"iRacing" : Une simulation ternie par ses failles et ses joueurs

iRacing, développé par iRacing.com Motorsport Simulations depuis 2008, se présente comme le sommet de la simulation automobile, un titre conçu pour les puristes et les compétiteurs acharnés qui voient la course comme un art autant qu’un sport. Pourtant, derrière son ambition de réalisme et son aura de sérieux, ce jeu est souvent terni par ses propres utilisateurs. Entre comportements antisportifs et "farmers" obsédés par l’iRating, iRacing oscille entre génie technique et frustration sociale. Voici une analyse sans concession de ce titre aussi fascinant qu’exaspérant.


1. Un réalisme en trompe-l’œil

À première vue, iRacing impressionne. La physique des voitures, nourrie de données réelles, offre une réactivité séduisante, et les circuits, scannés au laser, capturent chaque bosse de pistes comme Laguna Seca ou Spa-Francorchamps. Mais ce vernis de réalisme se craquelle vite.

La physique des pneus, malgré ses ambitions (usure, température, pression), n'encourage pas la finesse dans le pilotage ce qui fait qu'au final, un pilotage agressif pour les pneus n'aura aucune incidence négative sur la performance.

Le système de départ lancé est tout aussi problématique : là où Le Mans Ultimate (LMU) sanctionne les départs anticipés, iRacing les tolère, laissant des pilotes prendre un rythme de course pendant le tour de formation ce qui brise l’équité entre les joueurs.

Si la pluie a été très longuement attendue et si les efforts des équipes de développement sont à noter, force est de constater que le travail n'est pas terminé. La conduite sur piste humide est une catastrophe. Quand la pluie s’invite, l’adhérence devient parfois inexistante, transformant les voitures en savonnettes ingérables. La visibilité dans le spray est si désastreuse qu’en conditions réelles, une course dans de telles conditions serait stoppée net – ici, on roule à l’aveugle dans un brouillard absurde. L’assèchement de la piste, en cas d’éclaircie, traîne en longueur de manière irréaliste, prolongeant des conditions infernales bien au-delà du plausible. Pire encore, visuellement, distinguer les zones humides des zones sèches relève du casse-tête : les différences sont si subtiles qu’on devine plus qu’on ne voit, un défaut impardonnable pour une simulation qui se targue de précision.


2. Une communauté qui sabote l’expérience

iRacing promet une immersion totale : courses officielles à heures fixes, ligues privées sur mesure, compatibilité exemplaire avec volants, pédaliers et casques VR. Avec le bon setup, on s’y croirait, porté par des sons de moteurs et de pneus corrects, bien qu’améliorables. Mais cette illusion s’effondre face à une communauté gangrenée par l’antisportivité. Trop de pilotes, même dans les lobbies avancés, se comportent comme des kamikazes : contacts volontaires, blocages agressifs, abandons rageurs – le Safety Rating, censé les freiner, reste une coquille vide.

Ajoutez les "farmers", ces joueurs qui répètent obsessionnellement les mêmes courses faciles (souvent des ovales) pour gonfler leur iRating sans progresser. Résultat : des lobbies déséquilibrés, où des pilotes surcotés sèment le chaos, ruinant l’expérience de ceux qui cherchent une vraie compétition. La communauté, qui devrait être une force, devient un boulet.

Je n'évoque même pas ici le caractère totalement irréaliste des courses endurance dans lesquelles des pilotes sans expérience (et sans compétence) prennent le départ au volant des prototypes les plus puissants en ayant un comportement en piste des moins appréciables.


3. Le prix d’une ambition mal maîtrisée

Cette expérience a un coût exorbitant au regard des défauts de la simulation. iRacing n'est pas un jeu que l'on achète mais un service de jeu auquel on s'abonne... Dans l'idée, pourquoi pas et il faut reconnaître que les serveurs du jeu sont rarement pris en défaut.

L’abonnement mensuel est déjà un obstacle, mais le modèle économique – voitures et circuits à 15 € pièce – faire grimper la note à plus de 500 € pour un contenu complet. Cette exigence financière renforce l’image d’un titre élitiste, réservé à une niche prête à payer cher pour un rêve souvent gâché par le comportement d'un nombre trop important de joueurs antisportifs et par des failles techniques connues d'iRacing et qui ne sont pas corrigées.

La courbe d’apprentissage, abrupte et sans assistances significatives, punit les erreurs avec une rigueur impitoyable et c'est cette difficulté qui est attendue mais voir sa course ruinée par un départ chaotique ou par le comportement d'un rival incapable d'accepter d'être dépassé ne justifie pas un tel investissement financier.

Si cet investissement pouvait être considéré quand iRacing était la seule simulation sur le marché, elle n'est plus seule aujourd'hui.


Conclusion : Un idéal gâché par ses défauts

iRacing veut être un hymne à la course automobile, un espace où la technique et la compétition s’entrelacent pour offrir l’extase aux passionnés. Mais ce rêve s’effrite sous le poids de ses lacunes : une physique des pneus décevante, des départs lancés laxistes, une gestion des pistes humides aberrante – adhérence nulle, visibilité catastrophique, assèchement léthargique, repérage visuel hasardeux – et une communauté rongée par l’antisportivité et les farmers. Pour les acharnés prêts à tout lui pardonner, il offre des bribes de magie. Mais pour beaucoup, iRacing est une promesse trahie, un titre qui coûte cher et exige beaucoup, sans jamais atteindre la perfection qu’il proclame. Fascinant, oui ; frustrant, encore plus.

EGIA
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le 11 mars 2025

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Emmanuel Grokia

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C'est ici que ça se passe.

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