5 de note neutre, acheté dans le cadre du pack de précommande, fini en 5h15 en prenant mon temps.
L'Ordre des Géants est un contenu additionnel pour l'excellentissime Indiana Jones et le Cercle Ancien, que Machine Games, les créateurs des nouveaux Wolfenstein, ont publié chez Bethesda début décembre 2024.
Dans ce qui s'apparente malheureusement non pas à une véritable extension mais bien à une grosse quête isolée, qui met environ 4 à 5h à se terminer, notre archéologue chapeauté préféré ira se frotter à quelques Nephilim perdus dans les catacombes de Rome, ce qui lui donnera l'occasion au passage d'avoir maille à partir avec les étranges locataires des lieux.
Cette extension donnera une bonne dose supplétive à ceux qui, comme moi, ont adoré le jeu de base avec passion et qui seraient prêts à donner (beaucoup) pour poursuivre l'aventure encore un peu ; il ne sera probablement que peu pertinent de la conseiller aux autres. Elle a pour elle l'avantage d'offrir des puzzles encore trop simples mais un peu plus intéressants que ceux du jeu de base, conservant à l'identique le charme de ces portes cachées qui se découpent dans des coins de murs. Au début plutôt dépité d'apprendre que l'extension se déroulerait exclusivement à Rome, j'ai été surpris de constater que j'appréciais assez le rendu des nouveaux lieux qu'on parcourt, jusqu'au dernier niveau qui m'a beaucoup plu et qui laisse entrevoir une velléité, inaboutie, d'ouvrir le jeu à une forme d'horrifique. Comme dans tous les produits Indy, le plus surnaturel et improbable, le plus série B et pulp, réside dans la fin de l'aventure et il faudra apprécier. Mais l'ADN de la série est là.
On se fait un peu tondre avec cet ordre des géants – d'autant plus quand on a poussé la pigeonnerie à prendre à 35€ en décembre tout le contenu additionnel alors que les abonnés au pass ont le chapitre pour « seulement » 18 aujourd'hui – ; mais Indy le jeu le vaut bien.
Je n'aurais pas procédé à une critique de cette extension sur laquelle tout le monde aura à peu près le même avis j'imagine (bien, trop court donc trop onéreux, manque d'exotisme) si l'ambiance de la fin ne m'avait pas rappelé un morceau de littérature que j'affectionne tout particulièrement, l'ouverture de la « Loterie à Babylone » dans les Fictions de Borges. Je clos cette notice rapide sur cette petite citation qui, je l'espère, donnera envie à ceux qui ne la connaissent pas, les chanceux, de parcourir la suite. Si vous avez aimé l'ambiance de la grotte finale, allez-y.
Comme tous les hommes de Babylone, j'ai été proconsul ; comme eux tous esclave ; j'ai connu comme eux tous l'omnipotence, l'opprobre, les prisons. Regardez : à ma main droite il manque l'index. Regardez ; cette déchirure de mon manteau laisse voir sur mon estomac un tatouage vermeil ; c'est le deuxième symbole, Beth. Les nuits de pleine lune, cette lettre me donne le pouvoir sur les hommes dont la marque est Ghimel, mais elle me subordonne à ceux d'Aleph, qui les nuits sans lune doivent obéissance à ceux de Ghimel. Au crépuscule de l'aube, dans une cave, j'ai égorgé des taureaux sacrés devant une pierre noire. Toute une année de lune durant, j'ai été déclaré invisible : je criais et on ne me répondait pas, je volais le pain et je n'étais pas décapité. J'ai connu ce qu'ignorent les Grecs : l'incertitude. Dans une chambre de bronze, devant le mouchoir silencieux du strangulateur, l'espérance me fut fidèle ; dans le fleuve des délices, la panique. Pythagore, si l'on croit le récit émerveillé d'Héraclide du Pont, se souvenait d'avoir été Pyrrhus, Euphorbe, et avant Euphorbe encore quelque autre mortel ; pour me remémorer d'analogues vicissitudes je puis me dispenser d'avoir recours à la mort, et même à l'imposture.