Inside
8.1
Inside

Jeu de PlayDead, Arnt Jensen, Dino Patti et Jeppe Carlsen (2016Xbox One)

Dans un contexte d'asservissement mental et de dystopie tout dans la suggestion et directement oppressant, le moins que l'on puisse dire c'est que "Inside" nous rend l'expérience immédiate d'un point de vue immersion. Dépourvue d'introduction à proprement parler, la narration implicite du soft fait donc appel à l'observation du joueur car distillant ses clés de compréhension et ses thématiques à l'aide d'un sens de la mise en scène certain et au travers d'une imagerie perfectionniste et subtile dans l'exposition de ses détails scénaristiques. Un titre qui nous raconte et nous fait comprendre une histoire fascinante avec presque uniquement des arrières plans et des situations en somme. Et qui le fait naturellement. C'est à dire en ne forçant jamais le trait. (il y a bien des différenciations de couleurs pour les éléments du décors mais elles ne sont là que pour ceux interactifs, ou alors dans un pur esprit esthétique). Le dernier-né de Playdead parvient évidemment à garder sa part de mysticisme conférant une sensation obsédante et addictive chez le gamer.


Les situations sont diverses et variées et renouvellent l'expérience constamment grâce à des énigmes intelligentes, jouant parfois sur plusieurs tableaux une fois un certain stade de l'aventure passé, et grâce à des environnements toujours différents:


(forêt, complexe industriel, passages sous-marin, zones agricoles, centre de recherches et d'expérimentations.


... etc) à la personnalités fortes et très inspirés dans le level-design pour un "platformer 2d". D'ailleurs les différentes phases de plateformes sont assez ingénieuses dans leur faculté à bien jouer avec les éléments du décors.


Pour ce qui est plastique "Inside" fait fort puisque jamais un monde, que l'on devine post-apocalyptique, n'avait été aussi beau et élégant, tout en étant à la fois sombre et effrayant de part le ton résolument pessimiste qui règne dans cette fuite en avant. Avec une restreinte palette de couleurs et de teintes presque pastel, donc un peu moins dans le côté "monochrome" que son grand frère "Limbo", le noir et blanc, la gestion de l'ombre et des lumières sont un pur enchantement pour les yeux et l'ensemble rend très bien le contraste avec la profondeur de champs de ses plans. Les animations de la population rencontrée sont aussi bluffantes, le tout bien servi par un moteur physique tout à fait réaliste. Les oreilles ne sont pas en restes non plus puisque l'atmosphère lourde et pesante, voire souvent sourde, qui transpire dans cette aventure est remarquablement favorisée par une bande-sonore qui s'appuie presque uniquement sur de nombreux bruitages et autres sons environnants, juste coupée quelque fois par de sobres mais belles mélodies lors des "interludes" qui jalonnent notre avancée. Il émane définitivement quelque chose de puissant et de subjuguant dans ce jeu à ambiance.


Le gameplay verse quant à lui dans le simple sans jamais tombé dans le simpliste, avec donc une intuitivité de tous les instants, et une réactivité sans faille dans sa prise en main, ce qui représentait un assez gros défi. On regrettera cependant une fin qui arrive un peu trop vite, ainsi que des énigmes un peu faciles au niveau logique et timing, mais cela offre en contrepartie une progression assez fluide franchement plaisante, ainsi qu'un rythme soutenu. Même si je n'aurais pas non plus crasher sur quelques à-côtés supplémentaires histoire d'étoffer davantage le contenu. On ne se fait tout de même pas prier pour recommencer une seconde fois le jeu dans la foulée pour la désactivation des orbes cachées (et l'obtention des succès) tellement l'aventure est aboutie qualitativement parlant et pour pouvoir déceler et relever un maximum d'indices pour la compréhension de l'histoire. Sinon j'interprète le toute fin du jeu


(le fait que l'on meurt exactement au même endroit que la maquette du flan de montagne que l'on a pu apercevoir dans la vitrine) comme étant évidemment une fin préméditée, mais qui s'emploie à la métaphore pour souligner le fait que nous ne somme jamais vraiment libres des organisations totalitaires et capitalistes, même si on est bel et bien dans la nature.


"Inside" est décidemment un exemple un suivre. Une sorte de sublime et macabre aquarelle sensorielle, visuelle, contemplative et interprétative. Une perle indépendante qui peut freiner un peu l'envie d'achat du fait de son tarif un peu élevé mais qui mérite largement que l'on s'y attarde dessus vu comment le studio a réussi à transcender et peaufiner un concept "Limbo" qui se présentait déjà comme une référence du genre. Une date vidéoludique importante de 2016 qui laissera pas mal de concurrents sur le carreau pendant très longtemps. Mais peut-on vraiment parlé de concurrence tellement ces titres de Playdead sont singuliers ?

MrShepard
9
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Créée

le 31 juil. 2016

Critique lue 432 fois

2 j'aime

MrShepard

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