Gunbrella
6.7
Gunbrella

Jeu de Doinksoft et Devolver Digital (2023PC)

Temps de jeu : 10 heures
Test rédigé pour Nintendo-Difference [#99]

Déjà à l’œuvre sur Gato Roboto (également testé par nos soins), Devolver Bootleg ou encore Demon Throttle (disponible uniquement en physique sur Nintendo Switch), Doinksoft nous revient cette fois-ci avec Gunbrella, un action-platformer 2D tout en pixel art et baignant dans une ambiance visuelle résolument inspirée de polars. Jeu de mots habile, Gunbrella propose au joueur d’incarner un bûcheron en quête de vengeance, armé d’un fusil servant également de parapluie. Disponible sur le Nintendo eShop depuis le 13 septembre dernier, le titre est acquérable pour un peu moins de quinze euros. Désormais sous l’égide de Devolver, l’éditeur ayant racheté le studio en avril, nous nous sommes aventurés dans les terres dystopiques de Gunbrella. Si elles ne ressemblent en rien à une carte postale, on peut d’ores et déjà vous assurer que le voyage était loin de nous déplaire !

Murray, bande d’enfoirés !

Murray, un bûcheron bourru, s’en était allé à la cueillette de champignons, sur demande de sa femme adorée. Au loin, il découvre avec effroi sa demeure en proie aux flammes, où git le corps de sa bien-aimée et où manque à l’appel celui de sa fille, alors nourrissonne. Pour seul indice, un étrange fusil-parapluie : le Gunbrella. Bien décidé à se faire justice lui-même, Murray voyagera de ville en ville à la recherche du coupable, dézinguant gangsters, cultistes et autres créatures surnaturelles sur sa route. Si Gato Roboto faisait fi de toute narration insistante pour se concentrer sur son gameplay, la dernière production de Doinksoft elle, ose en faire un point fondamental. Avec un univers aussi alléchant, difficile de s’opposer à la volonté du studio orégonais, lequel s’est efforcé à rendre l’intrigue relativement prenante. Plutôt bien écrits, les dialogues n’hésitent pas à incorporer un peu d’humour et de légèreté entre deux séquences bien moins réjouissantes.

Les nombreux personnages secondaires croisés ici et là reviennent de temps à autre, évoluant au fil des choix réalisés par le joueur. En effet, durant des séances de dialogues, il n’est pas rare d’être confronté à deux réponses possibles, lesquelles peuvent influer sur les événements futurs. On pense notamment à la recherche d’une gemme rare pour laquelle luttent un marchand et un sans-abri ; une fois la main mise dessus, c’est au joueur que revient le choix de son légitime propriétaire, altérant la suite de l’intrigue et parfois même de certaines interactions, comme le prix des marchandises. Si toutes ces propositions nous enchantent, qu’il s’agisse du récit en lui-même ou de la possibilité d’interagir avec lui, on s’étonne tout de même du rythme global de l’aventure, qui entrecoupe régulièrement ses phases d’action avec des cinématiques, dialogues et autres phases d’exploration. À peine le joueur a-t-il le temps de profiter d’une joyeuse petite fusillade que le titre le coupe pour lui rappeler l’importance de son story building.

Shootin’ in the Rain

Un sentiment mêlant fun et frustration, où chaque joute et séance de parkour se révèlent très agréables, mais diablement trop courtes. C’est peut-être là le réel problème du titre : une sensation de ne jamais véritablement décoller, quand bien même sa composante gameplay peut-être une franche réussite. Il y a bien quelques boss à se défaire ici et là, mais ceux-ci manquent de variété dans leurs patterns, ne marquant finalement que très peu le joueur en dehors de leur apparence, bien plus massive et détaillée que les ennemis récurrents. Armé du Gunbrella, Murray peut évidemment tirer sur ses ennemis à la manière d’un fusil à pompe, infligeant de lourds dégâts, mais nécessitant de ne pas être trop éloigné de sa cible. Plusieurs types de munitions sont déblocables au fil de l’aventure, allant des cartouches classiques à celles capables de purifier les esprits, ainsi que des grenades et autres scies.

En plus de cet aspect offensif, le joueur peut également user de moult consommables visant à se soigner ou s’octroyer des bonus de protection comme des bandages, des pilules ou de la viande de rat. Avec un système de vie prenant la forme de cœurs, il lui faudra recevoir au minimum quatre coups pour trépasser, voire plus s’il parvient à mettre la main sur diverses améliorations. À noter qu’avec un seul cœur restant, Murray, amoché, devient beaucoup plus lent et raide. Plus qu’une arme à feu, le Gunbrella dispose aussi d’une forme de parapluie, laquelle permet d’absorber ou de renvoyer les projectiles ennemis selon si le joueur parvient à contrer au bon moment ou non ; un système de parry bienvenu et satisfaisant pour celui qui parviendra à le maîtriser. Enfin, le parapluie peut également servir pour effectuer des ruées en le déployant, que ce soit sur les côtés, mais aussi dans les airs. Mêlé aux sauts muraux, il est possible d’atteindre rapidement les hauteurs d’un écran, de se laisser planer au-dessus des ennemis pour mieux les esquiver ou les éliminer par surprise.

Gunbrella Academy

En éliminant créatures mutantes, bandits, cultistes et autres monstruosités fantastiques, Murray engrange de la monnaie, laquelle peut être dépensée chez divers marchands, histoire de se fournir en provisions et munitions spéciales. Il est également possible de dénicher de précieux rouages qu’il sera possible d’échanger contre des améliorations visant à infliger plus de dégâts et recharger son arme plus rapidement. Au niveau de la difficulté, le titre semble relativement permissif, notamment grâce à ses nombreux points de sauvegarde (des bancs ou des lits). Ces checkpoints permettent aussi à Murray de récupérer intégralement ses points de vie perdus, gratuitement. Seuls quelques boss nous auront posé problème, mais rien d’insurmontable à force d’essais, même en difficile. Sans être extrêmement accessible, le titre pouvant punir rapidement la négligence du joueur, Gunbrella ne montre pas beaucoup de résistance.

Comptez un peu plus de cinq heures pour en venir à bout ; un peu plus pour ceux désireux de compléter toutes les missions annexes. Techniquement, que ce soit en mode portable ou sur téléviseur, Gunbrella s’en sort parfaitement. Les temps de chargement peuvent être assez longuets, notamment lorsqu’on change régulièrement de ville, mais rien de réellement impactant lors des phases d’action où la mort peut survenir rapidement. Doté d’un joli pixel art, dont les teintes marron ressortent mieux en jeu que sur les captures d’écran, le titre est aussi fluide qu’il est beau, laissant une action toujours très lisible, même dans les grosses fusillades. Un filtre cinématographique, désactivable dans les options, ajoute forcément un cachet bienvenu, toujours dans l’esprit « noir punk » du jeu. Notons l’animation de tissus, comme l’écharpe du protagoniste, magnifiée par un effet « 3D » à la physique crédible. On apprécie également grandement la présence d’une localisation française, plutôt réussie, ainsi que celle d’une excellente bande-son composée par Britt Brady et hyperstepp.

Conclusion

Gunbrella semble cocher toutes les cases avec brio, tant sur le plan de sa direction artistique que de son gameplay, sans oublier son univers dystopique et l'histoire qui en découle. Fort d'une mécanique de jeu aussi intrigante que plaisante, celle de l'arme à feu et du parapluie, on se plait à flinguer frénétiquement, renvoyer les projectiles ennemis, tout ça avant de s'envoler dans les airs, planer au-dessus d'espèces mutantes et de retomber sur de vilains cultistes pour leur exploser la caboche. Dommage toutefois que ces phases d'action soient aussi courtes, trop souvent hachées par la volonté de Doinksoft d'imposer une narration un poil invasive ; mieux vaut tout lire, au risque de déambuler dans les niveaux à la recherche de son objectif. On aurait apprécié un titre légèrement plus long, et s'il ne sort pas forcément du lot, Gunbrella parvient tout de même à se montrer suffisamment plaisant pour être recommandé.

Kalimari

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