Don't Nod s'émancipe de ses habituelles aventures narratives très orales, avec les Life is Strange et consorts, pour nous raconter une histoire toute en texte et en contexte. Une narration style "immersive-sim" dont les autres Frenchies d'Arkane sont les rois, mais moins exacerbée ici car déployée sur une durée plus courte. Le tout est enrobé dans un gameplay original, puisqu'il consiste quasi exclusivement à grimper, toujours grimper, plus haut, toujours plus haut. Les deux gâchettes vont chauffer, ce qui pourra rappeler à certains l'excellent, mais particulier, Death Stranding.


Don't Nod est un studio français, et ça se voit. Le style visuel a quelque chose de la BD franco-belge (c'est très beau) et l'inspiration puisée dans le verbe d'Alain Damasio et son chef d'oeuvre La Horde du Contrevent est très claire. Trop claire ? Peut-être, puisqu'on a parfois l'impression d'y lire Damasio qui se caricature lui-même, comme il le fait d'ailleurs déjà un peu dans son dernier ouvrage, Les Furtifs.


Au-delà du style, c'est aussi la thématique qui rappelle beaucoup Damasio. Nous n'avançons pas vers un Amont mythique, à l'horizontale, mais vers le Haut d'une gigantesque Tour, à la verticale, sommet que personne ne semble avoir visité depuis des lustres. Pas de vent ici en bise.. pardon.. en guise d'adversaire, mais cette bonne vielle gravité qui se rappellera à votre souvenir à intervalles réguliers. Bon, même si vous ne pouvez pas vraiment mourir, dans Jusant. L'expérience se veut plus relaxante qu'exigeante, et cela sert tout à fait son propos.


Son propos, justement. Alain Damasio est un homme engagé, Jusant l'est également. Le jeu porte en lui un message fort autour du changement climatique et de l'épuisement des ressources. Je n'en dis pas plus, car loin de moi l'envie de spoiler, mais pour le coup, le tout est amené avec subtilité. Cela fonctionne particulièrement bien tout au long de l'aventure.


Jusant est d'ailleurs une aventure courte. Et c'est pour le mieux car son gameplay, souvent imprécis, aurait pu se mettre au travers d'une très belle atmosphère. Dans ce format de 4h environ, cela fonctionne, et on y lit la difficulté que représente l'escalade de cette tour. Sur 10h, personnellement, je pense que je me serais lassé de l'exercice.


Jusant n'est donc pas un jeu pour tout le monde. Son gameplay pourra en rebuter plus d'un de par son coté rébarbatif et ses imprécisions. Mais pour ceux qui sauront rester accrochés à la paroi, il y a une expérience courte mais très belle à découvrir, avec de beaux moments de poésie. Et puis, les clins d'oeil aux écrivains français de la trempe d'Alain Damasio sont rares dans le JV, alors autant ne pas bouder son plaisir. Ledit Damasio était après tout à l'origine de la création de Don't Nod en 2008, alors... la boucle est bouclée.

Archie-Beaufils
7
Écrit par

Créée

le 27 nov. 2023

Critique lue 79 fois

4 j'aime

Archie Beaufils

Écrit par

Critique lue 79 fois

4

D'autres avis sur Jusant

Jusant
Archie-Beaufils
7

Damasio, à la verticale

Don't Nod s'émancipe de ses habituelles aventures narratives très orales, avec les Life is Strange et consorts, pour nous raconter une histoire toute en texte et en contexte. Une narration style...

le 27 nov. 2023

4 j'aime

Jusant
West-Coast-dArmor
5

Juste chiant.

Je doit surement n'être qu'une espèce de misomuse sans vergogne, incapable d'apprécier la proposition artistique, à n'en pas douter ! Je n'aime déjà pas les simulateurs de marche (ou "walking...

le 15 nov. 2023

3 j'aime

Jusant
Frakkazak
5

Dernier de cordée

On ne va pas y aller par quatre chemins, ce que Jusant pouvait avoir d’accrocheur dans son annonce, il le perd dès les premiers instants passés en jeu. Car on nous vendait à l’escalade ce qu’est...

le 22 nov. 2023

3 j'aime

Du même critique

Camp
Archie-Beaufils
8

Childish Gambino : le don d'ubiquité.

Cet homme est partout. Sans peut-être même le savoir, il y a de bonnes chances que vous ayez déjà posé l'oeil ou l'oreille sur lui. Donald Glover a.k.a. Childish Gambino. Acteur sur le petit et le...

le 19 nov. 2016

5 j'aime

Late Night with the Devil
Archie-Beaufils
1

Peut-on séparer l'IA de l'artiste ?

Je n'ai pas pour habitude de déconseiller de voir un film... que je n'ai pas vu. D'autant que la censure n’est pas franchement ma tasse de thé, en plus d'être une méthode à l'efficacité tout à fait...

il y a 4 jours

4 j'aime

3

Jusant
Archie-Beaufils
7

Damasio, à la verticale

Don't Nod s'émancipe de ses habituelles aventures narratives très orales, avec les Life is Strange et consorts, pour nous raconter une histoire toute en texte et en contexte. Une narration style...

le 27 nov. 2023

4 j'aime