Le jeu du chasseur (se) sachant chasser(é)

Longtemps ma note est restée à un honorable 7, qui traduisait moins les défauts du jeu que la sanction quant à son contenu (3 cartes et 2 modes de jeu) et quant à la politique de DLC quelque peu exagérée (d'autant que parallèlement je m'étais lancé dans Deep Rock pour lequel les développeurs font un suivi vraiment exemplaire).

Mais après 200 heures de jeu, il apparait qu'un 7 ne fait pas honneur au gameplay proprement addictif de ce concept de PvPvE en mode battle royale à 12 joueurs dans un univers western horrifique.

Car ce gameplay capture l'essence de ce que peut être la chasse (bien loin du tir au pigeon moderne) : vous êtes constamment sur le qui-vive à tenter de capter le moindre bruit ou le moindre indice quant à la présence d'un ou plusieurs rivaux, de façon à ne pas se retrouver passer de chasseur à proie. Hunt est en cela implacable, la mort étant souvent définitive et impliquant la perte du personnage et de son équipement, ce qui génère une tension quasi viscérale en jeu et un sentiment d'extrême vulnérabilité, appuyé en cela par un environnement glauque et hostile. Et pourtant on y prend goût et on ne peut s'empêcher d'y retourner, quand bien même on rage énormément face au côté impitoyable du jeu. D'autant qu'on partage tous le même objectif de ressortir vivant avec les primes obtenues en bannissant le ou les 2 boss (ou en les dérobant ensuite à d'autres chasseurs), ce qui implique de constamment s'adapter à l'évolution de la partie et des forces en présence.

Et on oublie vite l'apparent manque de contenu lorsqu'on comprend que le gameplay et l'incroyable richesse des maps n'a de cesse de générer de nouveaux affrontements dans des endroits souvent incongrus (un bout de rivière, un talus, un champ, en plus des nombreux lieux-dits) et une configuration inédite liée aux armements, aux équipes engagées, à la présence de monstres, etc. On se surprend régulièrement à passer à proximité d'un lieu d'un précédent affrontement et à se rappeler de son dénouement, ce qui traduit toute la force de ce jeu dont le gameplay génère des moments uniques et épiques desquels on se souvient, au contraire de trop nombreux FPS multi où la liste des kills au cours d'une partie est telle qu'on ne se rappelle pas de grand chose. Ici chaque partie est unique et souvent mémorable, ce qui n'a de cesse de nourrir cet équilibre entre aversion et envie irrépressible d'y retourner, en tâchant au passage d'adapter au mieux son équipement pour faire face à un maximum de configurations (ce qui d'ailleurs est en soi impossible et une énième source de frustration s'il en fallait).

Oui Hunt est très exigeant mais ô combien addictif, et il m'était difficile d'en rester à ce 7 tant j'avoue être accro à son concept (au point même, honte à moi, d'avoir craqué et finalement acheté un des skins hors de prix proposés en DLC).