En cette nuit de Février 1929, je me retrouve une invitation à la main, dans un wagon empli de convives masqués. Je ne sais même plus comment j'ai atterri ici. Je me mets à tendre l'oreille et à entendre les discussions discrètes d'un petit groupe de passagers, contant leurs derniers souvenirs avant d'avoir pris place à bord. Puis, au fil de leurs récits, ma mémoire se réveille petit à petit. Alors, embarquer dans cette histoire a-t-il été une sage décision ?


❤ Dès les premiers mots de mes compagnons de voyage, je suis saisie par la beauté macabre de l'univers. Le pixel art est finement détaillé à travers ses magnifiques décors et ses personnages, dégageant une grande expressivité malgré cet aspect stylistique. Ainsi, chacun possède leur propre posture et gestuelle, les rendant tous très distinctifs. Le tout baigne dans une ambiance lovecraftienne à la fois mystérieuse et lugubre, sublimée par des jeux de lumière maitrisés et d'une mise en scène inspirée, empruntant beaucoup aux codes du cinéma. Mention spéciale à la seconde histoire où les thèmes de la depression et du déni se matérialisent avec grande originalité à travers une narration visuelle évocatrice et pleine de symboles.

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❤ En continuant de boire leurs paroles et mon petit cocktail, des airs commencent à me trotter dans la tête. Puisant dans des thèmes libres de droit signés Kreisler, Satie ou Dvorak, la bande son s'inscrit parfaitement dans l'époque révolue dans laquelle on est plongé. Mais au delà de sa résonnance nostalgique, elle se met au service de la narration en s'invitant dans le cœur des différentes intrigues. A cela s'ajoute une atmosphère sonore minutieuse, jouant sur la spatialisation et le silence pour amplifier davantage le malaise ressenti pendant ce voyage.


+/- Les conversations des invités s'enchainent de manière aussi fluide que le gameplay. Celui-ci se caractérise par une forme de point & click classique, se basant avant tout sur l'observation et l'attention portée à l'environnement. Aussi, les énigmes deviennent un peu plus poussées au fil des histoires, mais ne demeurent que peu nombreuses au vu de la courté du jeu. Certaines manquent également de précision dans leur fonctionnement, la logique attendue n'étant pas toujours évidente à saisir. Enfin, l'interaction avec le décor reste un peu limitée malgré sa richesse visuelle.

+/- La soirée se poursuit et leurs récits commencent doucement à s'entremêler. Le scénario est en effet découpé en plusieurs histoires courtes, et entretient habilement le mystère en nous gardant en haleine tout en tissant petit à petit des liens entre chaque vécu. L'intrigue mélange d'ailleurs le fantastique et le funèbre pour aborder des problématiques fortes de l'époque mais malheureusement toujours très ancrées dans notre temporalité, comme l'homophobie, le racisme et la dépression. Cependant et à titre personnel, j'ai trouvé que la dernière scène était de trop : une fin plus ambiguë se concluant sur le plan final du train et de sa destination aurait suffit à dévoiler une part de la vérité tout en laissant aux joueurs un champ libre d'interprétation. Au lieu de ça, cet échange final, en essayant d'apporter quelques éléments de réponse, atténue paradoxalement l'impact de la révélation tout en brouillant encore plus les pistes, nous laissant perplexes sur le quai de la gare.


✖ Les discussions semblent s'étirer avec langueur et je remarque que les déplacements subissent le même rythme. Le jeu se veut certes contemplatif, mais cette lenteur pour se mouvoir est un peu trop accentuée ; on pourrait presque croire que, compte tenu de la courté du voyage, c'était un choix délibéré afin de ne pas arriver trop vite à destination.


Je descends finalement de ce wagon un peu déboussolée par ce que je viens de vivre, mais marquée par ces rencontres. Certes, ce n'était pas un voyage en première classe car cela manquait un peu de finesse, mais il s'avère suffisamment captivant et surprenant pour s'y attarder. Après tout, le billet est gratuit donc il ne tient qu'à vous de monter à bord et de découvrir jusqu'où ce train vous conduira.

Miyakuli
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le 22 oct. 2025

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Miyakuli

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