Journey, histoire d'un voyage extraordinaire

Je me rappelle de cette réunion où BiLLOU95 nous expliquait d'un ton plein d'assurance : Bon les gars ! On va créer une nouvelle rubrique pour concurrencer Console-toi et son « Cosplay Sexy » ! On appellera ça « mon Petit Rainbow Poney du jeudi ». Je vous le dit ça va cartonner ! Heureusement pour nous, c'est le moment qu'a choisi Shyn pour nous sortir sa blague sur Pâques et Rayman en explosant la porte de la salle de réunion. Le temps que notre redac'chef passe ses nerfs sur le pauvre Shyn, mes yeux se portaient sur Jibece. Il poussait de petits cris depuis tout à l'heure et se jetait sur toutes les feuilles de papier de la rédaction en faisant des bonds tel un chaton, je ne comprenais rien.. je le savais fou, mais quand même. Je découvris alors avec stupeur qu'il m'avait piqué mon exemplaire de Jouney, j'avais trouvé le coupable, mon test allait encore être en retard, mais pour une fois ça ne serait pas de ma faute.

Bon, la Playtstation 3 et mon jeu récupérés, j'ai pu m'isoler pour un petit voyage de deux heures, car oui le nouveau jeu de ThatGameCompany ne vous occupera que deux petites heures. Alors, si je vous annonce ça dès le début c'est parce que c'est loin d'être un défaut, juste une alerte. Le jeu peut paraitre court comme ça, mais en fait comme tout le reste, cette durée de vie est parfaitement maîtrisée. Ni trop long, ni trop court, il dure exactement le temps qu'il faut. Bon maintenant que j'ai clarifié ce point qui aurait pu vous sembler négatif, faisons le tour du propriétaire.

Lorsque l'on commence une partie de Journey, le jeu ne vous donne aucune information, votre personnage apparait à l'écran sans aucune autre indication que les quelques contrôles disponibles. La caméra peut se gérer à l'aide du stick droit ou du Sixasis, les mouvements se font à l'aide du stick gauche, on saute avec la touche X et O vous servira à pousser un cri sur lequel je reviendrais plus tard. Bref notre petit bonhomme (ou bonne femme, on n'en sait rien en fait) est là, planté dans le désert. Une gigantesque montagne se profile à l'horizon, de part et d'autre du sable et encore du sable.
On remarque deux piliers plantés dans le sable et on décide alors de s'en approcher. C'était le bon choix puisque l'écran de titre apparait lorsque l'on arrive au sommet de la dune avec cet effet de caméra plongeante nous montrant ce qui se trouve en contre-bas. Tout est comme ça dans Journey, aucune indication ne vous sera jamais donnée, ni le lieu ni la direction ne vous seront indiqués pourtant on ne sera jamais perdu. Y'a pas à dire, les gars de Santa Monica ont bien fait leur boulot, on nous dirige, nous dicte notre chemin, presque.. notre destin sans que jamais l'on se sente guidé par le jeu.

Mais rassurez-vous, si Journey est là pour nous conter une histoire, il n'en reste pas moins un jeu dans lequel on contrôle véritablement le personnage. pour ce faire en plus des déplacements classiques à l'aide du stick, on pourra si la barre d'énergie matérialisée par la taille de l'écharpe que l'on porte autour du cou le permet, sauter et presque planer dans le désert pour atteindre des plateformes normalement inaccessibles, mais aussi pousser un cri ou plutôt une petite note avec une pression de la touche O. Ce cri servira à trois choses distinctes.

Sa fonction principale est, lorsque l'on charge le cri, de permettre d'attirer des bouts de tissu qui flottent un peu partout dans les niveaux, permettant ainsi à la fois de recharger l'énergie de l'écharpe mais aussi de se propulser grâce à ces derniers dans les airs. Ensuite il servira de bouton d'action, certains éléments étant interactifs lorsque nous sommes en leur présence. Il suffira de pousser un cri à côté de ces derniers pour en déclencher le mécanisme. La troisième possibilité de gameplay et non des moindres est que le cri est la seule et unique manière de communiquer avec les autres joueurs que vous croiserez pendant votre voyage.

Parce qu'il est atypique, Journey est à la fois un jeu multijoueurs et solo. Solo car, le voyage est le vôtre, vous décidez d'aller où vous le désirez, d'explorer comme bon vous semble les niveaux sans aucune contrainte. Mais il est multijoueurs car, au coin d'une ruine, il ne sera pas rare de croiser un compagnon de voyage, incarné par un autre joueur réalisant lui aussi son propre voyage initiatique. Encore une fois, aucune indication à l'écran, vous ne savez pas qui il est et il ne sait pas qui vous êtes non plus, pas de dialogues non plus, seul ce petit cri vous permettra « d'échanger », tout le reste se faisant via vos actes. Partant de ce postulat, le jeu prend alors une toute autre dimension, on essaie de comprendre l'autre, on s'accompagne, on va même s'entraider voir s'attacher. Quand j'ai perdu de vue pour la première fois mon compagnon de fortune, j'ai paniqué, je ne le voyais plus, j'étais de nouveau seul, j'étais presque submergé de tristesse.

Comme beaucoup d'autres sentiments, Journey m'a fait ressentir coup sur coup de l'inquiétude, de la tristesse, mais aussi de la joie, voire de l'euphorie lorsque mon voyage touchait à sa fin. Il raconte une histoire mais loin de nous être imposée, elle nous est suggérée. Vous l'aurez compris, pas de narration non plus, en fait l'histoire s'impose d'elle-même, mais laisse toujours une place pour l'interprétation, ce qui facilitera encore plus l'attachement émotionnel pendant notre voyage.
Cette quête, ce voyage est découpé en niveaux, relativement courts, mais jamais répétitifs. Chacun d'entre eux présentera une ambiance unique. Que ce soit par son level design ou par les couleurs retenues pour illustrer ces dernières, jamais on aura l'impression de déjà-vu. Encore un tour de force de la part de développeur. Surtout que même si il reste un petit jeu, Journey est simple et magnifique à la fois. Le sable, le ciel, des ruines, chaque découverte devient un émerveillement, chaque fois que l'on gravira une dune, on sera pressé d'arriver à son sommet pour y découvrir un paysage et une vue plus sublime encore que la précédente.

Conclusion
ThatGameCompany nous prouvent qu'ils sont capables de créer un jeu vidéo de qualité et non pas une simple expérience comme avait pu l'être Flower avec un produit à la fois original et magnifique. Journey fait partie de ces rares jeux qui se suffisent à eux-même, narrant une histoire sans forcer le joueur à y adhérer, le laissant libre de l'interprétation qu'il souhaite y voir. Sublime, magnifique, magique, rarement un jeu si court n'avais su susciter autant de superlatifs de ma part, heureux de l'avoir fini, je n'ai plus qu'une idée en tête, me refaire un voyage pour éventuellement vous croiser au détour d'une dune lors de mon périple.
Delva
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le 2 juil. 2012

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