La série Killzone, c'est, depuis deux générations de consoles, l'un des porte étendards technologiques de Sony. Catalogué à la sortie du premier épisode comme "le Halo de la Playstation" sans jamais avoir la même aura que la licence à succès de Microsoft, elle a toujours un peu peiné à conquérir un large public.

Quatrième épisode canonique, et premier gros jeu à débarquer sur Playstation 4, Shadowfall a la lourde tâche de faire valoir les capacités de cette toute nouvelle machine, tout en essayant de sortir enfin de l'ombre des plus gros blockbusters du genre surmédiatisé qu'est le FPS.

Le scénario de Shadowfall nous fait incarner Lucas Kellan, un soldat vektan au cœur du conflit armé opposant son peuple aux Helgast, qui ne parviennent plus à cohabiter ensemble sur Vecta. FPS oblige, le principe de base reste encore de zigouiller tout ce qui bouge, en vue subjective, mais quelques subtilités viennent enrichir le jeu. Equipé de deux armes en permanence (dont la plupart disposent de deux modes de tir), avec l'une pouvant être échangée à sa guise, on nous gratifie de quelques petites nouveautés: l'écho tactique permet de scanner son environnement pour signaler la position des ennemis à proximité. Si on l'utilise trop longtemps, on se fait inévitablement repérer. La nouvelle manette de la PS4 affiche un éclairage néon dont la couleur (bleue par défaut) change en fonction de notre état de santé. Le fameux pavé tactile de la Dual Shock 4 sert ici à contrôler les mouvements du OWL, un drône d'attaque qui nous assiste sur le terrain. Il dispose de 4 fonctions: attaque, bouclier, étourdissement et tyrolienne. La tyrolienne est malheureusement une fausse bonne idée, à cause de son utilisation trop balisée: on ne peut en effet la lancer qu'à des emplacements très précis indiqués par une flèche blanche.

La diversité des décors, faiblesse récurrent des Killzone est enfin corrigée: ils sont beaucoup plus variés. Malheureusement, les armures de ennemis helgasts et leur similarité avec certains environnement métallisé font qu'ils se fondent souvent très (trop) bien dans le décor. Un plus pour le challenge que ça apporte, mais un détail très énervant aussi, car on meurt souvent bêtement, sans comprendre d'où est venu le tir qui nous as tué.

Petit détail bien fun, quand on ramasse un journal audio dans le jeu, il est audible directement dans le haut parleur de la manette, pas vraiment utile mais sacrément immersif.

Shadowfall est techniquement très beau, en revanche le design des personnages est toujours aussi quelconque... la modélisation de certains visages m'a même bien fait rigoler, tant ils sont en décalage avec le soin apporté au reste. De vrais efforts ont été fait pour différencier Killzone (il était temps !) des FPS militaires les plus courants: les missions sont longues, variées (l'évasion de prison), on a gagné en impression de liberté par rapport aux anciens Killzone et les game designer ont eu le bon goût de ne pas laisser excessivement d'indications sur la route à suivre. Ainsi, on a vite fait de se perdre si l'on a pas le réflexe de consulter ses objectifs de mission régulièrement. De petits bugs viennent ternir le tableau: des armes abandonnées qui flottent dans l'air, les ralentissements durant les passages sous la pluie. Par ailleurs, notre héros a beau parler un peu plus que celui de Call of Duty Ghosts par exemple, il a exactement le même charisme d'huître.

La mise en scène, sans être originale et aussi intense que celle des vedettes Call of Duty et Battlefield, impressionne parfois énormément comme cette séquence où l'on doit contrôler son personnage en pleine chute dans le vide.

L'intelligence artificielle a parfois de quoi pousser au meurtre: à l'inverse de habituelles reproches sur la bêtise des ennemis, ici on dirait qu'il suffit de glisser un doigt de pied dans les 50 m qui nous séparent d'eux pour qu'on soit repérés, même planqué derrière 10 rangées de tanks. Plus difficile certes, mais à s'arracher les cheveux quand on se retrouve forcé de plonger au milieu du feu ennemi pour avoir une chance de comprendre où il faut aller. D'autres petits bugs, comme les balles ennemies qui nous touchent à travers les murs alors qu'on peine à les shooter entre deux interstices viennent gâcher le tableau. La résistance des helgasts est d'ailleurs parfois excessive: on croirait devoir vider la moitié de son chargeur pour qu'ils daignent mourir.

Enfin, il faut s'habituer à la maniabilité, viser avec le stick analogique est souvent imprécis sachant qu'on n'a pas trop le temps de s'y faire face aux vagues d'ennemis qui vous canardent non stop. On regrettera aussi la lourdeur de notre personnage, c'est simple, on peine à différencier la vitesse de nos mouvements en marchant et au pas de course. A croire que notre héros est obèse...

Est-ce que Killzone Shadowfall justifie à lui tout seul l'acquisition d'une Playstation 4 ? Absolument pas. Est-ce pour autant un mauvais jeu ? N'exagérons rien, il exploite très bien les nouvelles fonctionnalités apportées par la manette et a l'audace de sortir des schémas récurrents des FPS militaires.

Créée

le 19 mars 2014

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