un mode cinématographique à la Kurosawa et un mode photo.

Bref, pour paraphraser Chicac, "C'est long mais c'est beau". Ma principale critique vient d'un sentiment de délayage qui n'était pas nécessaire et qui banalise les indéniables qualités du jeu.