J'avoue que j'étais fébrile avant d'essayer ce GTA: The Remastered Trilogy — The Definitive Edition (ou alors juste GTA: The Trilogy — Definitive Edition, j'ai jamais trop compris comment ça s'appelait de toute façon et c'est pas bien grave). La volée de bois vert que je le voyais se prendre d'à peu près partout m'avait quand même pas mal refroidi... Mais bon, je me suis finalement lancé, je l'ai pris, rien que pour voir si c'était aussi catastrophique qu'on le disait.

J'ai pas été déçu. Comment décrire la chose... Disons qu'il faut passer sur pas mal de choses pour considérer avec calme ce que Rockstar Games a osé vendre.

Passer sur la jouabilité, encore plus rigide que dans les jeux originaux. Passer sur les musiques qui manquent car Rockstar n'avait plus les droits, et n'a apparemment pas jugé utile de les racheter pour, je sais pas moi, un truc de fou : avoir la même B-O que dans la trilogie originale ? Passer sur la pluie qui rend dégueulasse, les textures huileuses de partout. Passer sur les débilités style les commandes modernes en véhicule, impossible de faire des drive-by vu la position des mains sur la manette (heureusement qu'ils ont eu la bonne idée de conserver les commandes tradis...). Passer sur la montagne de bugs dont les trois opus sont truffés : un pont qui n'apparaît pas par ci, une caméra en roue libre par là... Oh tiens, une route qui aspire le joueur dans le néant ! Et une... une bagnole qui grossit en slalomant ?! Mais c'est le sheitan dans ma manette ! Allô père Carras, ici C4r4mel !

Non, sentons-nous pénétrés par la sainteté (uniquement par elle, je vous vois venir, petits pervers) et faisons l'impasse sur ces quelques MENUS DÉTAILS pour un jeu sorti en 2021...

Même là. Franchement.

C'était compliqué de faire des dégâts véhicules réalistes ? Des avions un poil plus maniables ? Des IA de PNJs au moins comme dans GTA IV, un jeu sorti en 2008 bordel, en 2008. C'est quoi la logique des mecs qui se sont dit que pour plaire à un joueur de 2021, il fallait des graphismes améliorés mais qu'on pouvait garder vingt modèles de piétons et les animer comme début 2000 ? Alors je sais ce que les rares preux chevaliers défendant ce jeu (il en reste) disent : « c'était pour conserver l'immersion » ! Mais vous croyez vraiment que mon immersion a été conservée avec les trognes que je me suis farcies ?! Non mais sérieux, Tommy Vercetti ressemble à un Antillais bouffé par l'alcool, Candy Suxx a des airs de catcheur sous stéroïdes, et Denise... Denise, mon Dieu. Denise, c'était une kheyette du ghetto, presque une OG, gentille, fraiche. Elle a été transformée en... En... En Mii.

Courage Denise, on ne t'oubliera pas. Tu deviendras le symbole de la décadence profonde des jeux AAA, et de l'arnaque totale que Rockstar s'est permise envers ses fans.

Il faut d'abord dissiper un malentendu: ce n'est nullement une trilogie « remastérisée ». Ni dans l'intention (car texturer en HD avec des graphismes hors d'âge ne constitue pas une remasterisation) ni dans les faits, car les jeux sont pires que les originaux en presque tout point. Même le GPS est beugué parfois, c'est dire le naufrage complet que constitue ce titre.

The Trilogy – Definitive Edition sent donc bel et bien l'arnaque, certainement lancée pour amortir les coûts de développement de GTA VI et Red Dead Redemption Online, qu'on imagine faramineux. Confier la remasterisation des jeux qui t'ont rendu célèbre (attendue comme le Messie par tes fans) à une boîte qui à la base fait du portage sur mobile, ça peut s'apparenter à de la faute professionnelle. En revanche, n'avoir jamais eu l'idée, à aucun moment, de te pointer dans les bureaux de Grove Street Games pour voir ce qu'ils foutaient, et mettre le produit final à 60 boules sur ton Store, ça... Ça, c'était du foutage de tronche parfaitement assumé.

Première ironie, cette édition est tellement « définitive » que des patches sont sortis dès les premières semaines pour la corriger (et apparemment, c'est pas la panacée), et deuxième ironie, à cause des nombreux bugs à traiter, Rockstar a pris du retard sur d'autres jeux. Elle disait quoi déjà, cette fable sur la poule aux œufs d'or ?

Rockstar s'est fendu des excuses officielles de circonstances (les tâcherons de Grove Street Games s'en balancent par contre) mais trop tard, le mal est fait ; la réputation du studio est entachée, surtout après le grand professionnalisme dont il avait fait preuve avec RDR II, jeu magistral quasiment en tout point. 20 ans pour se construire un crédit critique, à peine 2 semaines pour se le faire démolir, et à très juste titre.

Une remasterisation moins bonne que ses originaux, à tous les points de vue, faut quand même le faire. Encore une fois, le pire n'est pas qu'un studio soi-disant pro fasse moins bien que ce que des modeurs amateurs font depuis plusieurs années, même si en soit, c'est déjà inquiétant... et énervant, parce que bon, ces jeux-là j'ai grandi avec, donc j'ai pas été super content de les voir encore plus défigurés par Grove Street Games que Donatella Versace par le bistouri.

Non, le pire, c'est qu'une boîte de renommée internationale approuve un ratage totalement injustifiable, même avec la plus grande dose de mauvaise foi. Les dirigeants de Rockstar se sont-ils pris pour les héros de leurs propres jeux en décidant de braquer leurs joueurs ? Le doute est désormais installé : qui ira acheter GTA VI sachant que Rockstar fait désormais dans l'entubage sans vergogne ni vaseline ? J'avoue que pour ma part, si la confiance n'est pas rompue, elle est sérieusement ébréchée...

Allez, trois étoiles pour les trois jeux originaux en eux-mêmes, ils le méritent quand même bien.

C4r4mel
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le 20 févr. 2024

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