C'est juste hyper tendu oO

Ikaruga est un shoot them up qui se base sur une idée simple : notre vaisseau peut être de couleur noire ou blanche (rien d'autre) et on change de couleur juste en appuyant sur un bouton. Les tirs ennemis qui sont de la même couleur que notre vaisseau (noir ou blanc donc) ne nous font aucun dégât, au contraire ils remplissent une jauge qui permet ensuite de lancer de gros tirs téléguidés. Les ennemis de couleur opposés ont des tirs qui nous tuent immédiatement, mais nos propres tirs sont plus efficaces contre eux. Cette simplicité justifie l'absence de power-up, nos pouvoirs sont déjà assez puissants et il vaut mieux se concentrer sur le reste.

Si la moitié des tirs ennemis ne nous fait rien, on pourrait penser que c'est facile. Sauf que le jeu en profite pour nous mettre dans des situations invraisemblables de difficulté en nous envoyant à la figure beaucoup de boulettes colorées, nous forçant à jongler régulièrement entre les couleurs. Lorsqu'on y joue pour la première fois, on se trouve vite complètement dépassé et on finit par ne plus savoir si on doit changer de couleur ou pas. Puis on s'accroche, on finit par retenir les pattern et à trouver une stratégie pour survivre. Mais même en connaissant les niveaux par coeur, on se retrouve toujours à halluciner devant ce qui nous tombe dessus. Je pense en particulier au stage 4 et à sa double spirale infernale de tirs : au début on se demande ce qui nous tombe dessus. Ensuite on pense avoir assimilé ce qu'il faut faire, le tirs arrivent suffisamment lentement pour qu'on puisse gérer ça. Puis le jeu nous fait tourner autour de cette spirale qui se déforme sournoisement et on se retrouve pris entre des salves qui se rapprochent de plus en plus tandis que les vaisseaux adverses s'approche de nous par nos angles morts. On est piégé dans un espace vraiment serré en mouvement perpétuel avec une musique absolument épique, on comprend au dernier moment ce qui est en train de nous arriver et on lâche un "Oh la vache, c'est chaud !" qui témoigne efficacement de ce qu'on vit.

Vous l'aurez compris, ce jeu est exigeant. Vraiment. Les deux premiers stages se font facilement avec de l'entraînement, mais les suivants mettent nos nerfs à rude épreuve. Ce qui est cool, c'est que ce n'est pas un jeu qui repose sur un abus de boulettes colorées qui remplissent tout l'écran. On n'a pas trop de situations qui nous forcent à nous faufiler dans des espaces de 3 mm, le but sera surtout de gérer le changement de couleur. Le jeu nous propose aussi un mode avec vies et continues infinis pour nous entraîner, on peut ainsi éviter la frustration de rester bloqué éternellement au 3e stage. Le point noir, c'est qu'il n'y a que 5 niveaux et le dernier n'est pas long. Pour profiter de ce jeu, il faut être motivé pour se fixer l'objectif de dépenser toujours moins de vies. Ou alors être intéressé par l'aspect scoring du jeu.

Excellente transition mes amis, car cet aspect est une des très grandes forces d'Ikaruga, pour peu qu'on s'y intéresse (sinon, l'achat devient nettement moins recommandable car la partie ne durera pas longtemps). Le jeu offre un système de "chaînes" pour faire augmenter notre combo, le principe est le suivant : en éliminant un ennemi, on forme une grappe avec un point de la couleur de cet ennemi. Si on arrive à remplir cette grappe avec 3 points de la même couleur (donc tuer 3 ennemis blancs à la suite, ou 3 ennemis noirs à la suite), on forme une chaîne (un combo quoi) et la grappe se vide (plus de point de couleur dedans). On recommence avec 3 ennemis de même couleur, cela forme une nouvelle chaîne qui rapportera plus de points. C'est le principe du combo : plus la chaîne est haute et plus nos tueries rapporteront de points. Mais si on commence à remplir une grappe avec un point d'une couleur (mettons qu'on a détruit un vaisseau noir) et qu'on élimine ensuite un ennemi de couleur opposée, on casse notre chaîne et notre combo s'effondre : la chaîne re-vaut 0. Il faut donc veiller à toujours éliminer les ennemis par groupes de 3.

"3 blancs, 3 blancs, 3 noirs, 3 blancs, 1 blanc, 1bla... zut j'ai tiré sur le noir ! J'ai tout foiré mon combo, je vais avoir un score minable ! La prochaine fois j'y arriverai..." Voilà le genre de situation qu'on vit si on essaie de faire mieux que survivre au jeu. Les développeurs ont organisé les vagues ennemies pour que l'on puisse toujours trouver des groupes de 3 vaisseaux de même couleur, mais cela impose souvent de choisir l'ordre dans lequel on vise nos cibles. C'est complètement à contre-courant de nos réflexes habituels (JE TIRE DANS LE TAS !), il faut se montrer beaucoup plus mesuré et minutieux, quitte à laisser un adversaire nous canarder le temps qu'on finisse notre grappe (argh, ces tourelles du stage 4 !) ou à viser juste pour ne pas détruire les mauvais vaisseaux. Pour être honnête, il y a des moments où l'on a bien envie de laisser tomber cette contrainte et de juste mitrailler comme un bourrin tant notre survie peut s'avérer délicate. Mais si on essaie sérieusement de respecter cette règle des grappes, le jeu prend une dimension complètement nouvelle et gratifiante.

Ikaruga est un jeu court mais profond, aux situations incroyables et à la difficulté légendaire. Il ne se laisse approcher que par ceux qui sont prêts à s'investir et à s'entraîner dur, les autres se prendront un coup de pied au cul et risquent de trouver que l'enjeu n'en vaut pas la chandelle.