Halo: Reach
7.2
Halo: Reach

Jeu de Bungie Software et Xbox Game Studios (2010Xbox 360)

On l'a dit et répété, Halo CE était et reste un jeu marquant, les suites étaient en dessous. Halo : Reach renoue avec l'esprit du premier jeu, mais franchit enfin le cap de la next-gen.
Au niveau de la campagne, on a probablement le meilleur Halo depuis Combat Evolved. Contrairement aux 3 précédents (surtout les 2 & 3), il n'y a aucun niveau qui soit littéralement mauvais, et non pas de "bibliothèque", pas de flood, le retour des élites. Beaucoup de variété que ce soit dans les objectifs, le level-design, les situations. Bungie maîtrise certes moins les scripts qu'Infinity Ward. Mais cela importe dans la mesure où Halo : Reach n'est pas vraiment pensé pour. Succession d'escarmouches stratégiques (héroïque minimum !), le jeu propose une véritable IA non scriptée, diverses manières d'aborder l'action, et un vrai challenge gratifiant. Côté gameplay, le jeu a été épuré de tous les ajouts qui rendaient le tout parfois assez imbuvable (DW, modules...), et étoffé par la présence de capacités spéciales telles que le sprint ou le jetpack qui offrent au joueur plus d'options pour décimer du covenant. L'arsenal a aussi été repensé et rééquilibré, avec notamment des armes covenantes qui se distinguent plus de leurs équivalents USNC, les doublons ont quasiment tous été éradiqués. L'arsenal est d'une grande richesse, le feeling des armes est excellent : du Halo pur jus de ce côté là.
Cependant, la campagne aussi bonne soit-elle, propose peu de grands moments, et surtout, l'effet de surprise n'est plus là.
J'ai dit précédemment qu'aucun niveau n'était aussi mauvais que "The Library" ou "Cortana" : c'est vrai, mais peu de moments marqueront autant que "The Silent Cartographer", "The Truth and Reconciliation" ou "Assault on the control room".
Halo : Reach est l'opus de la constance : les niveaux sont tous "bons", ni plus ni moins, avec des pics d'excellence peut-être plus rares que d'habitude, mais aussi dix fois moins de médiocrité.
On a un jeu soigné du début à la fin, pratiquement sans temps morts, mais qui ne surprendra guère ni les fans ni les autres. Les moments de bravoure sont en général des recyclages (ou des hommages, selon le point de vue) aux opus précédents, même mais en plus maîtrisés et modernes, tandis que cet opus introduit tout de même un peu de situations inédites bienvenues, on en aurait voulu un peu plus cela dit. Le jeu se veut aussi plus nerveux et tactique en raison des mods qui rendent les escarmouches plus stratégiques. Mais sur le fond, la recette et l'esprit restent les mêmes.
Certes, le statut de préquelle du jeu permet d'introduire de nouveaux spartans, mais il est difficile de s'y attacher tant ils sont caricaturaux. L'histoire est d'ailleurs assez décevante, malgré une tension dramatique certaine, renforcée par une OST mémorable qui fait la synthèse des thèmes épiques des Halo et du côté plus électrique et saturé de ODST.
En définitive, une campagne très plaisante qui plaira sans aucun soucis aux fans, et qui conclut avec solidité la saga. Et ce même sur le plan technique, puisque le jeu se dote enfin d'une réalisation à la hauteur de sa direction artistique qui est ici la plus belle de la série. Grande variété de décors, énormément d'éléments affichés, physique de qualité, modélisation des spartans excellente, cutscenes souvent magnifiques, et surtout les menus les plus élégants que j'ai pu voir dans un JV. Ça ramouille par moments cela dit, un défaut qui n'existait pas dans les autres Halos et tous les décors ne se valent pas : restent encore quelques environnements pas bien folichons. De plus, l'aliasing n'a pas complètement été éradiqué, il est toujours très présent sur certains décors et reste donc une nuisance du moteur de Bungie. N'empêche que globalement, la production value du titre est bonne, et ne donne pas ce sentiment daté des précédents.
Donc à me lire vous vous dites, la campagne vaut donc un solide 7/10. Car il est évident qu'elle ne mettra pas de claque avec des moments épiques, une mise en scène incroyable ou un scénario haletant. Il s'agit surtout de mettre en valeur, dans une aventure solo, les excellents combats que propose Halo : réellement stratégiques et rejouables. La campagne de Halo Reach, c'est un peu le multi qui s'invite dans un environnement sandbox prédéfini. C'est là la différence avec les précédents. Halo 3 avait après tout beaucoup plus de moments épiques que Halo : Reach, malgré la très grande inégalité de ses niveaux.
Mais Halo Reach c'est aussi un jeu multi. Et quand je dis multi, je ne parle pas que du compétitif. A vrai dire le jeu est blindé d'options, de défis, de contenu, de choses à débloquer, de modes. Le coop est comme toujours un régal, le firefight est un monstre de fun, et le multi compétitif est une orgie : il y en a pour tout le monde avec les modes classiques des Halo et d'autres qui lorgnent vers les FPS plus moderne (captures et défenses de territoire), avec comme toujours les modes loufoques made in Halo. Jamais on aura vu, dans un FPS console, un contenu aussi colossal au niveau du multi, une offre aussi variée et addictive, un jeu aussi bien équilibré, stable et qui bénéficie d'un suivi impeccable de la part de Bungie. En cela, Halo : Reach est l'héritier de ces FPS consoles made in Rare qui étaient ultra paramétrables de a à z.
Et surtout, malgré les ajouts, le jeu a conservé son âme. Non pas que je déteste les COD et autres BFBC. Mais ça fait simplement plaisir de voir qu'il existe une autre école de FPS, qui ne vont pas jouer sur le même terrain et qui gardent en cela leur style propre. Le seul bémol que je trouve au multi, c'est qu'il y a seulement 8 maps, dont certaines très moyennes, avec un map pack déjà annoncé à 10€... Mais le mode Forge comble en grande partie ce manque.
En définitive Halo : Reach, c'est un peu Bungie qui a eu un soudain regain d'inspiration et de maîtrise pour faire une sélection minutieuse de ce qui fait d'un bon Halo un bon Halo. Ils ont jeté à la poubelle tout ce qui était susceptible d'altérer l'expérience, ou qui l'avait déjà fait par le passé. Du coup, la prise de risque est minimale, les grands chamboulements peu nombreux, mais le pari est réussi. Si la campagne est bonne sans être incroyablement marquante, le "total package" que constitue Halo : Reach en fait la meilleure offre du genre sur console. Alors certes, le jeu ne convertira peut-être pas à coup sur les éternels réticents, mais c'est celui qui est le plus à-même de le faire. Pour les autres, ils se noieront avec plaisir dans tout ce contenu faramineux. Halo : Reach a été pensé pour être joué pendant de longues années encore et rend d'emblée tous les anciens opus obsolètes. Si l'esprit de la série s'était donc un peu perdu passé le premier jeu, Halo : Reach fait donc la parfaite synthèses de ses bons côtés et clôt la saga selon Bungie sur une note positive.
Jben
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le 6 févr. 2011

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